Alors qu’un sondage de 2021 indiquait que la part des Français croyant en Dieu, toutes religions confondues, était tombé sous la barre des 50 %, des chiffres récents semblent indiquer un certain intérêt croissant pour le christianisme dans une période post-confinements. Un phénomène qui concerne même les jeunes.
49 % de croyants, c’était le résultat du sondage IFOP pour l’Association Professionnelle des Journalistes d’Information sur les Religions, publié en septembre 2021, une chute de 6 points par rapport à 2004. Dès lors, en demandant à l’institut Harris Interactive de mener un sondage pour identifier les chrétiens et leurs attentes, le Comité français de radio-télévision (CFRT) qui produit l’émission Le Jour du Seigneur ne s’attendait pas à être surpris par les résultats.
Selon un sondage paru le 30 mars, 46 % des Français se disent proches de la religion chrétienne ou estiment qu’elle est d’une "forte utilité" pour eux. Un chiffre qui a étonné "plutôt positivement" Benoît Cassaigne, président du CFRT qui souligne toutefois que "Le Jour du Seigneur était premier en part d’audience le dimanche matin à 11 heures" pendant le confinement.
Cependant, les détails montrent que 48 % de ces 46 % sont "éloignés", c’est-à-dire qu’ils ont reçu une culture et une éducation chrétienne, mais ne pratiquent pas. Le sondage révèle également que 18 % n’ont pas de réelle éducation chrétienne, mais sont "curieux" concernant les sujets religieux, et que 44 % de cette part ont entre 18 et 34 ans. L’enquête a été conduite auprès 2 807 personnes, dont une majorité de plus de 50 ans.
Un doublement du nombre de baptêmes en deux décennies
Cet intérêt des jeunes pour la religion explique en grande partie le nombre de baptêmes d’adultes dans l’Église catholique en France à l’occasion de Pâques. Pour la première fois, le nombre de baptêmes est passé au-dessus des 5 000 avec pas moins de 5 463 adultes qui ont reçu le sacrement – ils étaient 4 278 l’an dernier.
Le chiffre ne cesse de monter année après année au point de doubler en vingt ans. En creux, il révèle un fort recul du nombre de présentation d’enfants à l’Église, comme le souligne Pauline Dawance, directrice du service national de la catéchèse et du catéchuménat de l’épiscopat, dans Le Figaro :
"Ce phénomène français dénote une forte dynamique spirituelle et évangélique. Elle est unique en Europe, car aucune Église du Vieux Continent ne baptise autant d’adultes, ce qui s’explique aussi par la forte déchristianisation dans notre pays."
Les catégories d’âges des catéchumènes vont dans le sens de celui de l’intérêt des jeunes pour le religieux qu’indique le sondage de Harris pour le CFRT. Alors que les 18-25 ans ne représentaient que le quart des baptisés il y a encore trois ans, ils constituent un tiers d’entre eux cette année. Et toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernées, avec notamment 37 % d'ouvriers, techniciens ou employés ou encore plus de 20 % de cadres, enseignants ou libéraux.
Les femmes représentent 63 %. En revanche, le nombre de personnes d’origine musulmane qui ont suivi le catéchuménat a diminué à 3 % alors qu’ils étaient entre 4 % et 7 % les années précédentes. À l’heure du zapping et du relativisme, l’intérêt est d’autant plus manifeste que le catéchuménat est une formation exigeante d’au moins 18 mois qui peut être bien plus longue pour certaines personnes.
Si les deux tiers viennent de milieux de culture chrétienne, "un quart d’heures eux ont strictement aucune connaissance du christianisme", explique Pauline Dawance qui ajoute que nombre de parents sont évangélisés par leurs enfants. D’autres se sont convertis après des épreuves ou "quête spirituelle passée par un lieu de pèlerinage" suivi de recherches sur les réseaux sociaux.
Baptisée l’an dernier à 26 ans, Agathe, avait été travaillée par "des questions existentielles sur le sens de notre passage sur Terre", après le décès de sa grand-mère qui lui avait offert sa première Bible. Elle dit s’être sentie "happée" par la présence de Dieu à plusieurs reprises.
Jean Sarpédon