Un Français sur six ne mange pas à sa faim aujourd'hui. Dans ce contexte tendu, les épiceries solidaires du réseau Andès se posent comme une solution d'aide alimentaire essentielle. Pour mieux comprendre et valoriser ce modèle indispensable dans la lutte contre la précarité, l'association publie son Observatoire des Épiceries Solidaires 2025.
Selon une étude du Crédoc publiée en octobre 2024, la précarité alimentaire a atteint des niveaux jamais vus ces dernières années : un Français sur six ne mange pas à sa faim. Entre juillet et septembre 2022, la proportion de personnes concernées est passée de 12 % à 16 %, un bond historique qui illustre l’aggravation des difficultés d’accès à une alimentation suffisante et équilibrée. Ce recul s’inscrit dans un contexte marqué par des crises économiques, climatiques et sociales qui se multiplient et affectent profondément le quotidien de nombreux foyers.
Les épiceries solidaires : un rôle central dans la lutte contre l'insécurité alimentaire
Face à cette réalité alarmante, le réseau Andès, qui regroupe près de 620 épiceries solidaires à travers la France, joue un rôle central dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. Ces structures d’aide offrent aux bénéficiaires la possibilité de choisir et de payer leurs produits, préservant ainsi leur dignité. La démarche des épiceries solidaires permet aux personnes en difficulté d’accéder à une alimentation de qualité, tout en gardant la maîtrise de leur budget grâce à un taux de participation financière de 20 % en moyenne.
Pour mieux comprendre ce modèle, Andès a publié mi-janvier son Observatoire des Épiceries Solidaires 2025, fruit d’une enquête menée auprès de 285 structures adhérentes. Il dresse un état des lieux détaillé de l’évolution de ces initiatives. Le document met en avant la forte croissance du réseau, passé de 380 épiceries en 2019 à 619 en 2024. Malgré une baisse des dons alimentaires et la montée de l’inflation, les épiceries continuent de proposer une offre diversifiée, avec près de 30 % de fruits et légumes frais et 28 % de produits essentiels tels que les protéines et les produits laitiers.
Les jeunes particulièrement touchés
Le document dresse également le portrait des personnes bénéficiaires de ce dispositif d'aide. Il montre que les jeunes sont particulièrement touchés par la précarité alimentaire puisque près de 50% des personnes ayant recours aux épiceries du réseau ont moins de 25 ans. Aussi, 37% sont en emploi, en études ou en formation avec plus de 75% de ces bénéficiaires salariés qui occupent des contrats précaires.
Ce modèle solidaire n’est pas à l’abri des tensions économiques et logistiques. La dépendance accrue aux achats, en raison d’une chute de 29 % des dons collectés auprès de la grande distribution, ainsi que les difficultés de recrutement de bénévoles et de salariés, témoignent des défis persistants pour ces structures. Alors que la précarité alimentaire est en forte hausse, l’Observatoire souligne l’importance des subventions publiques – qui représentent en moyenne 69 % du budget – et des initiatives locales pour garantir la pérennité d’un modèle d’aide alimentaire essentiel dans la lutte contre l’exclusion sociale.
Camille Westphal Perrier