Dans une chronique provocante publiée dans le NY-Mag, Andrew Sullivan décrivait récemment les conséquences de l’utilisation de smartphones hyper-connectés sur nos vies. Le président de la Commission pour l’Ethique et la Liberté Religieuse de la Convention baptiste a proposé une réponse à cette chronique. Le Washington Post s’en est fait l’écho.
Dans son essai intitulé, « J’étais un humain. Le bombardement sans fin de nouvelles, de potins et d’images nous ont rendus dépendants de l’information. Cela m’a cassé et pourrait bien vous briser aussi », Andrew Sullivan décrit de quelle manière les smartphones nous ont déconnectés de nos sens, de notre humanité et de notre relation aux autres.
Intrigué par cette chronique, Russell Moore, le président de la Commission pour l’Ethique et la Liberté Religieuse (ERLC) de la Convention baptiste américaine, a déclaré qu’il « souhaiterait voir l’église devenir un havre de paix dans un monde numérique épuisé ». Le Washington Post lui a ouvert une tribune afin de proposer une réponse à la chronique de Sullivan. Nous vous proposons d’en découvrir ici une synthèse.
En premier lieu, Russel Moore pense que l’Eglise a besoin de comprendre quelle est la plus grande menace pour la foi. Selon lui, ce n’est pas l’hédonisme mais la distraction. Il est convaincu que l’Eglise serait en mesure d’attirer une génération numérique éreintée, si elle prenait conscience de cette réalité.
«Les dirigeants chrétiens semblent penser qu’ils ont besoin de plus de distraction pour contrer la distraction. Leurs services ont dégénéré en un spasme émotionnel, leurs cultes sont noyés dans la lumière et le bruit, alors que l’obscurité et le silence pourrait attirer ceux dont les esprits et les âmes sont las du web et de l’hyper-connexion. »
Pour Russel, la révolution numérique révèle un problème spirituel plus ancien
Pour Russel, la révolution numérique révèle un problème spirituel qui secoue nos églises depuis longtemps, l’idée que l’identité se trouve dans une activité frénétique. Dans la plupart des cas, l’église considérée comme «vivante» est celle proposant des ministères dynamiques, une corne d’abondance d’activités, et un culte chorégraphié dénué de silence. L’église justifie son existence, de cette manière, par l’agitation de son activité qui devient alors l’évidence de son réveil.
Et c’est peut-être pour cette raison que les jeunes pasteurs des mouvements les plus dynamiques du christianisme évangélique tombent en morceaux à la quarantaine. Nous avons appris à trouver notre identité dans notre vitesse. Et ce n’est pas seulement physiquement dangereux, mais spirituellement dévastateur.
Ce danger existe pour le monde entier, religieux ou non.
Ce danger existe aujourd’hui non seulement pour les dirigeants chrétiens, mais pour le monde entier, religieux ou non. Nous ne nous contentons plus de manger, nous publions les photos de nos repas sur Instagram. Lorsque nous prenons soin de nos enfants, nous sommes également préoccupés par ce que nous allons partager sur les réseaux sociaux. Nous ne faisons plus face aux grincheux qu’au supermarché, mais aussi en ligne, sous le feu de critiques anonymes. Nous donnons constamment de nos nouvelles sur les réseaux sociaux et en toutes circonstances.
Notre identité est en Christ
Les églises ne peuvent se défaire de la technologie, ou des mouvements culturels, mais elles peuvent cependant s’en distinguer et voir l’être humain comme une créature et non comme une machine. Les églises peuvent rappeler que notre identité est en Christ, et que Jésus ne se soucie guère de notre nombre de « followers » !
Dans notre monde hyper-connecté, le silence et l’inactivité paraissent suspects. Ces moments nous désorientent. Privé de connexion dans un vol d’avion, nous sommes comme désoeuvrés, ne sachant comment nous occuper et redoutant de passer à côté de quelque chose d’important.
Les églises peuvent aujourd’hui prendre en compte ce que nos écrans disent de nous, et proposer le repos en Jésus à tous les épuisés du monde numérique.
Russell conclut par un verset qu’il considère être la réponse à tous ceux qui sont las du web.
«Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.»
Matthieu 11 : 28
La rédaction
Source : Washington Post