Aujourd’hui, 6 janvier, c’est le Noël arménien. Mais pourquoi donc les Arméniens (et quelques églises ailleurs dans le monde) célèbrent Noël le 6 janvier ? Quelques éclairages historiques pour mieux comprendre...
Jusqu’au IVème siècle, toutes les églises chrétiennes fêtaient simultanément la naissance du Christ et la venue des mages le 6 janvier.
Mais la fête païenne du soleil, positionnée le 25 décembre, faisait un peu tâche dans le tableau de l’Empire Romain fraîchement acquis à la chrétienté, et l’Eglise Catholique décida alors subtilement de coller Noël dessus. Une erreur de calendrier avait positionné la fête le 25 décembre au lieu du 21, jour du solstice, qui aurait pu faire coïncider davantage l’astronomie avec le symbole, mais, l’intention était là. On aurait donc Noël le 25 décembre, et on garderait le 6 janvier pour fêter l’arrivée des mages.
Décision fut donc prise d’adopter cette date lors du Concile de Chalcédoine, en 451.
Ce concile fut le quatrième grand rassemblement des différents représentants de la foi chrétienne, une sorte de gros Conseil d’Administration du Christianisme. 343 évêques se sont réunis pendant trois semaines dans l’actuelle Istanbul, en Turquie.
Au cours de ces 3 semaines, de nombreuses décisions ont été prises. On les appelle le “Symbole de Chalcédoine”. Ces décisions ont contribué à poser des bases solides qui font encore aujourd’hui référence pour les catholiques, les orthodoxes et les protestants du monde entier.
Le fait de positionner Noël le 25 décembre n’était qu’une mesure parmi toutes celles qui ont été adoptées pendant ces 3 semaines de l’an 451. Toutes les Églises chrétiennes ont adopté le “Symbole de Chalcédoine”. Toutes, à l’exception de quelques représentants d’Églises, très minoritaires, qui ont refusé en bloc toutes les conclusions de ce quatrième concile : on les appelle “Églises des Trois Conciles” ou “Églises Orthodoxes Orientales”.
Parmi ces quelques réfractaires, nous trouvons donc :
- le rite guèze (adopté par les Ethiopiens et Erythréens),
- le rite syriaque occidental (ou rite antiochien, adopté notamment en Syrie, au Liban et en Inde),
- le rite copte (adopté principalement en Egypte),
- et le rite arménien (apostolique et catholique).
Tous ensemble, ils représentent aujourd’hui 60 millions de personnes dans le monde (dont 40 pour les Ethiopiens).
A partir de là, nous en sommes restés à deux dates pour Noël.
Maintenant, qu’en est-il des gens qui sont évangéliques et d’origine arménienne ?
Pour des raisons d’accord spirituel avec l’ensemble du protestantisme, les Évangéliques Arméniens célèbrent Noël le 25 décembre, puisqu’ils sont en accord avec le Symbole de Chalcédoine.
Mais pour des raisons d’héritage historique et d’unité culturelle avec tous les autres Arméniens, ils ne se passent pas non plus du 6 janvier.
Vous savez maintenant pourquoi les Arméniens ne disent pas « Joyeux Noël et Bonne Année » dans ce sens, mais Շնորհավոր Նոր Տարի և Սուրբ Ծնունդ (Chenorhavor Nor Dari yév Sourp Dzenount), ce qui signifie « Bonne Année et Saint Noël ».
Pascal Portoukalian
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