Il n’est pas rare d’entendre de la part d’athées que croire en Jésus ne reviendrait ni plus ni moins qu’à croire au Père Noël. Non seulement ce honteux ad hominem, souvent assénée avec un triomphalisme certain, est faux, mais il dénote l’ignorance titanesque de nos contemporains relativement au fait religieux en général et plus spécifiquement par rapport au christianisme.
En effet, sous-tendant cette affirmation se trouve une croyance irrationnelle selon laquelle l’on ne pourrait pas plus prouver l’existence de Jésus que l’on ne pourrait prouver celle du Père Noël. Bien entendu, cette croyance est fausse, et ce pour de multiples raisons :
Un personnage historique
Premièrement, Jésus est présenté comme étant un personnage historique tant dans des écrits profanes (p.e. Flavius Josèphe, Tacite) que sacrés (p.e. les évangiles) à caractère historique. Quant au Père Noël, il est simplement présenté comme un personnage fictif.
Une personne réelle
Deuxièmement, Jésus est présenté en tant que personne réelle qui affirmait être Dieu et faisait des miracles. L’on sera en mesure de trouver de tels témoignages sous la plume de témoins sûrs qui nous les ont transmis de façon fiable ; les documents du Nouveau Testament sont en effet textuellement purs à presque 100%. Aucun autre texte ancien n’a un aussi haut taux de fiabilité. Le Père Noël lui est intentionnellement et sciemment présenté comme un personnage fictif qui vit au pôle Nord.
La transmission de témoignages
Troisièmement, l’intention des auteurs des évangiles était de transmettre des témoignages de la réalité historique de Jésus de Nazareth qu’ils croyaient être Dieu sur terre, sauveur du monde. C’est cette bonne nouvelle qu’ils voulaient transmettre à des adultes responsables par le biais de récits ordonnés (Évangile selon Luc 1:1-4 [1]).
« Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole, il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. »
L’historien se trouve confronté à un auteur qui, conformément aux standards de la littérature grecque, expose son intention de façon rationnelle dès le début de son écrit. Il semble évident qu’il ne veut en aucun cas élaborer un subtil mythe, mais se pose en historien. Certains chercheurs contesteront certains aspects du compte rendu de cet Evangile, mais reconnaissent tous l’historicité de la trame générale du récit (naissance, ministère, mort sur une croix, tombeau vide, les disciples défendent avoir vu Jésus ressuscité, résurrection prêchée par ces mêmes disciples). »
Les contes sur le Père Noël ont été transmis afin de divertir l’imagination des enfants. C’est la raison pour laquelle la majorité des adultes en bonne santé mentale ne croit pas que le Père Noël soit une vraie personne dont le traîneau est tiré par des rennes volants et qui peut y transporter tous les cadeaux des enfants du cosmos et les leur apporter par chacune de leur cheminée sans activer l’alarme de leur maison ou réveiller leur chien.
Un contexte précis
Quatrièmement, les écrits concernant Jésus se situent dans un contexte historique, culturel, religieux et politique précis avec des noms, événements et endroits vérifiables, tout cela faisant partie intégrante du compte-rendu de ce contexte et de cette réalité. Les histoires du Père Noël, elles, ne contiennent aucune contextualisation hormis le fait qu’il habite au Pôle Nord et qu’il visite différents pays et leurs villes pendant la nuit.
Cinquièmement, dans les faits, grande révélation que celle-ci, ce sont les parents qui achètent, emballent et donnent des cadeaux à leurs enfants ; et nous n’avons connaissance d’aucune occurrence documentée où le Père Noël aurait été surpris en flagrant délit d’infraction d’un domicile privé. Ne doutons pas non plus que si un traîneau volant s’approchait jamais par trop près de nos frontières nationales, la sécurité aérienne se chargerait de faire descendre du ciel « petit Papa Noël » au plus vite. L’histoire du Père Noël est d’un irrationnel assumé.
Des évangiles historiquement fiables
Sixièmement, étant donné que les récits des évangiles ont été écrits par des personnes qui ont connu Jésus de Nazareth personnellement (ou étaient sous la direction de ceux qui l’ont connu), que les évangiles sont historiquement fiables et superbement transmis jusqu’à nous par le biais d’un travail de scribe méticuleux, nous pouvons affirmer, avec la majorité des chercheurs athées comme chrétiens, que Jésus était à tout le moins un personnage historique. A contrario, nous n’avons aucune preuve pour établir la validité du Père Noël. Aucun pas de rennes sur les millions de toits enneigés à la veille de Noël n’ont été remarqués. Aucune vidéo de barbu ventripotent se glissant péniblement au travers de cheminées. Ajoutons à cela qu’aucun disciple du Père Noël ne parcourt le monde en risquant et donnant sa vie pour son message, en amenant des Hommes à un changement de vie radical, en se faisant ridiculiser par des adversaires tant religieux que politiques, en produisant toujours une littérature autant académique que plus spontanée 2000 ans après, etc. Vous n’avez pas vraiment bien plus de preuves que le Père Noël existe que dans l’esprit d’enfants trompés.
Personne dans la recherche ne nie la réalité historique de Jésus
In fine, ce qui importe est de pouvoir prouver de façon raisonnable si la personne en qui un individu croit existe ou pas. Or, personne dans la recherche ne nie la réalité historique de Jésus ; et bien que des millions d’enfants affirment l’existence du Père Noël, nous savons bien que l’esprit des enfants n’est pas capable de faire la différence entre la fiction et la réalité, et ce particulièrement quand leurs parents à qui ils font confiance leur disent que le Père Noël existe. Ils remettent dûment son existence en cause une fois l’âge de la raison atteint. Notons d’ailleurs que le processus est souvent inverse pour la foi en Jésus, c’est justement une fois l’âge de la raison atteint que des philosophes, scientifiques et personnes de tout horizon se tournent vers Jésus ou, plus généralement, se questionnent sur l’existence d’un être suprême.
Celui qui cherchera à satisfaire ses postulats athées trouvera toujours l’un ou l’autre rare chercheur à l’esprit biaisé qui tentera de démontrer par une flamboyante étude que l’on n’est pas certain que Jésus ait existé. Ce genre de pseudo littérature scientifique sera ensuite reprise par l’un ou l’autre journaliste, du Huffington Post par exemple, qui titrera de façon provocante l’un de ses articles, se croyant à la pointe de la réflexion critique : « Après tout, Jésus a-t-il existé ? ». Non seulement une telle information dénote une méconnaissance quasi totale de l’histoire de la recherche du « Jésus historique », mais elle ne fait que répéter à qui veut l’entendre le postulat de base de son auteur.
Satire à part, lorsque l’athée rejette l’existence de Jésus en prenant pour appui l’argument du Père Noël, il ne fait que montrer une inaptitude flagrante à distinguer ce qui est historique, basé sur des documents vérifiables et connus, de contes élaborés pour des enfants. Jésus était une figure historique, n’en déplaise à certains, le Père Noël lui n’existe que dans l’esprit des enfants.
Inspiration libre pour cet article : Carm.org