Pour que l’histoire ne se répète pas ! La première Marche de Vie en France a dépassé toutes les attentes

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Ils étaient plus de 400 participants, venus des 4 coins de France, mais également d’Allemagne, de Suisse, du Luxembourg et d’Irlande du Nord pour marcher entre la cité de la Muette de Drancy et la gare de déportation de Bobigny.

Drancy, l’antichambre de la mortRappel historique : 90% des Juifs déportés de France transitèrent par le camp d’internement de Drancy, surnommé l’antichambre de la mort avant d’être acheminés dans un premier temps vers la gare du Bourget, puis à partir de juillet 1943 vers celle de Bobigny, plus éloignée de la population qui commençait à s’inquiéter des départs massifs de Juifs vers une destination inconnue. Entassés dans des wagons à marchandises et sans considération ni de leur âge ni de leur état de santé, les Juifs furent expédiés directement aux camps d’extermination, principalement à Auschwitz, où la plupart périrent dans les chambres à gaz.

C’est donc dans ce lieu emblématique de la déportation en France et à une semaine de la date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv que Marche de Vie avait choisi de placer la première Marche en France.

Une large mobilisation qui réunissait des élus locaux et nationaux, des membres de diverses confessions chrétiennes et de la communauté juive, avec le soutien actif de l’AFMA (Association Fonds Mémoire Auschwitz).

Lors des commémorations sur les sites de Drancy et de Bobigny, Jobst Bittner, fondateur du mouvement Marche de Vie, a pris la parole, suivi de Ido Bromberg, représentant de l’Ambassade d’Israël.

« À l’heure où le négationnisme retrouve de la force en Europe et ailleurs, vous rappelez par cette marche, les horreurs qui ont été commises durant la Shoah et vous témoignez du triomphe de la vie sur ces sombres souvenirs. Les enfants cachés qui sont parmi nous aujourd’hui, doivent éprouver un certain réconfort à voir des chrétiens, motivés par un esprit de réconciliation, leur témoigner une amitié sincère.
Cette marche nous parle du passé et se tourne vers le futur en prenant publiquement position contre cette haine des Juifs qui aujourd’hui comme hier est animée par les mêmes sombres desseins. »

Puis Philippe Dallier, sénateur de Saint-Denis, Stéphane Paoli, maire de Bobigny, Robert Baxter, pasteur principal de l’église Le Bon Berger à Saint-Denis et Bernard Leycuras, président d’Objectif France, ont appelé à faire face à la montée de l’antisémitisme moderne, et à agir avec détermination pour que l’histoire ne se répète pas, plusieurs rappelant la forte contribution de la France aux opérations de déportation.

La réaction spontanée du rabbin de Drancy, Yves Ammar Haïm :

« Ce qui est extraordinaire pour moi aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les mots bien intentionnés de mémoire que nous avons entendus, mais que vos paroles viennent du cœur et touchent les cœurs. »

Ils ont brisé « la chape du silence »Trouvant des mots justes que n’ont eu ni leurs pères ni leurs grands-pères, des descendants de soldats de la Wehrmacht ont fondu en larmes à cause de l’implication de leur famille dans les atrocités infligés au peuple français, et aux Juifs en particuliers. Ils ont brisé « la chape du silence ».

La guérison

Sylvie et Jacques ont pu dire, émus et reconnaissants :

« Le bruit des bottes des militaires et le son de la langue allemande avaient laissé une trace profonde dans nos familles, avec la peur permanente de faire face aux violences et aux menaces. Votre demande de pardon a comme brisé les actes de vos pères et grands-pères, et nous a apporté la guérison aujourd’hui. »

Solennité et émotion

L’événement s’est achevé par deux temps forts:

    Tous les drapeaux de pays de Juifs déportés de France ont été appelés

  • Le chant « Dis-leur » composé pour la marche du 9 juillet par Samuel Olivier, auteur-compositeur descendant « d’enfant caché », chanté par lui et dansé sur les rails par un groupe de danse allemand. Suite à ce moment intense de recueillement, Stéphanie Dutertre, présidente de Marche-De-Vie-France, a ouvert un temps d’hommage de grande intensité. Tous les drapeaux de pays de Juifs déportés de France ont été appelés, puis toutes les régions et villes des participants à la marche, et chacun a pu déposer sur les rails une rose ou un œillet blanc : quelle solennité dans ce défilé « incessant », dans cette procession de mémoire et d’amour !
  • L’appel de Jobst Bittner et Bernard Leycuras à se positionner aux côtés d’Israël, selon les mots bibliques de Genèse 12:3. Les drapeaux français et allemand ont symboliquement entouré le drapeau israélien au milieu des participants décidés à briser la chape du silence : Non, nous ne soumettrons pas aux intimidations. Oui, nous dirons que nous aimons Israël, libres de le dire et hors toute considération politique dans laquelle certains voudraient nous enfermer.

Des rafraichissements offerts par la municipalité de Bobigny ont conclu la journée. Les « marcheurs » ont pu visiter les stands dédiés à l’évènement :

Les aquarelles de l’artiste Cendrine Bonami Redler sur la gare de déportation de Bobigny

  • Un choix varié de livres sur la thématique du souvenir de la Shoah, présentés par l’AFMA.
  • Le « livre d’Hannah » présenté par l’auteur Yves Pinguilly et l’illustrateur Marc Majewski.
  • Enfin, le livre « Briser la chape du silence » présenté pour la 1ère fois dans sa version française par son auteur Jobst Bittner.

Une première marche réussie. Elle sera suivie de beaucoup d’autres... À suivre, avec beaucoup d’intérêt !


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