Porno, drogue, alcool, écrans... « Il n’y a jamais eu autant d’individus si proches d’un danger potentiel »
« Il n’y a jamais eu autant d’individus si proches d’un danger potentiel »... Voilà les propos du politologue Dominique Reynié quand il évoque la consommation de la pornographie par les jeunes.
Et il n’est pas question ici de leçons d’éducation, de morale ou de foi, mais bien d’une alerte lancée par de plus en plus de spécialistes de disciplines variées, suite à différentes enquêtes récemment révélées dans les médias. Les chiffres de la consommation sont accablants et au-delà des chiffres, les conséquences sur le développement des adolescents et des jeunes commencent à émerger.
Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions, alerte les familles.
« Les parents sous-évaluent les consommations de leurs enfants en matière d’alcool, de tabac, de jeux d’argent et de pornographie. »
La pornographie, « Un formatage à haut risque »
Un jeune sur cinq en regarderait chaque semaine. 9% une fois par jour et 5% plusieurs fois par jour. Les enfants et les ados sont exposés à la pornographie de plus en plus jeunes, parfois même « contre leur gré ». Pourtant, la mise en garde est désormais « unanime ». Spécialistes des addictions, psychologues, Collège national des gynécologues et obstétriciens, tirent la sonnette d’alarme.
« La confrontation à de telles images, alors même que la sexualité psychique se développe, peut provoquer des crises d’anxiété, des troubles du sommeil, nourrir un sentiment douloureux de culpabilité et conduire à une représentation faussée ou déviante des rapports sexuels et amoureux. »
Ovidie, une actrice de film pornographique devenue réalisatrice de documentaires, dénonce ce qu’elle qualifie de « Far West » dans son ouvrage « À un clic du pire, la protection des mineurs à l’épreuve d’Internet ».
L’addiction aux écrans... « Le tsunami qui vient »
Un quart des 18-22 ans estiment passer plus de 5 heures par jour sur les réseaux sociaux, 10% y consacrent plus de 8 heures chaque jour.
« Or, devenue massive, la consultation fréquente des réseaux sociaux est associée au risque d’isolement social par 66% des jeunes interrogés, tandis qu’une large majorité (56%) y voit même un risque de dépression et de suicide. »
16% des 18-22 ans disent passer plus de 5 heures par jour sur les jeux vidéo.
L’addiction aux jeux vidéo est désormais reconnue comme maladie par l’OMS. Les risques d’addictions liés à ce « trouble du jeu vidéo » figurent dans la 11ème Classification Internationale des Maladies (CIM). Le directeur du département de la Santé mentale et des toxicomanies de l’OMS, Shekhar Saxena justifie cette décision :
« Après avoir consulté des experts dans le monde entier, et avoir examiné la littérature de manière exhaustive, nous avons décidé que ce trouble devait être ajouté. »
L’alcool, le tabac et les drogues
3% des 14-17 ans ont déjà consommé de la cocaïne, de l’ecstasy ou du GHB. 5% des 18-24 ans en consommeraient toutes les semaines.
Les conséquences physiologiques, psychologiques et sociales de la consommation de stupéfiants, d’alcool et de tabac sont connues de tous. La polytoxicomanie devient quant à elle un état de plus en plus courant.
« Elle est d’autant plus dangereuse que les effets des drogues peuvent être considérablement amplifiés. »
Les jeux d’argent, une addiction « plus répandue dans les milieux moins favorisés »
13% des 14-24 ans jouent au moins une fois par semaine à un jeu d’argent.
« Le jeu pathologique, souvent décrit chez l’adulte, peut également toucher l’adolescent. Ce problème serait même deux à quatre fois plus fréquent chez les jeunes. »
L’enquête révèle également que la dépendance est un risque largement identifié par les jeunes. Cette connaissance ne suffit pourtant pas à les éloigner de ces pratiques.
Les addictions exposent les jeunes à l’échec social et au risque existentiel, au risque d’isolement, de dépression et de suicide, au risque d’échec scolaire ou professionnel, et au risque d’agression physique ou sexuelle.
Les parents sont « demandeurs de solutions » telles que les contrôles d’identité, l’identification bancaire… Ils espèrent que les parlementaires légifèrent sur l’ensemble de ces questions. Le sous-titre de l’enquête Les addictions chez les jeunes, est d’ailleurs, « L’urgence d’une politique de santé et de sécurité publiques ». La population serait en faveur d’une politique ferme pour protéger les jeunes contre les diverses formes d’addictions.
« Les consommations à risque ne cessent de s’accroître. Les addictions doivent être considérées comme un problème de santé et de sécurité publiques de premier plan. »
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H.L.