Après avoir fait parler d’elle pour avoir recruté Carl Lentz, un pasteur licencié pour adultère, la megachurch Transformation suscite une nouvelle polémique, cette fois-ci concernant son service de Pâques. Durant ce culte, des femmes ont twerké sur scène en échangeant quelques mots grossiers, une stratégie d’évangélisation dénoncée comme « blasphématoire ».
Faisceaux roses dégagés par des machines à fumée, projections de flammes, chorégraphie de danseurs dont certains avec des masques tenant de muselière, chanteuses en pantalons de cuir, c’étaient là quelques moments du spectacle choisi par la Transformation Church, une méga-église de Tulsa. En arrière-plan des artistes en noir, une femme vêtue de blanc représentant le Christ crucifié. Reprenant la musique du titre « Diva » de Beyoncé, les chanteuses ont détourné ses paroles en remplaçant par exemple « diva is a female version of hustla » (diva est une version féminine de dealer) par « dragon was an angel turned into a hustla » (le dragon était un ange qui a été transformé en dealer).
Souhaitant apparemment préciser oralement le sens du twerk, l’une des chanteuses a désigné les fesses de sa camarade qui leur a dit : « Les amies, je n’ai pas un gros (sous-entendu « postérieur »), les autres lui ont répondu qu’il était « ok », et elle leur signifie que « leurs petits derrières (en argot vulgaire) comptent également », ainsi qu’on peut le voir dans la vidéo d’Allie Beth Stuckey, une chroniqueuse chrétienne, pour Blaze Media.
Accusations de blasphème
Allie Beth Stuckey commence par exprimer sa stupéfaction face au spectacle : « Je ne sais même pas quoi dire. » Avant d’ajouter « Je ne suis pas contre les performances. Ce n’est pas ainsi que l’on fonctionne dans mon église, je ne suis pas contre les productions, je ne suis pas contre la créativité, je ne dis pas que toutes les églises doivent être comme la mienne […] doivent avoir le même type de service de Pâques, mais est-ce que je pense que le rôle principal de l’Église est de glorifier Dieu et d’édifier les croyants avec la Parole de Dieu et l’Évangile ? Est-ce que je pense que tout ce qui est fait dans l’Église devrait être tourné vers Dieu ? Oui, je le pense ! Est-ce ce que vous retenez ici ? Non ! » Stuckey décrit cette performance comme « blasphématoire ».
La commentatrice de Blaze TV poursuit en disant : « Ce que vous voyez là est totalement inapproprié. Vous avez surtout là des femmes qui twerkent sur scène, mais Hey, c’est twerker pour le Royaume [de Dieu], nous twerkons pour le Seigneur, youpi ! » Allie Beth Stuckey poursuit sa vidéo en montrant un passage où le pasteur Mike Todd explique pourquoi il a commencé à monter de telles performances :
« Je suis devenu pasteur en 2015, et je ne savais pas ce que faisait un pasteur, et j’ai alors rencontré un groupe de personnes et ai demandé : Que devrions-nous faire pour Pâques ? Je n’ai jamais prêché le message de Pâques. » […] Je voulais me focaliser sur les gens qui ne connaissent pas Dieu. »
Une stratégie pour augmenter le nombre de fidèles
Mike Todd a poursuivi sa justification en affirmant qu’il allait tout faire, sauf pécher, pour attirer les incroyants. La formule est connue dans certains milieux baptistes américains qui n’hésitent pas à recourir à de telles mises en scène afin de développer le nombre de fidèles.
La Transformation Church est connue pour ses provocations, l’an dernier Mike Todd a par exemple prêché en arborant sur son t-shirt une photo de sa femme en bikini. Peu avant Pâques, la congrégation a recruté le pasteur Carl Lentz licencié de la megachurch Hillsong de New York pour cause d’adultère et qui est accusé d’agression sexuelle.
La megachurch développe une stratégie agressive pour faire du nombre, et Carl Lentz est considéré comme un atout majeur afin « d’aller de l’avant dans la vision » de l’Église.
Jean Sarpédon