Polémique autour de la Cène à la cérémonie d'ouverture des JO

polemique_autour_cene_ceremonie_ouverture_jo

De nombreux croyants de l'hexagone et au-delà ont été offusqués et blessés par ce qu'ils estiment être une parodie de la Cène figurant dans la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Explications.

Si la plupart des médias tant en France qu'à l'international ont salué le caractère spectaculaire de la cérémonie d'ouverture des JO, vendredi 26 juillet, l'un de ses tableaux a suscité une vive polémique parmi les chrétiens.

"Tous en Seine" a titré le Figaro tandis que Le Monde évoque un show "Magique" et que Libération salue une "cérémonie grandiose qui a cassé tous les codes". À l'étranger aussi l'événement n'est pas passé inaperçu. La BBC a loué un spectacle "brillamment frénétique" décrit comme "Eblouissant" par la chaîne de télévision américaine CNN.

D'autres médias internationaux ont cependant été plus critiques à l'égard du show proposé par Thomas Jolly. C'est notamment le cas du prestigieux journal anglais The Guardian qui a pointé un spectacle "décousu" avec des choix "bizarres".

Mais c'est une scène en particulier qui a posé problème. Il s'agit d'un moment marquant de la cérémonie, un tableau intitulé "Festivité" commençant par l'image d'un groupe à table, dont plusieurs drag queens, faisant penser au dernier repas de Jésus avec ses apôtres. La séquence a notamment offusqué Elon Musk qui a dénoncé sur X, "un manque de respect total envers les chrétiens". 

"Christianophobie", "rejet des chrétiens"

Des chrétiens influents sur les réseaux sociaux qu'ils soient évangéliques, catholiques ou protestants ont rapidement réagi. 

"La Cène c'est le dernier repas de Jésus, c'est quelqu'un qui meurt sur une croix torturé à mort ... Vous n'avez aucun respect des gens, ni de Jésus, ni de la religion" s'est indigné le frère Paul-Adrien dans une vidéo publiée sur son compte Instagram. L'évangélique Jérémy Sourdril a lui déclaré, également dans une vidéo publiée sur Instagram, que le gouvernement a choisi de "se moquer de l'ensemble des chrétiens dans le monde". Il dénonce de la "christianophobie" et appelle à réagir.

La Conférence des évêques de France (CEF) a de son côté publié un communiqué samedi, cosigné par les organisateurs des "Holy Games", dans lequel elle déplore "des scènes de dérision et de moquerie du christianisme" bien qu'elle insiste sur le fait que la cérémonie comprenait aussi de "merveilleux moments".

"La cérémonie d’ouverture proposée par le COJOP a offert hier (vendredi) soir au monde entier de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués. Cette cérémonie a malheureusement inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme, ce que nous déplorons très profondément."

Liberté d'expression

Sur X, le président de la Fédération Protestante de France (FPF), le pasteur Christian Krieger, a lui souligné le droit à la liberté d'expression, "droit fondamental que les protestants reconnaissent sans réserve" tout en reconnaissant "que mépriser autrui, le blesser, ne saura jamais être l’essence même de la liberté d’expression". Il a également appelé au "respect absolu de toute identité".

"Au moment d’accueillir le monde pour célébrer l’universalité par le sport, il importe de vivre le respect absolu de toute identité, y compris celle de ceux qui s’identifient au christianisme, à la culture queer, à l’athéisme."

Dans un cours message, également sur X, le président du Conseil national des évangéliques de France (CNEF) le pasteur Erwan Cloarec a évoqué une "cérémonie d'ouverture créative et joyeuse". Il a néanmoins regretté "certains tableaux". "Si l’objectif était la fraternité et l’inclusion, pourquoi cibler et moquer la foi de quelques-uns ? Cela n’était pas nécessaire", a-t-il écrit avant de rappeler que "les chrétiens veulent aussi faire partie de la fête !"

#Chrétienetfier

Cette polémique a pris une telle ampleur qu'une lettre ouverte a été adressée au président de la République, Emmanuel Macron, à l'initiative du pasteur Samuel Peterschmitt de l'église de la Porte Ouverte de Mulhouse. Intitulée "Nous ne nous tairons pas" et accompagnée du #Chrétienetfier, cette lettre dénonce le "choix délibéré de représenter publiquement une imagerie en opposition frontale avec la foi de millions de citoyens chrétiens pour représenter les valeurs de la France". 

La missive qui souligne un "manque évident de considération pour les croyants" estime que cette cérémonie est "la représentation visible d’une rupture profonde et intentionnelle d’avec le christianisme, une prise de position assumée du rejet des chrétiens eux-mêmes et de leur liberté de croire et de dire leur foi". 

Les chrétiens signataires entendent avec ce courrier "prendre position" et "affirmer" leur volonté de croire et de dire leur foi librement.

Réactions de la classe politique française

Parmi la classe politique, le show a largement été salué mis à part à droite et à l'extrême droite où des voix se sont indignées d'une cérémonie d'ouverture "wokiste", avec une vision qui "cherche à ridiculiser les Chrétiens".

"À tous les chrétiens du monde qui regardent la #cérémoniedouverture et se sont sentis insultés par cette parodie drag queen de la Cène, sachez que ce n'est pas la France qui parle mais une minorité de gauche prête à toutes les provocations", a ainsi lancé l'eurodéputée Marion Maréchal (ex-Reconquête) sur le réseau social X.

Les chrétiens ont aussi pu trouver un soutien inattendu du côté de Jean-Luc Mélenchon. Sur son blog samedi, l'insoumis a salué "l'audace" de la cérémonie mais a affirmé ne pas avoir aimé "la moquerie sur la Cène chrétienne, dernier repas du Christ et de ses disciples, fondatrice du culte dominical".

Une "indignation à géométrie variable"

Enfin, parmi les nombreuses réactions on peut évoquer celle, à contre-courant, d'un collectif de protestants et de catholiques (Mauvaises Fois et le Collectif catholique Pour un Accueil Inconditionnel dans l'Eglise P.A.I.X) qui ont souhaité dans un communiqué affirmer leur "honte" et leur "désapprobation" face à ce qu'ils décrivent comme une "indignation à géométrie variable" des croyants. 

Ils ajoutent qu'il existe pourtant "des raisons légitimes en tant que chrétiens de s'indigner de ces Jeux Olympiques". Ils citent notamment le nettoyage social mis en place par la ville de Paris en amont des Jeux, l'impact environnemental de l'événement ou encore l'accueil du président Israélien dont le gouvernement "continue de massacrer des civils palestiniens".

Face à la polémique dont il est question dans cet article, ils dénoncent une "vision réactionnaire du monde et une susceptibilité qui frôle le ridicule". 

"Nous, chrétiens protestants et catholiques, choisissons de nous indigner pour des causes réellement importantes pour la vie de nos concitoyens et non pour une simple représentation artistique de la Cène. Nous préférons retenir de cette cérémonie une représentation forte des personnes racisées, la mise en lumière de femmes importantes pour l’histoire de notre pays, et une belle place accordée aux minorités de genre et d’orientation sexuelle."

Était-ce vraiment représentation de la Cène ?

Les organisateurs ont-ils réellement voulu proposer une parodie de la Cène ? C'est bien sûr l'une des questions à se poser dans le contexte de cette polémique, car la réponse n'est pas évidente. 

Durant la soirée, le tableau en question a bel et bien été revendiqué comme une représentation de la Cène sur le compte X de France Télévision. Un post qui a depuis été supprimé par la chaîne. La publication indiquait en effet "Une mise en Cène LE-GEN-DAIRE" avec une photo de l'extrait de la cérémonie. 

Cependant, lors d'un entretien sur BFM TV dimanche, Thomas Jolly le directeur artistique des cérémonies olympiques et Daphné Bürki qui était chargée du stylisme et des costumes, ont tous les deux réfuté s'être inspiré de La Cène pour ce passage.

"Ce n'est pas mon inspiration. D’ailleurs, je pense que c'était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Dionysos qui est là parce qu’il est le dieu dans la mythologie grecque de la fête, et le tableau s’appelle festivité. Dieu du vin, qui est un des fleurons de la France, et père de Sequana, la déesse qui est reliée au fleuve, la Seine. L’idée était plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe. Olympe, Olympisme", s'est notamment défendu Thomas Jolly. 

Comme l'a souligné le président de la FPF, Christian Krieger dans son communiqué suite à cette polémique, "toutes les images comportent une polysémie et peuvent être lues de différentes manières. Il existe un écart entre l’intention de l’auteur et la réception".

Camille Westphal

Crédit image : France.tv

dans la rubrique sport >



Les nouvelles récentes >