Bonjour à tous, je suis Etienne OMNES, et vous écoutez un épisode des Fils d’Issacar, une analyse hebdomadaire des évènements et nouvelles sous un point de vue chrétien.
Cette semaine, nous allons nous intéresser à un autre évènement qui traîne en longueur, mais qui est tellement symbolique de tellement d’aspects de notre époque. On y retrouve le rapport entre l’homme et le péché, l’idolâtrie du progressisme, et surtout : l’hypocrisie jamais épuisée de l’être humain. Nous allons donc parler du scandale autour de Harvey Weinstein, et de la longue leçon sur le péché de l’homme et ses manifestations qu’il fournit.
Weinstein : le mécanisme de l’hypocrisie
Rappelons les faits, même si vous en avez déjà entendu parler. Harvey Weinstein est un des producteurs les plus importants de Hollywood, un homme dont l’influence et le pouvoir aussi bien financier que culturel est très important. C’est à lui que nous devons par exemple l’oscar de Jean Dujardin pour son film « the Artist ». Sauf que voilà, monsieur Weinstein s’avère être aussi un pornocrate, contre lesquels les témoignages de harcèlement sexuel, et même de viols s’accumulent soudain suite à un article publié il y a deux semaines. Ce colosse de la culture occidentale avait, semble-t-il, une façon très orientale de s’approprier un harem.
Sauf que voilà. Harvey Weinstein était le lord protecteur des arts et des lettres. Il était aussi le paladin du progressisme, le chevalier de la Vertu, le défenseur des démocrates, le soutien de ceux qui contestent et le rocher du libéralisme. Il a par exemple financé la campagne électorale d’Hillary Clinton à grands coups de millions, et aide autant qu’il peut à toutes les causes progressistes que vous pouvez imaginer. Sauf que voilà : ce si grand défenseur de la femme s’avère être aussi un grand prédateurs des femmes. L’histoire en elle-même est sordide et ses développements ne servent qu’à réveiller nos instincts de charognard. Il suffira de répéter ce que dit le Psalmiste :
« Ceux qui disent : Nous sommes puissants par notre langue, Nous avons nos lèvres avec nous; Qui serait notre maître ?- Parce que les malheureux sont opprimés et que les pauvres gémissent, Maintenant, dit l’Eternel, je me lève, J’apporte le salut à ceux contre qui l’on souffle. »
Et voici la raison pour laquelle nous assistons à un déshonneur aussi public et total. Cependant je ne vais pas tant commenter les actions de l’homme, que ce qu’il se passe AUTOUR de lui.
Quand un non-libéral sort une parole de travers, il ne faut pas une journée avant que son nom ne soit traîné dans la boue et sa réputation déchiquetée en public. Mais lorsqu’il s’agit d’un co-défenseur progressiste qui fait exactement ce dont on accuse la terre entière, voilà soudainement les progressistes beaucoup moins enthousiastes. On décernera ici une mention spéciale à Hillary Clinton, qui selon les mots de Gilles-William Goldnagel « aura mis cinq jours pour sortir de son silence quand elle aura mis cinq secondes pour vitupérer l’attitude de Donald Trump à Charlottesville. » On s’étonnera aussi de voir tant de haine maintenant être déversée contre Harvey Weinstein, alors que les mêmes qui l’accusent disent : « tout le monde le savait ». Puisque tout le monde le savait, que l’on m’explique pourquoi la chose est devenue scandaleuse que maintenant ?
Et ainsi de suite, on remarque avec quelle indulgence les progressistes considèrent les leurs, tandis qu’ils sont implacables dès qu’un conservateur fait la même chose. Mais soyons honnêtes : nous faisons la même chose de notre côté. Toujours aux Etats-Unis, il y a eu quelques semaines auparavant un élu républicain, connu jusqu’ici pour être un grand opposant de l’avortement qui a déclenché un scandale. Qu’a-t-il fait ? Oh, rien… il a juste fait avorter sa maîtresse. C’était bien la peine d’être un paladin de la Famille chrétienne.
Parfois, le mot d’hypocrisie ne suffit pas. Je propose « hyperhypocrisie », mais ce n’est pas très joli à dire.
Quel commentaire le chrétien pourrait-t-il faire de ce genre d’évènements ? Il est premièrement utile de rappeler que l’une des critiques les plus mémorables de Jésus était que nous sommes tous très rapide à nous jeter sur la paille du voisin, mais pas pour enlever la poutre de notre œil. De façon plus profonde, j’aimerais aussi faire remarquer que nous avons – je parle ici de l’humanité entière, chrétiens compris- trop souvent tendance à confondre « piété » avec « orthodoxie ». Nous jugeons trop souvent la qualité morale de chacun sur la base de ses doctrines.
Il n’y a pas longtemps, Jesus Post relayait l’arrestation d’un pasteur évangélique coupable de… proxénétisme. L’homme de Dieu réduisait en esclavage des filles de Dieu. Si nous n’avions pas connu l’homme, mais seulement sa face publique, qu’aurions nous dit ? S’il avait eu des doctrines parfaitement impeccables, ne l’aurions-nous pas appelé frères ? Dans ce cas précis cependant, la faute de jugement vient de l’ignorance, du fait que nous ne connaissions pas ce pasteur. Mais dans le cas d’Harvey Weinstein, c’est différent.
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On ne peut pas plaider l’ignorance. Tous dans son milieu le savaient. Mais si personne n’a réagi auparavant, c’est parce que sa doctrine servait lieu de morale. Harvey Weinstein était un homme bien, non par ce qu’il était, mais par ce qu’il disait. Peu importait qu’il viole des femmes dans sa chambre, parce qu’il prenait la défense du féminisme sur le podium. Et toute l’humanité est prise en défaut là-dessus. Gilles-William Goldnagel faisait le lien avec le traitement médiatique de Bertrand Cantat, ce chanteur à succès qui a tué son épouse à coup de poings il y a quelques années. Il écrit dans son article au Figaro :
« Mais c’est le titre même de la tribune [qui défendait Bertrand Cantat] qui éclairait le mieux la noble démarche artistique et rebelle: « Bertrand Cantat reste des nôtres ».
Oui, quand on appartient au camp estampillé du Bien, peu importe le mal que l’on fait par ailleurs, que l’on s’appelle Weinstein ou Cantat mais aussi Battisti, on bénéficie toujours d’un traitement bénéfique. »
Pourquoi ? Premièrement rappelons nous que le premier réflexe d’Adam lorsque Dieu est venu confronter son péché a été de se cacher. Et même lorsqu’il a été découvert, il a préféré rejeter la faute sur Eve, qui a rejeté la faute sur le serpent. « C’est pas moi c’est Eve » dit Adam. « C’est pas moi, c’est le serpent » dit Eve. « Ssss’est moiiii ! » dit le Serpent. Enfin je suppose. Cette double réaction –dissimulation et évitement- restent encore aujourd’hui les attitudes de bases de l’être humain confronté à sa faute. Nous sommes semblables à notre père Adam en cela. MAIS… nous avons toujours l’image de Dieu en nous qui réclame la justice, et nous ne savons pas faire autrement que de vivre selon le bien et le mal. Je dirais même plus : notre époque, toute folle qu’elle soit, est une des plus pharisiennes et légalistes qu’ait connu l’humanité. C’est juste qu’elle l’est à l’envers. Nous avons donc un tas d’humains qui adore dénoncer le péché des autres et le renifle à des kilomètres comme des charognards un squelette… et en même temps devient le champion pour enterrer le sien le plus profond possible et en cas de découverte passer le squelette à quelqu’un d’autre.
Appliqué à une communauté, ce réflexe joue aussi : lorsqu’un des membres pèche gravement, le premier réflexe d’une communauté n’est pas d’exposer et de régler le problème, mais de dissimuler et jeter le squelette sur quelqu’un d’autre. On l’a vu avec les témoins de Jéhovah, dont les liens extrêmement rigides de l’organisation empêchait littéralement la dénonciation des actes pédophiles commis en son sein, si bien que la Tour de Garde a plusieurs centaines de millions de dollars d’amende pour avoir protéger des pédophiles. Elle n’est pas coupable de ces actes, mais de les avoir dissimulés et d’avoir évité de reconnaître sa responsabilité.
Dans le petit monde d’Hollywood, qui donne des leçons de morale et adore déterrer les cadavres des autres, il y a aussi un réflexe communautaire, et comme ce sont des êtres humains, ils dissimulent et évitent le péché qui existe chez eux. Sauf qu’un article a rendu le squelette impossible à dissimuler. Alors on l’évite : « il n’a jamais fait partie des nôtres ».
Face à cela, qu’enseignait Jésus ? Jésus enseigne non la dissimulation, mais la confession des péchés. Et il n’a pas évité les péchés de l’humanité, il les a pris sur lui. Bien qu’il ait été tenté, il n’a pas dit face à son Père « ce ne sont pas mes péchés, ce sont ceux de l’humanité, qu’ils se débrouillent avec. » Et c’est par cet acte que nous sommes en vie aujourd’hui. Puisque Jésus, infiniment digne, parfait, a pris sur lui des fautes ignobles qui n’étaient pas à lui, ni de lui… et bien je pense que le minimum que je puisse faire, c’est confesser mes propres péchés, et ne les décharger sur aucun autre que moi-même.
Et nous pouvons le faire, et nous devons le faire. L’apôtre Jean dit bien :
« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous. »
Enfin, pour conclure cette chronique, reparlons juste un tout petit peu d’Harvey Weinstein. Il ne peut plus dissimuler son péché, c’est devenu strictement impossible. Mais il n’a pas renoncé à l’éviter, et le balancer sur quelqu’un d’autre ! Savez-vous ce qu’il compte faire ? Réaliser un film qui dénoncerait le harcèlement sexuel… de Donald Trump. Là, ce n’est plus une poutre dans l’œil. C’est une maison entière.
Merci d’avoir écouté les fils d’Issacar. Vous pouvez nous suivre sur Facebook en aimant la page « les Fils d’Issacar ». Si vous avez apprécié l’épisode, n’hésitez pas à le partager.
Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D’ici là, je vous souhaite une excellente semaine.