Podcast « Les Fils d’Issacar » : Roboam, Macron, Et l’usage de l’autorité selon Dieu

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Bonjour à tous, nous sommes le samedi 22 juillet, je suis Etienne Omnès et vous écoutez les fils d’Issacar, la revue de presse hebdomadaire sous un point de vue chrétien.

La principale actualité de la semaine est le mariage princier de Timothée de Belgique avec Abigail du Minnesota. Vous savez maintenant pourquoi ce n’est pas Timothée Davi qui commente l’actualité cette semaine. Je souhaite à Timothée et Abigail tout le bonheur que le Seigneur peut leur donner, et qu’il soit permis à Timothée d’aimer, de chérir et de protéger son épouse pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort les sépare. Passons maintenant à la deuxième actualité la plus importante de la semaine : la démission du général Pierre de Villiers de son poste de chef d’état-major des armées françaises, la tête militaire de nos armées.

Roboam Macron et l’usage de l’autorité selon Dieu

Résumons l’affaire : Le président de la République a annoncé des baisses de budget dans tous les ministères, dont la plus grosse partie serait portée sur l’armée : 0,85 milliard d’euros, qui s’ajoutent à d’autres baisses de ces dernières années. Le chef d’état major des Armées, notre généralissime en quelque sorte, Pierre de Villiers fut alors convoqué à une audience à huis clos au Parlement. Lors de cette audience, il s’opposa vigoureusement à ces baisses de budget, disant notamment qu’il ne se laisserait pas être … disons… embrassé par le président de la République. Je souligne : ces mots ont été prononcés en privés devant les députés, et non étalés dans la presse. Hélas, l’Ecclésiaste avait bien prévenu :

« Ne maudis pas un roi, même dans ta pensée […] car l’oiseau du ciel en emporterait l’écho, la gent ailée rapporterait la chose. » Le piaf de l’Ecclésiaste s’appelle le journal le Monde, qui a dûment rendu public la chose.

Or, il y a une tradition française qui impose à l’Armée un « devoir de réserve » généralement très strict. Historiquement il trouve sa source dans la IIIe République, après l’épisode du boulangisme. Le général Boulanger fut ministre de la guerre en 1885, et adopta un discours revanchard contre les allemands qui lui fit attirer des sympathies de tout bord, et coalisa sous son nom, et un peu malgré lui, tous les opposants de la République, des bonapartistes aux monarchistes. Sa popularité était immense et ses partisans ne se gênaient pas pour lui demander de prendre l’Elysée par un coup d’état. Il semble alors que Boulanger ait eu moins de volonté que ses partisans, et qu’il refusa de prendre l’initiative. Les républicains se liguèrent pour le mettre en examen pour complot contre la sécurité intérieure. Il est jugé et condamné à la prison à vie, mais s’est échappé avant le procès, et il se suicide sur la tombe de sa maîtresse un mois après le jugement.

Ce fut la dernière fois où l’armée eut un rôle politique. Après cela, et particulièrement au cours de la 1ere guerre mondiale, notre armée fut strictement soumise aux politiques, ce qui était exactement l’ordre inverse de l’Allemagne où l’état-major donnait des ordres au parlement. Bref. La neutralité politique de l’Armée est une tradition française très forte, et c’est là-dessus qu’Emmanuel Macron s’est appuyé lorsqu’il a dit, dans un discours public le 13 juillet :

« Je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique », a-t-il dit devant la communauté militaire. « J’ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir », a-t-il dit. « Et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire. »

Le lendemain, il dira dans une interview :

« La République ne marche pas comme cela », indique le chef d’Etat.« Si quelque chose oppose le chef d’état-major des armées au président de la République, le chef d’état-major des armées change. »

Il s’agit donc de mots bien durs, quoique tout à fait légaux et légitimes, qui semblent disproportionnés par rapport à l’infraction reprochée au général de Villiers.  En effet, il semble tout à fait normal que le chef d’état major défende ses armées contre les restrictions budgétaires, surtout qu’il le fait à huis clos devant des membres de l’Etat, dans les limites de ses fonctions. La démonstration d’autorité d’Emmanuel Macron semblait donc disproportionnée, et elle rappelle un précédent biblique. Parlons un peu de Roboam, fils de Salomon, lorsqu’il a succédé à son père :

Dans 1 Rois 12, nous voyons Roboam, le fils de Salomon prendre la succession de son père. Le peuple, qui a travaillé dur pendant tout le règne de son père, vient voir Roboam et lui demande d’alléger la charge de travail, en toute loyauté et sans rébellion. Roboam consulta alors, non les sages, mais les jeunes fous de son âge qui lui conseillèrent d’adopter un ton dur et bravache. Roboam dit alors au peuple :

« Mon père a rendu votre joug pesant, et moi je vous le rendrai plus pesant; mon père vous a châtiés avec des fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions. »

La situation est clairement parallèle : le peuple de Roboam tout comme le général de Villiers émettaient certes une critique, mais en toute soumission et dans le respect de sa souveraineté. Emmanuel Macron, qu’il ait pris cette décision seul ou avec des conseillers de sa génération, à décidé de menacer du scorpion. Résultat : le Général de Villiers a annoncé sa démission avec beaucoup de dignité ce mardi.

En tant que chrétiens, nous devons nous rappeler qu’il nous est ordonné de nous soumettre aux autorités, mais que l’Autorité elle-même n’est jamais inconditionnelle. Ainsi, dans le psaume 82, Dieu parle aux magistrats humains, et il est écrit :

« Dieu se tient dans l’assemblée de Dieu; Il juge au milieu des dieux.
Jusques à quand jugerez-vous avec iniquité, Et aurez-vous égard à la personne des méchants ? Rendez justice au faible et à l’orphelin, faites droit au malheureux et au pauvre, sauvez le misérable et l’indigent, délivrez-les de la main des méchants. Ils n’ont ni savoir ni intelligence, ils marchent dans les ténèbres; Tous les fondements de la terre sont ébranlés.
J’avais dit : Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très-Haut. Cependant vous mourrez comme des hommes, Vous tomberez comme un prince quelconque. »

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En lisant ce psaume nous nous rendons compte que les magistrats ont de l’autorité parce qu’ils sont dans le rôle de Dieu –celui de juger-. Mais cette autorité est remise en cause parce qu’il ne sont pas selon le caractère de Dieu –celui de rendre justice-. Ils sont même condamnés pour cela.

Dans le cas d’Emmanuel Macron, il mérite qu’on lui obéisse comme à Dieu, parce qu’il est dans le rôle de Dieu – celui de gouverner la France-.  Mais il s’est trop appuyé dessus, et à oublié qu’en plus du rôle de Dieu, il faut aussi en avoir le caractère juste. Plus un chef ressemble à Dieu, et plus Dieu lui accorde de l’autorité sur les autres, même malgré eux.  Ainsi, j’obéis presque instinctivement à tout homme bon, sage, juste, et haïssant le mal, même quand il n’est pas mon chef hiérarchique. Je lui obéis instinctivement parce qu’il a un caractère proche de Dieu, même s’il n’en a pas le rôle.

Emmanuel Macron a donc profité de son rôle de dieu en oubliant le caractère et voici qu’il a réussi à faire l’unanimité en France… contre lui. En effet, face à cette démonstration de force stérile, ce qui a marqué le regard de tous fut la sagesse du général de Villiers : à aucun moment il n’a répondu sur le même ton, et il a présenté sa démission avec dignité quand le temps fut venu.

Ainsi il a montré l’exemple devant tous de ce que disait le Roi Salomon dans les Proverbes :

« L’homme stupide fait étalage de tout ses sentiments ; le sage se retient de montrer les siens » et aussi cet autre proverbe : « l’orgueil d’un homme l’humilie ; l’esprit humble se saisit de la gloire ».

Car il est certain que malgré l’humiliation de sa décision, le général de Villiers a quitté son armée dans la gloire : bien que flétri par la République, il est parti sous les applaudissement de l’armée, au milieu de l’admiration du peuple, salué par tout le parlement. C’est un homme valeureux qui a quitté le commandement de notre armée, et je prie pour que son remplaçant ait la même sagesse.

La vision du monde chrétienne n’est pas uniquement une fantaisie pour les chrétiens, elle est réellement et définitivement la clé de la lecture du monde, nous permettant de lire et comprendre même des évènements extérieurs à notre foi comme la démission du général de Villiers.

Merci d’avoir écouté les fils d’Issacar. Vous pouvez nous suivre sur Facebook en aimant la page « les Fils d’Issacar ». Si vous avez apprécié l’épisode, n’hésitez pas à le partager.

Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D’ici là, je vous souhaite une excellente semaine.

Etienne OMNES

Phileosophiablog.wordpress.com


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