Podcast « Les Fils d’Issacar » : Moralisation le bal des pharisiens de la république

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Bonjour à tous, je suis Etienne Omnès, et vous écoutez les Fils d’Issacar, une analyse hebdomadaire de l’actualité sous un point de vue chrétien.

Cette semaine, Paris a gagné l’immense privilège de s’endetter pour plusieurs décennies afin de pouvoir organiser une olympiade tapageuse dont personne ne se souviendra. Le sujet peut être traité sous un point de vue chrétien, mais il ne me semble pas que ce soit l’actualité la plus importante de la semaine. Le sujet que je voudrais aborder cette semaine est un sujet qui a déjà été abordé partiellement par Timothée Davi, et qui ne cesse de faire irruption dans le récit médiatique depuis maintenant deux mois : je veux parler de la loi de moralisation de la vie publique, qui a été définitivement adoptée cette semaine.

Moralisation de la vie publique : le grand bal des pharisiens de la République

Ce sujet est plus intéressant que le précédent principalement parce qu’il en dit beaucoup plus long sur la nature humaine, et à quel point l’enseignement biblique sur la nature de l’homme diffère de la vision républicaine de cette même nature. Reprenons les faits.

Emmanuel Macron dans la phase finale de sa campagne avait promis une grande loi de moralisation de la vie publique, visant plus spécifiquement les parlementaires. Derrière cette proposition qui n’était qu’un mot clé à l’époque, il y avait une attaque dissimulée contre François Fillon, dont les accusations d’emplois fictifs avaient littéralement sabotés sa campagne. Il s’agissait donc de faire en sorte que des futurs François Fillon ne puissent plus exister, de moraliser notre vie publique comme on rationalise une chaîne de production, afin de la rendre plus sûre.

Cela fait maintenant deux mois que députés, gouvernement, média et opinions populaires s’entrechoquent les uns les autres, et quel que soit le résultat, il y a déjà une certaine déception dans l’air. Ce qui m’a surpris, et m’a motivé a écrire ceci, c’est que sur énormément d’aspects, les critiques de Jésus aux pharisiens pourraient être adressées aux hommes politiques de la Ve république. Voyons ensemble :

Les pharisiens de la République

Jésus a dit aux pharisiens :

Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Vous courrez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois pire que vous.
Matthieu 23:15

De la même façon, le parti la République en Marche a fait une immense publicité sur le renouvellement des députés : eux les marcheurs faisaient s’asseoir dans l’assemblée la société civile, et non des politiques professionnels ! Ils avaient courru Twitter et Facebook (du moins c’est la version officielle) pour faire un candidat aux législatives, et quand ce candidat est devenu député… Et bien nous avons vu les membres de cette « société civile », soi disant pure et vertueuse, défendre les privilèges des députés avec le même acharnement que s’ils avaient été dans le Palais Bourbon depuis quarante ans ! Ainsi, ils ont voté CONTRE l’inéligibilité des personnes ayant un casier judiciaire. Quel dommage que de faire un prosélyte du renouvellement, pour en faire un fils de la politique deux fois pire que soi. Woups.

Jésus a dit aux pharisiens :

Quel malheur pour vous, spécialistes de la loi ! Vous chargez les gens de charges difficiles à porter, mais vous n’y touchez pas vous-même du doigt !
Luc 11:46

La critique s’applique aussi à notre gouvernement : une chose qui me choque depuis le début, c’est à quel point on exige des députés de se moraliser, mais on oublie complètement les ministres et les hautes administrations. N’auraient-elles pas elles aussi besoin de se moraliser ? Pourquoi les ministères imposent-ils des règles de transparence aux députés qu’ils ne sont pas prêts à s’appliquer à eux-même ? Woups.

Jésus a dit aux pharisiens :

Quel malheur pour vous, scribes et pharisiens, hypocrites ! Vous payez la dîme de la menthe et du cumin, et vous laissez de côté le plus important : la justice, la compassion, la foi. C’est cela qu’il fallait pratiquer sans oublier le reste. Guides aveugles, qui filtrez le moucheron et avalez le chameau !
Matthieu 23:23

Laissez moi maintenant vous raconter ceci : François de Rugy a suggéré que les députés renoncent à la gratuité des billets de trains dont ils bénéficient jusqu’à maintenant. Une exemption certes coûteuse, mais ce n’était pas vraiment le privilège le plus scandaleux des députés. Ca c’est le moucheron. Maintenant, laissez-moi parler du chameau : les députés lors des débats se sont aperçus qu’ils pouvaient être librement financés par les lobbies marchands et financiers, et qu’il était tout à fait légal qu’un député soit financé par un groupe pétrolier tout en rapportant un projet de loi sur l’écologie. Ils ont quasi unanimement annulé cette possibilité… CONTRE l’avis du gouvernement. Oui vous avez bien entendu : le gouvernement était prêt à filtrer le moucheron de la gratuité de la SNCF, mais ne voulait surtout pas toucher au chameau du financement des lobbies. Woups.

Jésus a dit aux pharisiens :

Quel malheur pour vous, scribes et pharisiens, hypocrites !  Vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, alors qu’au-dedans ils sont pleins de rapacités et d’excès
Matthieu 23:25

Vous souvenez vous de Richard Ferrand ? Voilà un homme qui a critiqué Fillon pour sa rapacité financière et ses excès moraux, et qui a réclamé à cor et à cri sa sortie de la vie publique. Et voici le même homme, devenu ministre de la république, mis devant des faits semblables ! Il a d’ailleurs été très divertissant de voir que Ferrand se défendait exactement comme Fillon. Cela dit, contrairement à Fillon, Richard Ferrand a simplement perdu son ministère pour prendre la tête de La République En Marche à l’Assemblée, où il… dirige la majorité sur les votes de la loi de moralisation de la vie publique. L’extérieur de Ferrand était brillant pendant la campagne, mais ses excès ont été également vus. Woups.

Cependant, Jésus a dit aussi :

Faites et observez donc tout ce qu’ils vous diront, mais n’agissez pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas.
Matthieu 23:3

Je n’ai pas l’intention de conclure sur l’idée que cette loi de moralisation est une mauvaise chose, certainement pas. Ce que je reproche à cette loi, c’est de se baser sur une vision complètement fausse de la nature humaine.

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La théorie républicaine sur le péché cogne contre la Réalité de Dieu

Petit rappel : depuis Robespierre, la tradition politique française considère la corruption comme un problème de catégorie de personnes. Le problème n’est pas le péché qui est dans le cœur de chaque homme, mais que les « mauvais » doivent être remplacés par les « bons ». Ainsi, le parti d’En Marche et tous ceux qui ont voté pour lui croyaient sincèrement qu’en remplaçant les vieux politiciens par les nouveaux « civils », le problème serait réglé. Après tout, ils avaient chassé les corrompus, et les avaient remplacés par des nouveaux. N’était ce pas un progrès ? La déception a été vraiment très amère lorsqu’ils se sont rendu compte qu’il ne suffisait pas de changer les chiens pour qu’ils arrêtent de renverser la gamelle. Dans la vision du monde rousseauiste qui domine le monde politique de la République Française, c’est même incompréhensible : on a chassés les corrompus, on les a remplacés par des vertueux. Pourquoi ces comportements continuent-ils ? C’est ici que la vision du monde chrétienne apporte un éclairage complet et utile à tous.

Nous affirmons en même temps que le psalmiste et l’apôtre Paul :

Qu’il n’y a pas de justes, pas même un seul ; il n’y en a pas un qui soit intelligent. Tous se sont égarés, ensembles ils se sont pervertis, il n’y en a pas un qui cherche le bien, pas même un seul.
Psaumes 14:3

Dans la vision du monde chrétienne, le groupe des « vertueux » n’existe tout simplement pas, même dans l’église chrétienne ! La source suprême du péché, c’est le cœur même de l’homme, qui ensuite peut l’imprimer dans des institutions et des traditions, si bien que n’importe quel successeur dans ces institutions se retrouve à pratiquer le même péché que ses prédécesseurs. C’est ainsi que moins d’un mois après avoir remplacé les vieux politiques, les nouveaux « société-civile » défendaient leurs privilèges avec la même détermination, parce qu’ils s’étaient coulés dans le modèle et les traditions de l’Assemblée Nationale.

Nous pouvons changer de députés autant que nous voulons. Nous pouvons même remplir l’Assemblée Nationale de migrants et d’ouvriers. Nous retrouverons toujours la même corruption. Si nos élites autant que notre peuple avait eu conscience de cette vision du cœur de l’homme avant les élections, nous ne nous serions pas laissés trompés par des promesses de renouvellement, et nous aurions évité des déceptions.

Mais parce que nous ignorons cette vérité enseignée par Dieu, la « Moralisation » de la vie publique est devenue une « moralification ». Quelle est la différence entre les deux termes ? Moralisation désigne un processus complet, un changement du cœur jusqu’à l’extérieur. C’était le souhait d’Emmanuel Macron, et je ne le critiquerai pas dessus : c’est une bonne idée. La moralification (j’avoue que je viens d’inventer le terme) désigne en revanche une démarche purement extérieure : faute d’avoir la puissance de changer le cœur de l’homme, et surtout celui du député, on se concentre sur les aspects extérieurs. On multiplie les lois parce qu’il n’a pas La Loi au fond de son cœur. Faute de pouvoir moraliser l’homme, nous le moralifions. Nos députés au final auront l’apparence des honnêtes. Mais Richard Ferrand aussi avait cette apparence. Changer la définition de l’honnêteté ne suffira pas à amener la vraie Honnêteté dans le cœur de l’homme.

Conclusion : Bof pour la moralification, oui à la moralisation, prions pour la conversion

Alors quoi ? Devons nous y renoncer ? Devons nous condamner définitivement cette loi de moralisation ? NON ! Certainement pas !

Malgré son manque de puissance, la loi est un rempart contre le mal. Jamais en tant que chrétien je ne m’opposerai à ce qui limite le mal. Jamais je ne demanderai à mes dirigeants de laisser tomber leurs exigences éthiques, aussi limitées et bafouées qu’elles soient. Je prie le Seigneur qu’ils accouchent tous ensemble d’une bonne loi de moralisation, vraiment juste, et qu’elle soit vraiment appliquée. C’est mon devoir de chrétien.

Mais je ne me laisserais pas non plus séduire par un discours qui prétend que plus de loi équivaut à moins de mal. La vraie solution contre la corruption est de changer le cœur de l’homme. C’est une chose qui est strictement impossible à l’homme, mais possible à Dieu. Par l’obéissance parfaite de Christ jusqu’à la Croix, nous sommes rendus capables à notre tour d’obéir pleinement à Dieu. Par le Saint-Esprit, nous pouvons passer de la moralification à la vraie moralisation de notre personne.

Assez de discours, voici la conclusion finale à tout ce que j’ai dit : Je suis sceptique de la moralification de la vie publique, mais je soutiens pleinement la moralisation, et je prie pour la conversion de nos élites !

Merci d’avoir écouté les fils d’Issacar. Vous pouvez nous suivre sur Facebook en aimant la page « les Fils d’Issacar ». Si vous avez apprécié l’épisode, n’hésitez pas à le partager.

Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D’ici là, je vous souhaite une excellente semaine.

Etienne OMNES

Phileosophiablog.wordpress.com


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