Bonjour, nous sommes le samedi 12 août 2017, et un nouvel épisode du podcast de « Les fils d’Issacar » voit encore une fois le jour, une analyse hebdomadaire d’événements et nouvelles depuis une vision du monde chrétienne tenue par Etienne Omnès et moi-même (Timothée Davi) !
Bonne écoute/lecture !
Cédric Herrou, le chrétien et le migrant
Ce vingtième épisode des Fils d’Issacar – la première vingtaine est derrière nous ! – se questionnera sur l’aide apporté aux migrants par Cédric Herrou. Il ne s’agira pas ici d’y réfléchir ex nihilo¸mais bien en tant que serviteur du seul Seigneur, Jésus-Christ. Et à ce titre, soumis premièrement à son autorité et à sa Parole.
Quel sujet polarisateur ! Que de controverses et discussions sans fin où les deux camps se parlent et s’écrivent sans s’entendre et se lire. Les uns scandent : « La nation française et l’ordre sont souverains. Tout migrant ne passera que par eux. » Tandis que les autres surenchérissent : « L’amour et l’ouverture sont souverains. Tout migrant passe en France quand bon lui semble ! » Caricatures odieuses me diront bien entendu les deux camps, elles ont cependant pour dessein d’illustrer combien les positions sont à leur cœur radicalement antithétique, en conflit.
Mais, mais, mais, quelques rappels des faits s’imposent pour nos auditeurs.
Avec ses lunettes rondes et son look de « hipster », Cédric Herrou confirme que l’habit ne fait pas le moine. En effet, ce dernier est de façon surprenante un agriculteur des Alpes-Maritimes le jour et… un passeur de migrants la nuit. Ce mardi 8 août, la cour d’appel d’Aix-en-Provence l’a condamné à quatre mois de prison avec sursis suite à son aide récente apportée à quelque 200 migrants érythréens et soudanais. Ce dernier les avait en effet fait passer la frontière italienne par la vallée de la Roya.
L’agriculteur n’en est pas à sa première action contre l’état et savait très bien ce qu’il faisait et les risques qu’il encourrait. Cédric Herrou a été condamné plus d’une fois pour de multiples aides illicites offertes à divers groupes de migrants. Comme il l’a dit lui-même : « Ils n’ont qu’à me mettre en prison. » Ce français ne se soucie pas de sa sentence le moins du monde.
Cependant, l’agriculteur a énoncé de façon plus intéressante pour nous chrétiens et pour la présente analyse le principe suivant : « C’est le rôle d’un citoyen d’agir lorsqu’il y a défaillance de l’État. » Déclaration pleine d’implications et de questions que celle-là. C’est vraiment autour de cette déclaration que tourne le débat à l’échelle du pays.
Pour ceux qui ignoraient la controverse, vous êtes à présent en mesure de saisir la nature du conflit opposant ceux qui qualifient allégrement Cédric Herrou de « délinquant » (je fais référence au site « Causeur ») et ceux qui le hissent en radiant héros national (« Le Monde »). Comme le dit l’adage anglais : « un terroriste pour l’un est un héros pour l’autre ». Loin de moi l’idée de donner dans le relativisme pourtant : en tant que chrétien, nous avons une base solide, objective parce qu’externe nous permettant de trancher : la Parole de Dieu.
Et pourtant, de véritables chrétiens soumis à l’autorité de notre Seigneur et à sa Parole se retrouvent, exactement comme la population française, divisés en deux : les « pour » et les « contre » Cédric Herrou. Dès lors, dans ce conflit de deux opinions qui se balancent, voyons d’abord ce qui est certain et partagé par les deux positions chrétiennes.
D’une part, que le chrétien se doit d’être un citoyen exemplaire et se soumettant à l’état va sans dire ; les cas bibliques pullulent. Néanmoins, d’autre part, que ce même chrétien peut désobéir à cet état lorsqu’il est injuste est établi également. Et c’est de là que naît la tension ayant animé les milieux évangéliques sur l’affaire Herrou.
À ce propos, je propose d’analyser un texte qui sera clef pour discuter de cette polémique et de la position chrétienne que nous pouvons être en mesure d’adopter : Romains 13, 1-7 : « 1 Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. 2 C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. 3 Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation. 4 Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. 5 Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. 6 C’est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car les magistrats sont des ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. 7 Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. »
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Comme il apparaît de façon manifeste dans ce texte de Paul, les autorités, aussi contestables soient-elles, découlent pourtant de Dieu. C’est la raison pour laquelle Jésus répond à Pilate, préfet de la province de Judée : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. » en Jean 19, 11. Il nous revient donc de rendre à tous ce qui leur est dû comme le dit Paul, citant peut-être notre Seigneur lui-même quand il disait : « Rendez à César ce qui est à César. » (Mc 12, 17). Ce principe est essentiel et le royaume de Dieu ne saurait prospérer si les royaumes terrestres et l’ordre ne sont pas maintenus. C’est la raison pour laquelle ces mêmes autorités, ces ordres établis sur terre découlent, sont voulus par/de Dieu. L’ordre établi par l’Empire romain, et ô combien cet ordre était pécheur, était la condition sine qua non de la propagation de l’évangile aux premiers siècles après Jésus-Christ. J’espère que ce point est bien établi.
Cependant, et c’est seulement après avoir établi ce qui précède que l’on peut énoncer ce « cependant », Paul l’écrit lui-même l’on craint l’état quand on fait le mal, car il apporte idéalement la justice. Mais quésaco quand l’on fait le bien et cet état nous punit ? À cet égard, Jésus en est un exemple frappant, lui qui a été crucifié parce qu’il faisait le « bien ». Et que dire des premiers chrétiens, eux qui refusaient d’obéir à la demande de l’Empire romain d’offrir des sacrifices à l’empereur.
Bref. Il ne me reste pas beaucoup de temps et il s’agit à ce point de conclure. Se soumettre à l’état est essentiel. L’ordre dans le monde est voulu et maintenu librement par Dieu. Cependant, et on ne le sait que trop bien : tout ordre n’est pas toujours bon et il y a des fois où il s’agit de s’élever « contre » cet ordre, mû par des préceptes plus hauts que tout état : la Parole de Dieu. Ma conclusion est la suivante, elle est volontairement alambiquée et je ne tranche pas sans hésitations : Cédric Herrou ou tout qui aide un migrant à passer illégalement en France ne contribue pas à l’ordre, mais au désordre. Sur le long terme, de tels comportements répétés et « irrégulés » ne semblent pouvoir conduire qu’à déstabiliser l’ordre de la société voulu par Dieu afin que le royaume de Dieu puisse s’étendre.
Cependant – et ce même « cependant réapparaît ici – tout acte de contestation contre l’état tend à avoir cet effet de désordre et n’est pas pour autant « mauvais ». L’abolition de l’esclavage, l’une des plus nobles victoires modernes, n’a pas été sans créer du désordre, mais je crois résolument que Dieu était glorifié dans cet acte de contestation, car cet acte était profondément « bon ». De la même manière, je crois fermement que Dieu est glorifié lorsqu’un français, Cédric Herrou, se lève et accueille nos prochains à chacun, créés à l’image de Dieu. Peu importe les raisons qui l’animent. L’homme peut accomplir la plus belle des œuvres… pour son orgueil. Peu importe l’homme, ce non-chrétien qui agit, soit par amour véritable pour ces personnes, soit pour son idéologie, soit pour son orgueil. Je pense que Dieu peut utiliser et utilise peut-être un tel homme pour sa gloire. Ainsi alors que je réfléchissais sur la question, le Saint-Esprit m’a mis à cœur ce passage (il a pour ainsi dire surgi dans mon esprit) et c’est sur ce dernier que je conclurai (Mt 25, 34-40) :
« 34 Alors le roi [le roi des rois, le Seigneur de toutes les nations !] dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. 35 Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; 36 j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. 37 Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? 38 Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ; ou nu, et t’avons-nous vêtu ? 39 Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ? 40 Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. »
Merci d’avoir écouté Les fils d’Issacar. Pour retrouver l’intégralité des épisodes, rendez-vous sur le journal en ligne « Infochrétienne » (trois fois w point Infochretienne point com) et sélectionnez « Timothée Davi » dans le menu « Chroniqueurs ».
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Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode des fils d’Issacar qui sera présenté cette fois par Etienne Omnès. Que la Parole de Dieu et l’Esprit de notre Seigneur puisse vous guider dans toutes vos réflexions et toutes vos actions, et ce pour sa gloire.
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