Podcast « Les Fils d’Issacar » - Charlie Gard : le droit de mourir devient une interdiction de vivre

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Bonjour à tous, nous sommes samedi 15 juillet, je suis Etienne Omnès, et vous écoutez les fils d’Issacar, une analyse hebdomadaire de l’actualité sous un prisme chrétien.

Comme Timothée vous l’annonçait dans l’épisode précédent, nous changeons notre formule, et avons opté suite à vos retours à un format plus court et plus centré sur un seul sujet, en même temps que nous mettons le script à la suite du podcast. Il semblerait que le podcast soit en effet plus attractif, et nous vous remercions tous pour votre écoute autant que pour vos retours.

Charlie Gard : le droit de mourir devient une interdiction de vivre

Le sujet que j’aimerais partager cette semaine est au sujet de l’euthanasie, dont l’actualité ne cesse de rebondir à chaque nouvelle affaire complexe. Après l’affaire Lambert (qui n’est toujours pas terminée), c’est l’histoire de Charlie Gard qui a attiré énormément d’attention au niveau mondial. Résumons l’histoire.

Charlie Gard est un bébé anglais de 7 mois, le fils de Chris Gard et Connie Yates. Il est atteint d’une maladie génétique rare qui l’a amené dans un état proche de l’inconscience et qui à l’heure où je vous parle, le met aux portes de la mort. Il n’y a pas de traitement officiel pour cette maladie, mais les parents ont appris qu’il existait un traitement très expérimental aux Etats-Unis, et ont formulé le souhait que leur enfant fasse partie de l’expérience. Le Great Ormond Street Hospital, où séjourne Charlie, a refusé en argumentant le fait que cette possibilité de traitement n’était qu’une chance infime de le sauver, et que la meilleure chose à faire était de couper les machines qui assurent son maintien en vie.

Les parents et l’hôpital n’arrivant pas à se mettre d’accord, l’affaire est arrivée devant un tribunal. Et ici commence le scandale. Avant de décrire le jugement du tribunal, j’aimerais juste rappeler une parole de Jésus : « Mets-toi rapidement d’accord avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice et que tu ne sois mis en prison. Je te le dis en vérité, tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime. » Hélas, cet avertissement de Jésus sur la dureté et l’inadaptation de la justice humaine sonne vraie pour les Gard.

La Haute Cour de Justice a statué que l’intérêt supérieur de l’enfant n’était pas de tenter une chance de vivre, mais de mourir dans la dignité. Comme les parents refusaient de laisser faire cet arrêt de soin (qui est une mise à mort), la Haute Cour a alors nommé un autre représentant légal pour qu’il ait autorité afin de procéder à cette mise à mort.

Dans le monde occidental, nous nous glorifions d’avoir aboli la peine de mort, sous prétexte que l’Etat n’était pas qualifié à retirer la vie d’un homme. Et voilà maintenant que la Haute Cour – donc l’Etat – non seulement se prononce sur la vie d’un bébé et le condamne à « la dignité ». C’est n’est plus de la folie. C’est de la crétinerie : nous refusons de tuer les criminels, mais nous tuons les nourrissons ? Quelle incohérence !

Les parents de Charlie ont alors saisi la cour européenne des droits de l’homme. En effet, il est absolument choquant de voir les droits parentaux être piétinés aussi allègrement par l’arbitraire de l’état. Et bien sûr, conformément à ses habitudes de « cour des droits de l’homme », elle a piétiné les droits humains pour y favoriser l’arbitraire de l’état. Le Vendredi 29 juin dernier, la CEDH –Cour Européenne des Droits de l’Homme a confirmé l’arbitrage de la Haute Cour anglaise, et la mort de Charlie Gard était programmée le soir même. L’hôpital est même allé jusqu’à interdire aux parents de laisser leur enfant mourir chez eux, probablement de peur qu’ils ne traversent l’Atlantique à la nage avec un nourrisson lourdement assisté.

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A l’heure où j’écris ces lignes, Charlie est toujours en vie. Que s’est-t-il passé ? L’affaire est devenue ce jour-là un scandale planétaire, et au moment même où tout était fini, le Seigneur a lancé de nouveaux rebondissements qui détruisent tout ce qui a été fait. Deux individus ont parlé : le premier est le président des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump et le deuxième est l’évêque de Rome Jorge Bergoglio, plus communément appelé « Pape François ». Via Twitter, chacun a soutenu le choix des parents de tenter la survie, et Donald Trump disait même qu’il était prêt à aider, ce qui a du sens quand on parle de l’homme le plus politiquement influent de la planète. Normalement, ni le pape ni le président des Etats-Unis n’ont la moindre parcelle de pouvoir sur la justice européenne. Et pourtant, voilà l’exécution du jugement arrêtée en rase campagne. Que cela soit une leçon pour nous : derrière toutes les apparences de « système » et d’engrenages, nos cours de justices et nos hôpitaux sont des entreprises humaines, qui réagissent de façon humaine. Lorsque le plus fort des garçons de la cour de récré crie, tout le monde l’écoute, au cas où.

Cela dit, même si les médecins du Great Ormond Street n’osent pas débrancher, le jugement reste en vigueur. L’hôpital du Vatican a proposé d’accueillir le bébé, mais l’angleterre a refusé : le jugement de mise à mort doit être exécuté. Les spécialistes américains derrière ce traitement expérimental ont proposé d’envoyer le médicament et son protocole aux médecins britanniques, de manière à pouvoir soigner Charlie Gard sans quitter le territoire. Je ne connais pas à l’heure actuelle la réponse de l’hôpital anglais, mais on peut dire que si jamais Charlie Gard était débranché et mis à mort, ce ne sera pas faute d’avoir eu d’autres recours auparavant.

La situation est devenue une valse complexe, parce que chacun des participants tâche de garder la face : l’hôpital cherche un moyen de se faire oublier alors que la communauté occidentale le surveille de près et délègue son jugement à la Haute Cour de Justice. Encore. Donald Trump s’est entretenu avec le premier ministre britannique, Theresa May, qui après l’entretien a dit en gros qu’elle était favorable, mais qu’elle se remettait au jugement de la Haute Cour en qui elle mettait toute sa confiance. En langage politique ca veut dire :

« Lâchez l’affaire vite ».

L’hôpital a alors reçu de nouvelles preuves de l’efficacité de ce traitement, probablement dans la corbeille de leurs boîtes mails. « Au vu des nouveaux éléments » les médecins ont demandés à la Haute Cour de changer sa décision. Ainsi, tout le monde devrait sauver la face, le premier jugement sera la faute à « pas assez d’informations », maintenant s’il vous plaît veuillez arrêter de nous regarder et laissez-nous faire notre travail en paix. Le jugement aurait dû avoir lieu Lundi. On l’a reporté à Jeudi pour que les parents fournissent les preuves. L’audience de ce Jeudi s’est semble-t-il mal passé, verdict ce samedi.

Pour nous chrétiens, il y a plusieurs leçons : la première d’entre elles nous vient de Jésus : Il ne faut pas faire intervenir l’Etat là où l’on peut s’entendre entre personnes. A partir du moment où nous établissons un droit – que ce soit le droit à la libre expression ou le droit à « mourir dans la dignité »- nous établissons aussi l’Etat comme arbitre et protecteur de ce droit. Et partir du moment où il a le pouvoir de protecteur, il protègera ce droit, quitte à bafouer celui des citoyens. C’est ainsi que l’état anglais s’est trouvé en position de forcer Charlie Gard à utiliser son droit à mourir dans la dignité. Le droit de mourir dans la dignité est aussi une interdiction de vivre, selon l’humeur du juge.

Nous devons faire particulièrement attention à tous ces mouvements qui ne cessent de réclamer des droits dans tous les sens : certains sont bons et il peut être juste que l’état soit le garant de certains droits. Mais très souvent, en voulant étendre les droits humains on étend en fait le pouvoir de l’état. Nous devons craindre qu’en voulant jouir de la totalité des droits humains, nous obtenions en fait le totalitarisme de l’Etat.

Dans une vision chrétienne, nous devons aussi affirmer avec force la primauté de l’autorité de la famille, et du père en premier sur l’autorité de l’Etat, et du juge en particulier. L’autorité des parents est première, ne serait-ce que chronologiquement. La Famille date d’Adam et Eve, alors que l’Etat date de Louis XIV. Tout être humain naîtra forcément au cœur d’une famille et n’aura pas trop d’autre choix que de vivre selon ses règles, alors que l’Etat est une construction humaine dont nous reconnaissons l’autorité, auquel nous accordons la soumission. Pour résumer simplement les choses : en matière d’autorité sur les enfants, l’autorité de l’Etat commence là où s’arrête celle des parents, et tant pis pour les partisans de « l’homme nouveau ».

Cela s’appelle le principe de subsidiarité, et il découle d’une vision du monde chrétienne. Nous devons l’affirmer, le défendre et le vivre en toutes occasions, sans quoi ce sera le Roi qui décidera quoi faire de nos enfants, comme Samuel le promettait aux israélites qui voulaient Saül comme roi. Rappelez vous ce que disait Samuel :

« Il fera de vos fils des laboureurs, et de vos filles des servantes. »

Et bien si nous, nous donnons à l’Etat trop de pouvoir, il fera de nos fils des techniciens, et de nos filles des non-femmes. Que le Seigneur nous donne la force de rester des familles.

Merci d’avoir écouté les Fils d’Issacar. Pour retrouver l’intégralité de nos épisodes, rendez vous sur le journal en ligne Infochrétienne, et sélectionnez Timothée Davi dans le menu « chroniqueurs » Vous pouvez aussi me retrouver sur mon site « Phileosophia » (phileosophiablog.wordpress.com). Découvrez cette semaine un article exceptionnel de Charles-Eric de Saint Germain, qui apporte toute son expertise de philosophe pour répondre à la question :

« Les valeurs morales sont-elle réelles ? »

Vous pouvez aussi nous suivre sur Facebook en aimant la page « les Fils d’Issacar ». Si vous avez apprécié l’épisode, n’hésitez pas à le partager.

Nous vous donnons rendez vous la semaine prochaine pour un épisode présenté par Timothée Davi. D’ici là, je vous souhaite un excellente semaine.


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