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Le 13 février, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a été reçu à la Maison-Blanche par Donald Trump. Cette visite portait principalement sur les relations commerciales entre les deux pays. Pourtant, cette rencontre aurait pu être l’occasion pour le président américain d’aborder un sujet sensible : la persécution des chrétiens en Inde.
Selon Joel Veldkamp, responsable des communications internationales de Christian Solidarity International, la situation des chrétiens et d’autres minorités religieuses en Inde s’est fortement dégradée ces dernières années. "Depuis une dizaine d’années, les violences contre les chrétiens se multiplient", affirme-t-il. Près de 40 000 chrétiens ont été contraints de fuir leur domicile et vivent aujourd’hui dans des camps de réfugiés où l’accès aux soins est quasi inexistant.
"La plupart d’entre eux n’ont pas accès aux médicaments ni aux fournitures de base. Les taux de mortalité dus au cancer, à l’insuffisance rénale et à d’autres maladies curables ont explosé", alerte Veldkamp.
Alors que Trump a promis d’être un président qui défend les chrétiens persécutés dans le monde, sa rencontre avec le Premier ministre Indien, Narendra Modi, qui a eu lieu le 13 février dernier aurait pu être l’occasion de faire pression sur le gouvernement indien ou au moins d'évoquer cette question brûlante. Pourtant, le sujet n’a pas été évoqué.
"Cette semaine est cruciale pour les relations américano-indiennes", souligne Joel Veldkamp. "Trump entretient une bonne relation avec Modi, et il a promis de protéger les chrétiens persécutés dans le monde. Mais cette visite était une opportunité manquée."
Une minorité considérée comme une menace
L’Inde, où 80 % de la population est hindoue et seulement 2 % est chrétienne, est classée onzième dans l’Index Mondial de Persécution des chrétiens 2025 de Portes Ouvertes.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi, "les attaques contre les chrétiens se sont multipliées", affirme l'organisation.
Sous le gouvernement de Narendra Modi et son parti Bharatiya Janata Party (BJP), une idéologie nationaliste hindoue appelée Hindutva s’est développée, entraînant une stigmatisation croissante des minorités religieuses. "Le BJP se présente comme le seul parti capable de défendre l’identité hindoue de l’Inde, et cette rhétorique a besoin d’un ennemi. Malheureusement, la très petite population chrétienne en devient la cible", explique Joel Veldkamp.
Cette montée de l’intolérance se traduit par des agressions et des actes de violence de plus en plus fréquents. Un des derniers exemples de violence contre les chrétiens dans le pays a eu lieu le 2 janvier dernier. Une femme chrétienne de 25 ans, a fait une fausse couche après avoir été violemment agressée en raison de sa foi chrétienne. Le mari de la victime, Mandu Ram Kashyap, a porté plainte contre les agresseurs. Cependant, les autorités locales semblent ne pas avoir donné suite à l’affaire.
Mélanie Boukorras