Père Pedro, le « père des pauvres », un miracle pour Madagascar

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De l’air pur, une atmosphère calme et paisible, l’émerveillement dans un village non loin de la ville, tels furent mes sentiments quand j’entrais pour la première fois dans le « village du Père Pedro ».

Des sourires sur les visages des personnes qui nous saluaient par leur fenêtre, l’éclat de rire d’enfants courant après un ballon, des habitants heureux de construire eux-mêmes leur maison, cette terre rouge où ils pouvaient enfin dire « à la maison » ! Puis plusieurs écoles, mais aussi des dispensaires, et même une salle informatique, cet endroit n’avait plus rien à envier à la ville, à quelques kilomètres de là…

Pourtant, cela n’a pas toujours été ainsi, en effet, le croirez vous ou non, les habitants de cet endroit sont issus des milieux les plus défavorisés d’Antananarivo, et une grande partie d’entre eux ont vécu dans la décharge publique de la ville. De sans-abri, se nourrissant de détritus et vivant parmi les ordures, ils sont devenus de vrais citoyens, à qui « la Vie » a rendu leur dignité, leurs droits et leur liberté. Mais par quel miracle tout cela va-t-il pu se faire ? Ce miracle s’appelle Pedro Opeka, plus connu sous le nom de Père Pedro, en quelque sortes la main de Dieu pour venir en aide aux pauvres de Madagascar.

Ayant senti sur sa vie l’appel de Dieu pour aider les pauvres, c’est en 1989 que le Père Pedro a créé l’association AKAMASOA (Le Bon Ami), afin de sortir ces personnes démunies des lieux indécents où elles vivaient, afin de leur rendre leur dignité. Pour ce faire, trois éléments étaient indissociables : un toit, un travail, une éducation. N’ayant aucun moyen financier à sa disposition, le Père Pedro commença son œuvre dans l’optique d’aider sans assister, et de pousser les pauvres à construire leurs structures : maisons, écoles, lieux de travail, dispensaires.

Mais pour ce faire, il fallait que cette population quitte la décharge où elle avait établi demeure et aille vers la campagne où elle échapperait à la mendicité et la criminalité. C’est donc à quelques kilomètres au nord d’Antananarivo que le travail commença : s’éloigner des promesses illusoires de la ville, de l’enfer de la pollution et des ordures, et retrouver une vie, LA vie.

Aujourd’hui, après 26 ans d’existence, AKAMASOA est venue en aide à 500 000 malgaches, 3 000 habitations ont été construites, 25 000 personnes habitent dans les villages et plus de 12000 enfants sont à ce jour scolarisés dans leurs écoles. Chaque village comporte des écoles, un dispensaire, des lieux de travail pour les adultes : artisanat, carrière, menuiserie, agriculture etc. En 2004, l’association a été reconnue d’utilité publique par l’Etat malgache.

Les réalisations de l’association sont considérables mais la lutte est quotidienne, que ce soit dans le cadre même des villages, mais également des besoins de l’extérieur qui ne cessent de croître, Madagascar étant dévasté par la misère. En effet, les conditions de vie de la population malgache ne cessent de se dégrader, et à ce jour 9 malgaches sur 10 vivent avec moins de 1,5 $ par jour. C’est donc maintenant, et plus que jamais, que le combat doit se faire. Parmi les nombreuses structures durables et solides déjà en place, nous pouvons trouver :

– Des Centres d’Accueil pour recevoir les gens de la rue et leur fournir une aide temporaire d’urgence (repas, vêtements, soins)

– Des Logements pour les familles pauvres.

– Des Ecoles pour scolariser les enfants, de la crèche à l’université, ainsi que des Centres de formation professionnelle.

– Des Dispensaires pour permettre l’accès aux soins.

Des structures semblables doivent encore être érigées, et de nombreux instituteurs, professeurs, médecins, doivent encore être recrutés, mais nous avons foi que Dieu œuvre avec eux « Car nous sommes ouvriers avec Dieu. » 1 corinthiens 3:9

Au-delà de l’aide matérielle, c’est toute une éducation basée sur des principes bibliques que les éducateurs, sous la responsabilité du Père Pedro, désirent transmettre à la population. La discipline à suivre à AKAMASOA s’appelle la Dina, il s’agit d’une convention élaborée par les habitants eux-mêmes : pas de drogue, pas d’alcool, pas de jeux et pas de prostitution.

La transmission de la foi chrétienne tient également une grande place à AKAMASOA. C’est cette foi qui permet aux habitants de prendre conscience de leur responsabilité et aussi d’animer leur courage. Tous les dimanches, environ 7000 personnes se réunissent pour une messe au stade couvert de Manantenasoa. Les adultes participent à son organisation et chaque semaine, les enfants préparent de nouvelles danses pour faire de chaque célébration un temps de louange et d’adoration unique.

C’est sans argent, mais armé de foi et d’amour que le « Père des pauvres » a commencé cette œuvre, Dieu a pourvu et l’a soutenu jusqu’à ce jour. Enfin, je voudrais clore sur ces paroles de Jésus :

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, vous qui êtes bénis par mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ! En effet, j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ; j’étais nu et vous m’avez habillé ; j’étais malade et vous m’avez rendu visite; j’étais en prison et vous êtes venus vers moi.’ Les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu affamé et t’avons-nous donné à manger, ou assoiffé et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous accueilli, ou nu et t’avons-nous habillé ? Quand t’avons-nous vu malade ou en prison et sommes-nous allés vers toi ?’ Et le Roi leur répondra : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Matthieu 25:34-40

Anne-Muriel RAHAINGONJATOVO

La rédaction


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