L’association Akamasoa fêtera bientôt ses 30 ans. Trois décennies consacrées par Père Pedro et ses amis malagasys, à redonner de l’espoir. Trois décennies à bâtir brique après brique « un monde de fraternité, un monde plus juste, qui partage et qui aime. »
Quand Père Pedro a visité la décharge de Tananarive en 1989, il a su immédiatement qu’il devait agir. Agir pour sortir les chiffonniers de ce lieu inhumain et les conduire vers une vie digne. Pour cela, il fixe 3 fondamentaux : un toit, un travail, une éducation. Pedro Opeka tient à ce que le changement vienne de l’intérieur : il veut aider, sans assister.
« Nous avons commencé notre travail aux côtés des pauvres ; nous n’étions pas en mesure de leur offrir matériellement ce dont ils avaient besoin ; [...] nous voulions aider sans assister. C’est pour cela que si nous avons travaillé pour les pauvres, cela s’est toujours fait avec eux, à leurs côtés, en les aidant à construire des structures – écoles, lieux de travail, dispensaires – à l’intérieur desquelles ils pourraient eux-mêmes reconstruire leur vie, et préparer l’avenir de leurs enfants. »
Les centres d’accueil et les villages d’Akamasoa
Au début de l’histoire d’Akamasoa, Père Pedro est parti à la campagne, avec quelques familles volontaires. Il fallait d’abord quitter la ville et ses influences néfastes : la mendicité, la criminalité, la violence. Il fallait quitter la décharge et ses fausses promesses de vie meilleure.
22 villages AkamasoaAujourd’hui, Akamasoa, c’est 22 villages à travers toute l’île dans lesquelles vivent en harmonie 3822 familles. Chaque maison dispose d’équipements sanitaires. Petit à petit, le réseau électrique s’établit. Les villageois deviennent propriétaires de leur maison. Ils s’engagent à respecter la dina, convention élaborée par les villageois eux-même : pas de drogue, pas d’alcool, pas de jeux d’argent, pas de prostitution. Et même s’il est parfois difficile de toujours respecter ces valeurs, les villages d’Akamasoa sont de véritables havres de paix.
Les centres d’accueil permettent d’apporter une aide d’urgence temporaire. Il n’est pas possible d’accueillir tout le monde dans les villages Akamasoa, mais dans ces centres d’accueil, chacun peut recevoir une aide vitale : aide alimentaire, soins de santé, produits d’hygiène, vêtements, couvertures... En 2017, près de 30 000 personnes ont été secourues dans ces centres.
« Nous recevons tous les jours des dizaines de familles, surtout des enfants, qui viennent nous demander secours. Nous constatons que la situation, en général, est très fragile et la pauvreté ne diminue pas, elle ne fait que croître d’année en année. »
Un travail est également réalisé pour accompagner le retour des familles sans travail dans leur village d’origine. Akamasoa leur apporte un soutien financier (frais de voyage, installation, alimentation) et un soutien en nature (outils, couvertures, vêtements, ustensiles de cuisine...) en attendant qu’ils puissent jouir des fruits de leur travail.
L’éducation
L’éducation est l’une des priorités d’AkamasoaL’éducation est l’une des priorités d’Akamasoa. Pour pouvoir s’installer dans un des villages, il faut obligatoirement scolariser ses enfants. Il y a bientôt 30 ans sous un arbre, Père Pedro enseignait les enfants de la décharge. Aujourd’hui, dans les villages Akamasoa, il y a désormais 5 crèches et écoles maternelles, 6 écoles primaires, 4 collèges, 2 lycées et 3 écoles supérieures. Des bourses sont attribuées à ceux qui font leurs études à l’extérieur. La qualité de l’enseignement pourvu à Akamasoa est reconnu dans toute l’île. L’année dernière, plus de 70% des élèves ont obtenu leur bac. Des étudiants, issus de l’école supérieure pédagogique d’Akamasoa, enseignent dans toute l’île après l’obtention de leur diplôme. En finançant 2000 repas par jour, les donateurs de Made In Compassion soutiennent la démarche de Père Pedro. C’est par l’éducation qu’un nouvel avenir est possible à Madagascar. Offrir à ces enfants ce qui est souvent le seul repas de la journée, c’est leur permettre d’aller à l’école au lieu de chercher de quoi survivre dans la décharge.
La santé
Il existe 7 centres de santé Akamasoa : dispensaires (au moins un dans chaque village), maternité, hôpital, laboratoire de sérologie et de tuberculose, salle d’échographie, cabinet dentaire. Malgré les efforts permanents des équipes dans ce domaine, Père Pedro déplore la situation sanitaire :
« Mais certains problèmes sanitaires et d’hygiène restent importants malgré nos efforts de prévention. La décharge reste, par exemple, un problème sanitaire en soi et pose toujours des problèmes récurrents. Les camions déposent les déchets au bord de nos écoles, alors qu’il faudrait les entasser plus loin. »
Les lieux de travail
Les villages Akamasoa sont de vrais éco-systèmes. Tout est conçu pour viser l’auto-suffisance. L’idée principale reste de construire des structures dans lesquelles chacun pourra reconstruire sa propre vie et préparer l’avenir de ses enfants.
- Tout a commencé avec la carrière. À côté de la décharge, il y avait une colline, « un dépotoir de misère ». Le gouvernement plaçait sur cette colline les gens sans domicile dans un bidonville insalubre. Mais Père Pedro a transformé cette colline en carrière : casser les pierres pour fabriquer des gravillons et des pavés pour construire les maisons et paver les rues des villages.
- Un atelier de métallique-soudure-électricité s’est ouvert, pour mettre en place le réseau électrique.
- Un atelier de menuiserie-ébénisterie, pour fabriquer les meubles des maisons et des écoles.
- Des maçons et des charpentiers bâtissent les maisons pour les nouveaux arrivants.
- Des ateliers de confections réalisent des objets destinés à la vente.
- Récemment, des fermes à spiruline ont été mises en place. Elles permettront de lutter contre la malnutrition grâce à la haute valeur nutritionnelle de la spiruline, et de faire des bénéfices grâce à la vente de ces algues.
Le reboisement et la création de pépinières
Chaque année, durant la saison des pluies, les écoliers plantent des milliers d’arbres, qui seront entretenus pendant la saison sèche. Dans les villages Akamasoa, on apprend à prendre soin de la Terre pour les générations à venir.
L’église d’Akamasao
Chaque dimanche, 10 000 personnes se rendent au gymnase pour louer Dieu ensemble. Les touristes y viennent également. Les chants et les danses des enfants sont des temps de célébration extraordinaires.
Père Pedro dresse un bilan rempli de joie, mais aussi teinté de tristesse :
« C’est une grande joie d’avoir pu donner, tendre la main à un enfant, une famille pauvre de la rue, dans une décharge. [...] Mais d’un autre côté, la tristesse de voir qu’il y a encore tant d’autres personnes qui restent dans la décharge-même, dans la rue et qui ne peuvent pas être secourus quelques fois, par manque de moyens. »
En 3 décennies, Pedro Opeka a mis en place une grande chaîne de solidarité à Madagascar. Dans les villages Akamasoa, les enfants grandissent en sécurité, ils reçoivent une éducation et les adultes retrouvent la dignité par le travail. Père Pedro n’a jamais renoncé à cet engagement pris il y a 30 ans sur la décharge de la capitale : agir !
Made In Compassion s’engage aux côtés de Père Pedro
La rédaction