Père Mourad, ex-otage de Daech : « Ma foi et la prière m’ont permis de ne pas sombrer dans la peur »

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Le prêtre syrien, Père Jacques Mourad a été enlevé par l’État Islamique en 2015 et a été maintenu otage durant 5 mois. Lors d’une interview avec le Frankfurter Zeitung, il explique comment il a essayé de bâtir une relation personnelle avec ses ravisseurs.

Le prêtre syro-catholique dirigeait le monastère Mar Elian, dans la ville d’Al-Qaryataïne à une centaine de kilomètres de Palmyre, quand il a été enlevé, en même temps que 250 chrétiens de sa communauté. Jacques Mourad a raconté sa captivité à l’association SOS Chrétiens d’Orient, seulement 5 jours après sa libération.

Son périple aux mains de l’État Islamique a commencé par 4 jours dans les montagne et 84 jours de prison.

« J’ai considéré cette période comme une retraite spirituelle, parce que l’on n’a rien d’autre à faire que de prier. »

Il trouvera beaucoup de réconfort et de paix en disant la prière de Charles de Foucauld, inspiré de la dernière parole de Jésus, « Père, je remets mon esprit entre tes mains ».

« Mon Père, Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains. Je te la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car tu es mon Père. »

Jacques Mourad passe ses journées en prison dans la prière, parfaitement lucide au sujet du sort réservé aux chrétiens :

« J’étais dans une prison de Daech... J’avais deux choix : je me convertis à l’Islam ou on me coupe la tête... »

Le prêtre n’a jamais pensé ressortir vivant de la prison. Grâce à la prière, il a accepté le deuxième choix et a vécu chaque jour comme le dernier. Face à l’hostilité de ses geôliers, il est resté silencieux et a toujours remis son sort dans les mains de Dieu. Après la tourmentée première semaine, la paix ne le quittera jamais.

Père Mourad restera discret sur sa libération et celle des 250 chrétiens. Évasion ou diplomatie, il préfère se taire pour préserver les autres chrétiens toujours captifs de Daech.

Il raconte toutefois comment un cheikh d’Arabie Saoudite est entré dans la prison et l’a fait conduire au delà de Palmyre et des montagnes, pour rejoindre les autres chrétiens de la communauté de Qaryataïne toujours captifs. Ils ont ensuite tous pu rejoindre leurs maisons. Des musulmans et des bédouins auraient contribué à cette libération.

Le prêtre a désormais pris un peu de hauteur par rapport à sa période de captivité. Il arrive même à dire que ce temps a été une « grâce », car il a pu constater que « même les personnes qui torturent et tuent, conservent leur humanité. » Malgré tout, cette épisode de sa vie demeurera un souvenir particulièrement difficile :

« Ce temps de captivité a été une expérience extrêmement douloureuse pour moi »

En dépit des paroles « difficilement supportables » des ravisseurs à l’égard de l’homme de foi, il s’est attaché à toujours les accueillir avec un sourire. Après plus d’une semaine, le militant qui lui apportait la nourriture lui demanda même s’il avait besoin de quelque chose.

« Ma foi et la prière m’ont empêché de tomber dans la peur. »

Le prêtre a toujours eu une bonne relation avec ses voisins musulmans dans son village. Interrogé sur la situation des chrétiens en Syrie, il répond :

« Chrétiens et musulmans.. Nous sommes tous dans la même situation terrible... Les musulmans ne sont pas inhumains... Tous les Syriens méritent d’être sauvés. »

La rédaction

Source : ProMedienMagazine


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