Pédocriminalité : Benoit XVI demande pardon aux victimes mais nie avoir couvert un prêtre pédophile à Munich

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L’ancien pape Benoît XVI a demandé « pardon » mardi pour les violences sexuelles sur mineurs commises par des clercs lorsqu’il avait des responsabilités dans l’Eglise, tout en assurant ne jamais avoir couvert de pédocriminel, une position qui a déçu les associations de victimes.

« Je ne peux qu’exprimer, une fois encore, à l’égard de toutes les victimes d’abus sexuels ma profonde honte, ma grande douleur et ma demande sincère de pardon », écrit le théologien allemand de 94 ans dans une lettre datée de dimanche et publiée mardi par le Vatican, en réponse à un rapport indépendant publié le 20 janvier en Allemagne et l’accusant d’inaction lorsqu’il était archevêque de Munich, de 1977 à 1982.

« J’ai eu de grandes responsabilités dans l’Église catholique. Ma douleur est d’autant plus grande pour les abus et les erreurs qui se sont produits au cours de mon mandat en différents lieux », ajoute Joseph Ratzinger, qui a notamment été préfet de l’influente Congrégation pour la doctrine de la foi (1981-2005) avant d’être pape (2005-2013).

Le rapport du cabinet Westpfahl Spilker Wastl (WSW) recensant 497 victimes entre 1945 et 2019 dans l’archevêché de Munich et Freising avait sévèrement mis en cause le pape émérite, l’accusant de n’avoir rien entrepris pour écarter quatre ecclésiastiques soupçonnés de violences sexuelles sur mineurs.

Dans un document également transmis par le Vatican, quatre conseillers de l’ancien pape réfutent les accusations du rapport de 8.000 pages. « En tant qu’archevêque, le cardinal Ratzinger n’a été impliqué dans aucun acte de dissimulation d’abus », assurent-ils, dénonçant des informations « inexactes » et l’absence de « preuves ».

Mais cette rare déclaration publique n’a pas convaincu les associations de victimes, le réseau américain « Snap » regrettant le « manque de franchise » de Benoît XVI et une « opportunité gâchée » de rédemption.

Pour l’antenne allemande du groupe réformateur « Wir sind Kirche » (« Nous sommes l’Eglise »), qui rassemble laïcs et théologiens, cette lettre « n’apporte rien de nouveau. Ratzinger continue à se présenter comme une victime qui s’est trouvée « entraînée dans une très grande faute ». Il n’est toujours pas prêt à faire face à la responsabilité globale (...) qui échoit à un évêque ».

Même déception pour l’association de victimes Eckiger Tisch: cette déclaration « s’ajoute à la liste des permanentes relativisations de l’Eglise dans les affaires d’abus sexuels : il y a eu des actes et des fautes, mais personne n’endosse de responsabilités concrètes ».

« On aurait pu attendre qu’il exprime une demande de pardon pour le cas spécifique de Munich » car « il y a quand même une responsabilité objective » de l’évêque qu’il était, analyse pour l’AFP le journaliste vaticaniste italien Iacopo Scaramuzzi.

S’il a « aussi fait des choses bien » sur ce dossier - « il a accepté les critiques, mis en place des nouvelles normes, rencontré des victimes » et « été beaucoup plus rigoureux que Jean Paul II » -, il « s’est trompé dans l’analyse en disant que le problème venait de la révolution sexuelle ».

Fin janvier, Benoît XVI avait rectifié ses déclarations et reconnu avoir participé à une réunion clé en 1980 sur un prêtre allemand soupçonné d’agressions sexuelles, Peter Hullermann, se disant « désolé pour cette erreur » mais réfutant toute « mauvaise foi ».

Face aux critiques qui l’ont « profondément affecté », il a remercié le pape François - qui ne s’est pas exprimé publiquement sur le sujet - « pour la confiance, l’appui et la prière » que celui-ci lui « a exprimés personnellement ».

Il a cependant confessé avoir regardé en face « les conséquences d’une très grande faute ». Et, a-t-il souligné, « j’ai appris à comprendre que nous sommes nous-mêmes entraînés dans cette grande faute quand nous la négligeons ou quand nous ne l’affrontons pas avec la décision et la responsabilité nécessaires, comme il est trop souvent arrivé et qu’il arrive encore ».

« Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux », ajoute encore Benoit XVI, qui vit retiré dans un monastère au Vatican et dont l’état de santé apparaît de plus en plus fragile.

« Les mots contenus dans la lettre de Benoît XVI sont ceux d’un vieil homme impuissant, qui sent que s’approche la rencontre avec Dieu », écrit Andrea Tornielli, éditorialiste du média officiel Vatican News, qui avait déjà pris la défense de l’ancien pape fin janvier.

La rédaction (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / vipflash

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