
Après la guerre qui a opposé Israël à l’Iran du 13 au 24 juin, le cardinal de Téhéran raconte comment il a vécu ces jours de peur et de destruction. "Le cessez-le-feu est extrêmement fragile", explique-t-il.
Le cardinal Dominique Mathieu n’est pas un homme qui recule devant le danger. Frère franciscain, il a vécu au Liban avant de prendre la tête de l’archidiocèse de Téhéran-Ispahan des Latins en 2021.
Plutôt discret, celui qui a été élevé au rang de cardinal par le pape François le 7 décembre 2024 a vécu de près, depuis la capitale iranienne, les attaques israéliennes lors du conflit entre Israël et l’Iran du 13 au 24 juin.
À Téhéran, il n’existe ni abris ni sirènes comme en Israël pour alerter la population des frappes imminentes. "Nous cherchions des informations sur les districts touchés en observant depuis la terrasse, ou en suivant, quand c’était possible, les nouvelles sur les réseaux sociaux, en appelant des amis et connaissances, ou encore en tendant l’oreille pour discerner les bruits annonciateurs d’une attaque", explique-t-il à cath.ch.
Le cardinal belge s’efforçait de célébrer la messe chaque jour, selon les possibilités offertes par la présence de quelques fidèles restés sur place. Il partageait son quotidien de guerre avec un étudiant africain en médecine, réfugié chez lui après que le dortoir universitaire a été touché par un drone.
Chaque soir, les deux hommes passaient une heure en adoration devant le Saint-Sacrement, "avec comme intention la paix dans le monde et dans nos cœurs", poursuit-il.
Depuis le cessez-le-feu du 24 juin, la moitié de la population de la capitale, qui avait fui, est revenue. "Les rues, qui pendant le conflit étaient désertes, sont de nouveau animées et regorgent d’activités, comme si rien ne s’était passé", témoigne le cardinal Mathieu.
Mais la réalité est toute autre. Dans un texte partagé avec Asianews, il explique : "Le cessez-le-feu, qui a mis fin à la 'guerre des 12 jours', est extrêmement fragile, car il repose actuellement sur la dissuasion et non sur des accords entre les belligérants. Nous sommes loin du respect et de la confiance mutuels. Il n’est pas encore question de réconciliation. Nous en sommes toujours au droit à l'autodéfense, même de manière préventive."
À 62 ans, ce franciscain, tout récemment devenu cardinal, est bien décidé à témoigner de l’amour du Christ et à œuvrer en faveur de la paix. "Dans un monde dominé par le surarmement et le déclin de la diplomatie, l’Église peut agir pour la paix en incarnant une paix désarmée et désarmante", assure-t-il, citant les mots du pape Léon XIV le jour de son élection.
Germain Gratien