
L’ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, entre au Panthéon de Paris ce jeudi. Une date historique célébrant les quarante-quatre ans depuis la promulgation de son projet d’abolition de la peine de mort.
Ce jeudi marque l’anniversaire de l’abolition de la peine de mort et à cette occasion l’ancien garde des Sceaux qui a défendu ce projet de loi, Robert Badinter, entre au Panthéon de Paris. Un hommage posthume qui sera présidé par le président de la République, Emmanuel Macron, où il sera honoré par la Patrie pour son engagement.
Le 17 septembre 1981 à l’Assemblée nationale, l’ancien ministre de la Justice avait plaidé en faveur de l’abolition de la peine de mort avec le soutien de l’ancien président de la République (1981-1995), François Mitterand et ce, malgré l’opinion majoritairement défavorable.
Dans l’émission Carte sur table le 16 mars 1981, il avait révélé que son projet de loi était fondé sur sa conscience morale et reflétait également la pensée des différents croyants.
"Dans ma conscience profonde, qui rejoint celle des Églises, des Églises catholiques, des Églises réformées, de la religion juive, de la totalité des grandes associations humanitaires. Dans le for de ma conscience, je suis contre la peine de mort."
À cette période, la France faisait partie des rares pays à appliquer la peine de mort et pour Badinter s'y opposer, revenait à proclamer le caractère "sacré" de la vie, a-t-il déclaré dans l'extrait du documentaire Vraies gueules d'assassins diffusé en 2021.
"Parce que lorsqu’on refuse la peine de mort, on proclame absolument que la vie est sacrée."
Pour renforcer ses arguments, il citait plusieurs figures politiques, dont le président du Conseil, Georges Clemenceau et le député Jean Jaurès, qui avaient soutenu cette cause avant lui. Il s'était notamment appuyé sur les paroles de Jaurès dont il partage les valeurs humaines et la morale religieuse. Un discours qu'il prononça lors d'un débat parlementaire pour l'abolition de la peine de mort, en 1908 :
"La peine de mort est contraire à ce que l'humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l'esprit du christianisme et à l'esprit de la Révolution."
Le ministre de la Justice poursuivait en déclarant que la vie est un bien suprême qui dépasse l’homme et que seul Dieu détient le "pouvoir de choisir l'heure de la mort."
Jusqu’au bout, Robert Badinter a défendu la question de la justice, en considérant que la France, en tant que pays de la Déclaration des droits de l’homme, se devait de rester fidèle à cette inspiration.
À quelques heures de sa panthéonisation, sa pierre tombale à Bagneux a été profanée par l'inscription : "Les assassins, les violeurs, les pedo, la République reconnaissante", selon Libération.
Le Président Emmanuel Macron a condamné cette action qui selon lui vise à “souiller sa mémoire”, sur X :
"La tombe de Robert Badinter a été profanée. Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire. Ce soir, il entrera au Panthéon, demeure éternelle de la conscience et de la justice. La République est toujours plus forte que la haine."
Elormise Pierre