Pakistan : une tentative d’incendie contre une église déjouée in extremis
Deux hommes ont tenté de mettre le feu à une église pentecôtiste dans lla province du Pendjab au Pakistan. Grâce à l’intervention rapide du pasteur, le drame a été évité. Mais les circonstances de l’enquête suscitent des interrogations. En effet selon le pasteur, la police aurait volontairement maquillé l’attaque en simple tentative de cambriolage, en modifiant son témoignage et en manipulant la scène après leur arrivé sur les lieux.
Selon un article publié par Morning Star News, une tentative d’incendie criminel visant une église pentecôtiste au Pakistan a été évitée de justesse dans la nuit du samedi 5 avril, grâce à l’intervention rapide du pasteur présent sur les lieux.
Le pasteur Tanveer Boota, responsable de l’église Bethaniya située dans le quartier de Gulshan Basti, à Phoolnagar (district de Kasur, province du Pendjab), a raconté avoir été réveillé vers minuit par des bruits inhabituels provenant de la salle principale de l’église. En ouvrant la porte, il a surpris deux individus masqués, dont l’un était en train de mettre le feu à un rideau.
"J’ai crié et couru pour les arrêter, mais ils ont réussi à s’échapper par l’entrée principale", a-t-il déclaré à Morning Star News. Son frère cadet, alerté par les cris, a pu éteindre rapidement les flammes, tandis que le pasteur appelait la police.
Une équipe d’officiers est arrivée sur place peu après. Lors de l’inspection, les policiers ont découvert une bouteille de kérosène ainsi qu’un bâton muni d’un tissu, visiblement utilisé pour allumer l’incendie.
Fait troublant : le pasteur Boota affirme que les forces de l’ordre ont tenté de faire passer l’attaque pour une tentative de cambriolage. "Ce sont eux qui ont volontairement dispersé des livres et des papiers sur le sol pour donner cette impression", assure-t-il, précisant que la mention de vol dans le rapport officiel (FIR) a été ajoutée sans son accord.
L’église Bethaniya, fondée il y a seulement deux ans et rassemblant 16 familles chrétiennes, n’a jamais connu de tensions religieuses avec les habitants majoritairement musulmans du quartier. Environ 500 familles chrétiennes y vivent, aux côtés de plusieurs autres églises pentecôtistes et d’une église catholique.
"Nous n’avons jamais subi d’hostilité, ce qui rend cette attaque d’autant plus incompréhensible", déclare le pasteur, qui a bâti l’église sur sa propre propriété. Il espère désormais que les autorités tiendront leur promesse d’identifier les coupables grâce à l’analyse des empreintes digitales retrouvées sur place.
Cette tentative fait écho à un autre incident survenu en novembre 2023 à Lahore, où une église presbytérienne avait été incendiée. L’enquête avait finalement révélé que l’incendie avait été déclenché par un membre influent de la congrégation, dans le but de discréditer le pasteur en place et prendre sa place, après avoir échoué à le faire en simulant une menace d’un groupe islamiste.
Le pasteur Boota se dit néanmoins reconnaissant que le pire ait été évité :
"Nous remercions Dieu d’avoir protégé notre église. Nous prions pour que la justice soit rendue, afin que la paix et l’harmonie continuent de régner dans notre communauté."
Le Pakistan est classé huitième dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 de l’ONG Portes Ouvertes. C’est dans la province du Pendjab, "que la plupart des chrétiens vivent et que de nombreux incidents de persécution, de discrimination et d’intolérance se produisent", rapporte l’ONG qui souligne que les chrétiens y "sont considérés comme des citoyens de seconde classe et subissent de plein fouet les lois antiblasphème".
Camille Westphal
