Pakistan : 112 acquittés après l’incendie volontaire d’un quartier chrétien

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Un tribunal pakistanais a acquitté 112 personnes suspectées d’avoir incendié un quartier de Lahore, regroupant des centaines de logements de familles chrétiennes.

En mars 2013, plus d’une soixantaine de maisons avaient été brûlées par une foule d’environ 3 000 musulmans. L’attaque était une réponse aux rumeurs de blasphème. Le chrétien Sawan Masih était accusé d’avoir tenu des propos insultants au sujet du prophète Mahomet.

Personne n’avait été tué au cours de l’incendie, mais les dommages aux bâtiments avaient été considérables. Les chrétiens déjà démunis s’étaient retrouvés dans une situation encore plus précaire. Deux églises et des dizaines de bibles avaient également été détruites lors de l’assaut.

L’avocat de la défense, Ghulam Murtaza Chaudhry, interrogé par l’agence Reuters, a déclaré que le tribunal antiterroriste de Lahore a acquitté les 112 personnes accusées d’avoir incendié et fouillé des centaines de maisons.

« Ils ont été acquittés par la cour en raison du manque de preuves contre eux… Les témoins n’ont pas pu identifier les accusés et leurs déclarations étaient contradictoires. »

Les 112 suspects déjà libérés sous caution, sont donc désormais acquittés.

Sawan Masih, accusé de blasphème, avait quant à lui été condamné à mort en 2014. Il avait fait appel de la décision, déclarant que les accusations étaient mensongères. L’accusation serait une “vengeance” dans le cadre d’un conflit de propriété, entre l’accusé et un “ami”, qui aurait répandu la rumeur pour nuire à Sawan.

Ce mois-ci, la Commission des droits de l’homme du Sénat pakistanais a déclaré qu’elle travaillerait sur des moyens d’empêcher les injustices et les abus d’application des lois sur le blasphème. C’est la première fois depuis des décennies qu’un organe parlementaire envisage une alternative pour stopper ces abus.

Le chemin sera toutefois encore long pour engager des réformes. Beaucoup de conservateurs au Pakistan considèrent le simple fait de critiquer ces lois comme un blasphème. En 2011, le gouverneur pakistanais, Salman Taseer, avait été assassiné par son garde du corps après avoir appelé à la réforme des lois. Son tueur Mumtaz Qadri a été salué comme un héros par les religieux.

Des centaines de Pakistanais sont aujourd’hui dans le couloir de la mort pour des condamnations pour blasphème.

Prions

La rédaction

Crédit Image : Flickr-CC / Luke X Martin


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