On voit une montée, dans beaucoup de pans de nos sociétés occidentales, d’une idéologie qui est vieille comme l’enfer et qui en provient tout droit : le nationalisme.
Qu’est-ce que c’est ? Utilisons la définition la plus courante :
« Exaltation du sentiment national ; attachement passionné à la nation ; doctrine fondée sur ce sentiment. » (Le Robert)
Cette « doctrine fondée sur ce sentiment » est ce qui est visé par cet article – ou, plus encore, ceux qui prennent cette doctrine pour la mêler aux objectifs du christianisme et vouloir en faire un des objectifs à viser, en tant que chrétien – quelque chose qui devrait aller de soi si on se réclame de Christ.
Disons-le très clairement : le christianisme ne peut pas être invoqué pour justifier, ou adopter ou défendre le nationalisme.
Voici pourquoi : Christ n’est pas venu établir un État-nation sur terre. Il l’a dit lui-même, alors qu’on lui prêtait des intentions politiques :
« Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs; mais en réalité, mon royaume n’est pas d’ici-bas » (Jn 18.36).
Est-ce qu’on se rend compte de ce que Jésus dit ici ? Il avait tout ce qu’il lui fallait pour avancer un projet politique terrestre. Mais ce n’était pas son plan. L’Église est une nation – une nation spirituelle. Elle ne favorise aucun pays au-dessus d’un autre. Et surtout, aucun État-nation ne peut se prétendre être élu de Dieu, ou être un État chrétien.
Oui, certains pays ont des lois, des cultures qui s’alignent mieux à la culture de Dieu et de son Royaume, et l’Église agira comme du levain au sein de la pâte de sociétés où elle est fortement implantée.
Mais l’objectif, ou le moyen, de l’avancée de son Royaume ne passera jamais par un pays.
On le voit dans l’histoire : à chaque fois que l’Église s’est acoquinée avec les pouvoirs politiques, elle s’est fait instrumentaliser et le témoignage chrétien s’est fait noyer dans des imbroglios qui n’ont rien à voir avec les objectifs de Dieu sur terre. Ainsi, si les rois et dirigeants de la terre sont mis en place par Dieu (tous – qu’ils soient bons ou mauvais), ils ne sont pas les oints de Dieu comme l’étaient les rois en Israël ou Juda au temps de l’Ancien Testament.
Aujourd’hui, nous avons un oint – un Messie, sur un trône. Un berger à la suite duquel nous nous mettons, avec sa direction, ses intentions et ses méthodes.
Nous sommes le peuple de Dieu, des citoyens de son Royaume à lui. Il ne fait pas de distinction entre les peuples de la terre. Gardons-nous du piège séduisant du nationalisme soi-disant chrétien (autant parler de « satanisme chrétien », tant ces deux termes ne vont pas ensemble…) et donnons-nous à la construction de son Royaume.
Nathan Lambert,
Nathan Lambert est responsable à l’église Fireplace à Paris et fait partie de l’équipe New Ground en France. Il est l’auteur du livre « Dieu Est… ».