Vous le savez sans doute, si vous suivez l’actualité chrétienne : un projet de loi est en cours d’étude pour chercher à freiner des expressions religieuses qui feraient preuve de « séparatisme religieux ». Qu’en penser ? Comment agir ?
Pour ce qui est de la loi, il semblerait bien qu’elle ne vise pas avant tout les chrétiens, mais plutôt l’islam, au sein duquel il est clair qu’il y a des expressions religieuses qui ont été d’un vrai dommage pour la sécurité nationale et la sauvegarde des valeurs principales de la France. Néanmoins, on constate dans les interventions médiatiques de plusieurs élus que les chrétiens évangéliques se retrouvent à être cités, comme une caution permettant à l’exécutif de se défendre de ne viser qu’une expression religieuse. Les interventions de M. Darmanin à l’occasion des 10 ans du CNEF, et ses propos tenus sur le plateau de CNEWS semblent difficiles à réconcilier, mais la logique politicienne peut en partie fournir une grille explicative.
Ce billet ne vise pas à donner une information en long, en large et en travers de cette loi. D’autres articles et d’autres formats le feront bien mieux. Mon objectif est simplement de chercher à nous aider à trouver un positionnement juste, en tant que chrétiens, face à des changements de lois qui pourraient toucher à notre liberté religieuse. Voici donc quelques réflexions, en vrac.
Liberté de culte
Il est tout à fait normal et souhaitable pour un chrétien de désirer être dans un pays où la liberté de culte est totalement honorée et respectée. Nous devrions tous nous sentir concernés par cet enjeu et prier de façon continue dans ce sens – et pas seulement quand une nouvelle loi est à l’étude (1 Ti 2.1-4).
Nous devrions nous attendre, en même temps, à ce que l’Évangile de Jésus ne soit pas compris et accepté. Il est normal que l’Église n’aie pas la liberté de prêcher son message de façon totale et entière dans un monde qui se trouve toujours sous le contrôle de Satan. Autrement dit, ne soyez pas surpris ! La paix religieuse de laquelle nous bénéficions aujourd’hui est une anomalie historique heureuse et pas quelque chose auquel nous devrions nous attendre comme un dû. (1 Pi 4.12-13 ; Jn 15.18-20 ; 1 Jn 5.19)
Ne nous lassons pas de faire le bien
Ayons le bon sens de repérer quels sont les objectifs recherchés par le gouvernement en faisant passer ce genre de loi (cohésion nationale, paix civile, respect des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, etc.) et redoublons nos efforts pour être de ceux qui incarnent avec le plus d’éclat ce genre de chose, et qui portent un témoignage visible du fait que la présence chrétienne est une bonne nouvelle pour les sociétés qui accueillent et promeuvent le christianisme en son sein. Autrement dit, ne nous lassons pas de faire le bien. Ce que recherche la grande majorité des gouvernements, c’est un pays où règne le bien, le droit, la paix et autant de bienfaits sociaux pour un maximum de personnes. Je sais que ce n’est pas un point de vue très populaire actuellement, alors que de nombreuses théories que j’appellerais « complotistes » concernant les intérêts des gouvernements se développent plus que jamais. Si c’est votre cas, je vous encourage à lire cet article. Associons-nous aux autorités de façon visible là où leurs objectifs et ceux du Royaume de Jésus se croisent (Gal 5.23 ; Ro 13.3-4 ; Gal 6.9).
Notre allégeance est envers Christ
Ne faisons aucun compromis au niveau du message. En dernière analyse, notre allégeance est envers Christ. Ne cherchons pas à diluer l’Évangile et la vérité biblique pour nous acheter la paix avec notre culture. Chaque compromis cédé laissera place, quelques temps plus tard, au compromis de plus, jusqu’à ce que ce qui fait de nous une communauté de foi intègre soit réduit à peau de chagrin. Placer César au-dessus de Christ est un risque bien plus grand que l’inverse. Ne soyons pas de ces Églises qui se voient « ôter leur chandelier » par Jésus (2 Ti 1.14 ; 2 Pi 3.17-18 ; Ép 1.9-10 ; Ap 2.5).
Vivons, prions, adorons, servons, bâtissons, dans la confiance que Christ règne, qu’il aura son Église et qu’elle sera somptueuse, que la terre lui appartient même si nous ne voyons pas que tout lui soit aujourd’hui soumis, et que, quoi fassent les grands de la terre, le règne, la domination, la gloire et le mot final appartiendront toujours à Jésus ! (Hb 2.6-9 ; Ap 1.17-19 ; Ap 5.12-14).
Nathan Lambert
Nathan Lambert est responsable à l’église Fireplace à Paris et fait partie de l’équipe New Ground en France. Il est l’auteur du livre « Dieu Est… ».