Le 16 février dernier, Olivier Falorni, député PRG de La Rochelle, a évoqué sur Twitter « l’ultime liberté » alors qu’il présentait une proposition de loi concernant l’euthanasie appelée « Donner le droit à une fin de vie libre et choisie. »
Ultime. Le mot choisi est intéressant pour dire le moins. Il pourrait être compris au sens de « final », ou encore compris au sens d’ « absolu ».
Et ainsi, la question se pose : la liberté de choisir sa fin de vie est-elle un droit qui revient à l’homme ? Mon propos ici est simplement d’évaluer cette question à la lumière de la Bible.
La question est bien entendu complexe, sachant que la limite entre les soins intensifs et l’acharnement thérapeutique est bien difficile à déterminer. Cependant, le fait de dire à l’homme que c’est dans son droit de choisir quand et comment il mourra est un pas éthique de très grande ampleur.
Comme le dit Olivier Falorni, ce serait une « ultime liberté ». Est-ce une liberté que l’homme peut s’arroger ?
La question se pose parce que la Bible affirme, d’un côté, la valeur inestimable de la vie humaine. Tout être humain vivant, aussi malade soit-il, porte en lui le reflet de la gloire de Dieu lui-même. Nous sommes l’image de Dieu sur terre. Et d’autre part, la Bible affirme que c’est Dieu qui (en début de vie) ferme et qui ouvre le sein maternel (1 Sam 1.6,19-20) et que c’est lui est au contrôle de la fin de notre vie également (Deut 32.39 ; 1 Sam 2.6).
Ces données sont suffisantes pour nous conduire à peser avec une grande attention la validité de la prise en main de la liberté sur la vie et la mort chez l’homme.
Bien entendu, il est essentiel, à côté de cela, de ne pas peindre ceux qui ne seraient pas d’accord avec nous comme des vilains absolus. De la même manière que ceux qui sont contre l’euthanasie le sont, dans la grande majorité, par égard pour le fleurissement humain et la vie bien vécue en tant que personnes de bien dans une société harmonieuse, ceux qui sont pour l’euthanasie le sont souvent pour des raisons louables. Nous ne pouvons pas ignorer la souffrance physique et psychique des personnes dont la fin de vie est marquée par une incapacité physique et/ou mentale.
Oui, notre société individualiste nous a conduit à bien trop facilement parquer nos aînés – ceux qui nous ont donné la vie, aimé, nourri, éduqué à un prix souvent très élevé – dans des maisons de retraite par manque de volonté de leur rendre, au-delà du simple respect qui leur est dû en qualité d’aînés, le soin qu’eux nous ont prodigué dans nos enfances respectives. C’est indéniable que même les chrétiens occidentaux ont besoin de redécouvrir le sens profond et incarné du cinquième commandement.
Ce constat ne nous épargne pas d’avoir de la considération pour les personnes dont les parents subissent une fin de vie qui nécessite un grand investissement à leurs côtés. Nous voulons bien croire que c’est aussi pour des raisons associées à la dignité humaine que les partisans de l’euthanasie prônent ce « droit à la mort ».
Cependant, si ces considérations devraient nous pousser à trouver des solutions pleines de compassion et d’humanité pour les personnes qui sont en fin de vie, et d’en porter le poids collectivement en tant que société, le fait de supprimer activement la vie à quelqu’un, quelle que soit sa situation, ne peut pas coller avec une vision de la vie chrétienne.
En Deutéronome 30.19, Dieu dit qu’il place devant l’homme la vie et la mort. Cet appel revêt un sens spirituel dans ce texte. Cependant, l’injonction de Dieu comporte un parallèle avec l’appel que nous devons lancer, en tant que croyants, au sein d’un monde marqué par la déperdition, la tristesse et le désespoir : « choisis la vie ! »
Il est bien triste que notre vision de vie soit si désenchantée que l’on ne puisse pas voir la valeur de la vie, peu importe les circonstances. Tâche à ceux qui appartiennent à Christ de dépeindre une fois de plus la valeur et le sens de la vie ici, de ce côté de l’éternité ; et de tourner nos regards vers celui qui nous offre la vie éternelle, loin de toute larme, de toute douleur et de tout mal, au-delà de cette vie.
Mais laissons « l’ultime liberté » au seul qui est libre de façon ultime.
Nathan Lambert
Nathan Lambert est responsable à l’église Fireplace à Paris et fait partie de l’équipe New Ground en France.