« Nous sommes rongés par la peur », la terreur des chrétiens libanais

« Nous sommes rongés par la peur », la terreur des chrétiens libanais

Depuis la mi-septembre, l’armée israélienne frappe avec ses avions de combat le territoire du Liban. De nombreux leaders du mouvement terroriste Hezbollah ont été tués, mais toute la population libanaise subit ce conflit armé, et notamment les chrétiens.

« Nous voulons une vie normale. Nous voulons que nos enfants retournent à l'école. Nous prions pour que Dieu nous sauve de cette folie ».

La folie dont parle Raquel est le déferlement de violence envoyé par l’armée israélienne depuis une quinzaine de jours sur le Liban. « Nous essayons de vivre normalement autant que possible, mais nous sommes rongés par la peur. Nous ne nous sentons plus en sécurité depuis le bombardement d'une ville voisine », explique-t-elle à ACI.

Dans la société fortement communautaire qu’est le Liban, les chrétiens sont divisés et ne partagent pas tous les mêmes opinions politiques. Certains soutiennent le mouvement chiite Hezbollah qu’ils appellent le « mouvement de résistance ». D’autres au contraire s’y opposent comme une chrétienne qui se réjouit de la mort de l’ex-leader Hassan Nasrallah : « le rat est mort » triomphe-t-elle selon La Croix.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations, plus de 90 000 personnes ont été déplacées, principalement du sud vers le nord du pays. Les églises, les paroisses, les paroissiens ont ouverts leurs portes pour offrir un abri à ses déplacés. Le patriarche maronite, le cardinal Bechara Boutros al-Rahi, a remercié « tous ceux qui accueillent notre peuple souffrant dans leurs maisons dans les zones sûres » tout en soulignant « la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat pour éviter davantage de victimes, de blessés et de personnes déplacées sans abri ».

Mais l’approvisionnement commence à manquer. Dans les magasins et les pharmacies de toutes les régions chrétiennes, les gens se précipitent pour faire des réserves de nourriture en prévision du pire, alors que les craintes de pénurie augmentent. De plus, les commerçants profitent de la situation pour augmenter les prix dans un pays dont l'économie est déjà en difficulté. Une visite rapide des magasins les plus importants au cours des deux derniers jours permet de constater que les rayons se vident quotidiennement. Certains produits de base, comme le pain, sont en rupture de stock.

Toutefois, chacun tente de garder allumée la flamme de l’espérance. Au monastère de Mar Maroun Annaya, où se trouve le tombeau de saint Charbel, les bruits des bombardements ont troublé la quiétude habituelle. Les habitués se confient en leur saint :

« Nous n'avons pas peur. Saint Charbel est ici avec nous. Bombarder une ville sur la route de son sanctuaire n'empêchera pas les gens de visiter le monastère. Nos prières ne s'arrêteront pas. Le Liban est sous la protection de son saint ».

Jean-Benoît Harel

Crédit image : Shutterstock / Anas-Mohammed


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