Aux Oscars cette année, en marge des nominations les plus prestigieuses récompensant généralement les blockbusters de l’année, un court-métrage engagé qui raconte l’histoire vraie de Saba, une pakistanaise ayant survécu à un crime d’honneur, est nominé dans la catégorie « Court-métrage ».
Parce qu’elle s’est mariée avec l’homme qu’elle aimait, le père de Saba lui a tiré une balle en pleine tête avant de mettre son corps dans un sac et de s’en débarrasser dans une rivière. Il n’a pas été inquiété pour ses actes du fait d’une faille dans le droit pakistanais, qui autorise les hommes à commettre des “crimes d’honneur”. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Saba a survécu.
En effet, au Pakistan, une femme tenant tête à un homme peut être assassinée pour laver l’honneur de la famille, sans que son bourreau ne soit inquiété par la justice. Ces crimes d’honneur semblent être tolérés par la justice.
Dans le cas où la victime ne décède pas, même si les hommes finissent en prison, le code pénal prévoit l’abandon de toute poursuite si la victime leur accorde son pardon.
Pour Sharmeen Obaid Chinoy, la réalisatrice du court-métrage, « Une fille dans la rivière, le poids du pardon », la statuette ne serait pas la plus grande récompense. Elle a d’ailleurs déclaré au micro d’EuroNews qu’elle souhaitait par le biais de la médiatisation :
Lancer un débat national parce que les gens doivent comprendre que c’est un crime très grave... La plus grande victoire du film serait que notre Premier ministre s’empare du dossier et qu’il réunisse les personnes compétentes autour d’une table pour faire passer la loi contre les crimes d’honneur. Ce serait sa contribution à la cause des femmes car aucune femme dans ce pays ne devrait être assassinée pour l’honneur. Si c’est le cas les gens doivent aller en prison pour donner l’exemple.
Elle est bien partie pour remplir son objectif. L’évènement et la couverture médiatique commence à faire fléchir le gouvernement pakistanais, le premier ministre a déjà déclaré vouloir mettre fin à ces crimes abominables.
Le site Avaaz entend également faire écho au film avec une pétition qui vient d’atteindre son objectif de 500 000 signatures en seulement quelques jours.
Cette pétition s’adresse au Président, au Premier Ministre et à tous les parlementaires du Pakistan. Elle les exhorte « à modifier immédiatement la loi pour supprimer cette faille juridique du « pardon » qui protège les coupables, et à garantir qu’ils soient traduits en justice. »
H.L.