Nigeria : Plus de 170 chrétiens tués pendant le Carême et le week-end de Pâques
Les massacres se multiplient dans le centre du Nigeria. Alors que les chrétiens célébraient le Carême et la résurrection du Christ, plus de 170 fidèles ont été tués dans des attaques sanglantes visant des villages chrétiens. Des responsables locaux dénoncent une persécution ciblée.
D’après International Christian Concern, plus de 170 chrétiens ont été tués au Nigeria pendant la saison du Carême, culminant avec de violentes attaques durant le week-end de Pâques dans le centre du pays. Ces massacres ont frappé de plein fouet les communautés agricoles chrétiennes, accentuant une insécurité grandissante et une peur d’inaction de l’État face à la montée de ces violences communautaires.
Dans l’État de Benue, au moins 72 chrétiens ont trouvé la mort dans une série d’attaques menées entre le 18 et le 20 avril, attribuées à des militants peuls. Les villages d’Ukum et de Logo ont été les principales cibles, alors que les fidèles s’apprêtaient à vivre le week-end pascal dans le recueillement.
Le gouverneur de l’État, Hyacinth Alia, s’est rendu sur place, qualifiant les événements "d'attaques stratégiques et calculées contre des fermiers chrétiens innocents".
"Ces gens vivaient leur week-end saint paisiblement. L’ampleur et le moment de ces violences sont déchirants. Nous ne pouvons pas continuer ainsi."
Le bilan, initialement estimé à 54 morts, s’est alourdi à 72, et pourrait encore augmenter. De nombreuses personnes sont portées disparues, alors que les corps continuent d’être découverts dans les forêts environnantes. Des milliers de villageois ont fui les zones attaquées, venant grossir les rangs des déplacés internes chrétiens dans cette région.
Quelques semaines plus tôt, lors du dimanche des Rameaux, plus de 100 chrétiens avaient déjà été massacrés dans l’État voisin du Plateau. Là encore, des militants peuls avaient lancé des raids coordonnés contre plusieurs villages à majorité chrétienneen pleine célébration, obligeant des communautés entières à fuir.
Selon l’ONG Portes Ouvertes, le Nigeria reste le pays le plus dangereux au monde pour les chrétiens. En 2024, plus de 3 100 d’entre eux auraient déjà été tués pour leur foi. Si le gouvernement fédéral nie toute persécution religieuse et évoque des conflits liés à l’accès aux ressources, de nombreux responsables religieux dénoncent un abandon des populations chrétiennes.
Camille Westphal Perrier
