
Le rédacteur en chef de Truth Nigeria, Douglas Burton, a révélé le 3 septembre dernier lors d'une conférence de presse organisée à Washington, l’existence de camps où des centaines de chrétiens sont retenus en otage au Nigeria. "Ils sont torturés, affamés, battus et exécutés si les rançons ne sont pas payées", a-t-il déclaré.
Des dirigeants gouvernementaux, des responsables religieux et associatifs ou encore des journalistes étaient rassemblés lors d’une conférence de presse à Washington pour alerter sur la séquestration de centaines de chrétiens au Nigeria et partager le témoignage de survivants, le 3 septembre dernier.
Rédacteur en chef de Truth Nigeria et ancien fonctionnaire du Département d’État américain, Douglas Burton a déclaré qu’il existe au moins onze camps comptant chacun cinquante prisonniers dans la forêt au sud de Kaduna, au nord-ouest du pays. "Ces camps d'otages sont présents depuis décembre dernier", a-t-il partagé lors de la réunion.
"Des milliers de personnes sont passées par ce système, et beaucoup ont été tuées."
En effet, les ravisseurs demandent aux familles des rançons en échange d'une libération. Si leurs proches n’en ont pas les moyens, les prisonniers sont alors exécutés.
Les terroristes appartiennent à des milices extrémistes peules, majoritairement des musulmans qui adhèrent à une idéologie extrémiste, "visant à éradiquer le christianisme de la ceinture centrale du Nigeria", selon le Dr Gloria Puldu, présidente de la Leah Foundation, une organisation qui "représente le visage des persécutés au Nigeria".
L’interdiction de réciter "des prières chrétiennes"
Une survivante d’un de ces camps, Esther Emmanuelle a expliqué à Truth Nigeria qu'elle avait été enlevée avec sa fille de dix mois à leur domicile en juin dernier. Elles ont été forcées de marcher toute la nuit avant d’arriver dans la forêt de Rijana avec d’autres prisonniers.
"Ils nous ont conseillé de ne jamais parler, de ne jamais les regarder dans les yeux et de ne jamais réciter de prières chrétiennes", a raconté Esther.
"La prière était notre seule consolation."
Le 27 août, son mari a réussi à payer la rançon de 2.3 millions de nairas (environ 1 300 euros) et elles ont été libérées. "Chaque fois que nous priions, nous ressentions la paix, la certitude qu'un jour nous serions libres. Mais beaucoup sont encore là. Ils prient aussi", a confié Esther.
Incapacité du gouvernement
Dans ces camps, les conditions de vie sont "effroyables", souligne Burton. Et pourtant, malgré cela, le gouvernement nigéran "n'a pas été en mesure de porter secours à ces personnes".
"Ils sont torturés, affamés, battus et exécutés quotidiennement si les rançons ne sont pas payées. [...] Les conditions sont vraiment effroyables. Le plus horrifiant est que le gouvernement nigérian n'a pas pris note de nos informations, n'a pas répondu à nos appels téléphoniques et n'a pas été en mesure de porter secours à ces personnes."
De son côté, Judd Saul, directeur exécutif de l'organisation Equipping the Persecuted qui aide les chrétiens persécutés dans le pays, affirme que les chrétiens vivent un "génocide" et que le gouvernement "ne protège pas ses citoyens chrétiens, dissimule l'ampleur des atrocités et permet aux groupes terroristes de prospérer au vu et au su de tous".
"Le monde doit reconnaître ces crimes contre l'humanité et agir avec détermination pour y mettre un terme", a-t-il conclu.
Classé 7e dans l’Index Mondial de Persécution des chrétiens 2025 de l’ONG Portes Ouvertes, le Nigeria est le pays dans lequel le plus de croyants sont tués en raison de leur foi. "Boko Haram, l’État islamique (ISWAP), des militants fulanis et des groupes armés ciblent régulièrement les villages chrétiens, restant souvent impunis", explique l’ONG.
Récemment, le massacre de Yelewata du 13 au 14 juin, avait coûté la vie à plus de 200 chrétiens à Benue.
Mélanie Boukorras