Nicaragua : un journaliste français torturé alors qu’il enquêtait sur les répressions contre les chrétiens
Dans un documentaire diffusé sur Arte, le journaliste Antoine Boddaert montre la répression du régime nicaraguayen contre l’Église catholique et l’absence de liberté religieuse dans le pays. Il a lui-même été arrêté par les autorités et a subi des violences physiques et psychologiques.
"Les gens n’osent même plus chuchoter entre eux tellement ils sont terrorisés par la mécanique répressive mise en place par le duo présidentiel". Dans une courte vidéo, Antoine Boddaert raconte le tournage de son film diffusé sur Arte "Nicaragua: un dictateur contre l’Église" (à voir ici).
Le jeune journaliste a voulu montrer la répression qui s’abat sur les chrétiens depuis le soulèvement de 2018, le président Daniel Ortega et sa femme Rosario Murillo accusant l’Église et les chrétiens d’avoir soutenu les révoltés.
Arrivé dans le pays avec un visa de touriste (les visas de journalistes n’existant pas, la presse indépendante étant inexistante dans le pays), il ne trouve aucune personne, laïc ou consacré, qui accepte de lui parler. Pourtant, sur les 7 millions d’habitants de ce petit pays, 50% sont catholiques et 30% protestants. Mais la chape de plomb imposée par les deux dirigeants terrorise tellement les chrétiens que tous se taisent.
Une précaution nécessaire pour survivre dans le pays comme va le découvrir le reporter. Alors qu’il décide de quitter le pays, ayant été repéré par des informateurs à la botte du régime, il est arrêté par la police, menotté et transféré à Managua, la capitale du pays.
Accusé de terrorisme, il encourt 25 ans de prison. Et l’interrogatoire correspond à l’image de ce régime impitoyable : insultes, privations de sommeil, menaces, violences physiques et psychologiques. Il sera par exemple forcé de rester 5 heures debout face à un officier qui le met en joue et l’insulte « constamment », raconte-t-il. Cet officier désire connaître la liste de toutes les personnes qu’il a rencontrées, au Nicaragua comme à l’étranger. Il sera finalement expulsé vers le Panama après deux jours de détention.
Pour enquêter, Antoine Boddaert va ensuite devoir se rapprocher des chrétiens exilés aux États-Unis comme l’avocate Martha Patricia Molina qui recense les attaques et agressions de l’État contre l’Église. Il rencontre également Wilfredo Miranda au Costa Rica, qui décrit son pays comme « une petite Corée du Nord en Amérique centrale ».
Le sort des chrétiens sur place commence à se faire de plus en plus connaître. Ainsi, à la suite du rapport publié début décembre alertant sur la situation des chrétiens sur place, une manifestation de soutien est organisée par l’ECJL le 8 janvier à 18h30 devant l'Ambassade du Nicaragua à Paris.
Jean-Benoît Harel