L'évêque Rolando Álvarez a été condamné vendredi à 26 ans d'emprisonnement au Nicaragua pour "conspiration et diffusion de fausses nouvelles".
L'évêque nicaraguayen Rolando Álvarez, critique du gouvernement du président Daniel Ortega, a été condamné vendredi à 26 ans d'emprisonnement pour "conspiration et diffusion de fausses nouvelles". Il a également été privé de sa nationalité nicaraguayenne et de ses droits civiques à perpétuité et condamné à une amende de 1 600 dollars.
"L'accusé Rolando José Álvarez Lagos est un traître à la patrie", a déclaré le président de la première chambre pénale de la Cour d'appel, Octavio Rothschuh, lors de la lecture du verdict devant la presse. "Comme nous nous trouvons en présence d'une véritable concomitance de crimes, les peines de prison prononcées seront purgées successivement, de sorte que le condamné Rolando José Álvarez Lagos devra purger 26 ans et quatre mois de prison", a-t-il ajouté.
Rolando Álvarez a refusé d'être expulsé aux Etats-Unis jeudi avec plus de 200 autres opposants libérés par le gouvernement, privés de leurs droits civiques et politiques et déchus de leur nationalité, et est retourné en prison, selon le président Ortega. Parmi les personnes libérées et expulsées du pays figurent d'anciens candidats à la présidence, des journalistes, d'anciens chefs de la guérilla sandiniste, d'anciens ministres et d'anciens diplomates.
Chris Smith, président du sous-comité de la Chambre des représentants sur la santé mondiale, les droits de l'homme et les organisations internationales de la Chambre des représentants des États-Unis, voit en Rolando Álvarez "une figure christique".
"Nous devons continuer à travailler pour combattre le régime brutal d'Ortega et libérer les prisonniers restants - y compris le courageux évêque Rolando Álvarez, qui refuse d'abandonner son troupeau. C'est vraiment une figure christique avec un cœur de serviteur, et nous continuons d'exhorter le pape François à parler sans équivoque en son nom et à demander sa libération."
Dimanche, après la prière de l’angélus, le Pape François a demandé à Dieu, "d'ouvrir le cœur des responsables politiques et de tous les citoyens à la recherche sincère de la paix, qui naît de la vérité, de la justice, de la liberté et de l'amour et qui s'obtient par l'exercice patient du dialogue".
"Les nouvelles en provenance du Nicaragua m'ont attristé, et pas qu’un peu, et je ne peux m'empêcher de penser avec inquiétude à l'évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Alvarez, que j'aime tant, condamné à 26 ans de prison, ainsi qu'aux personnes qui ont été déportées aux États-Unis. Je prie pour eux et pour tous ceux qui souffrent dans cette chère nation. Et je vous demande vos prières."
Christian Solidarity Worldwide précise que selon une liste officielle publiée par le gouvernement, le groupe comprenait le père Ramiro Tijerino, le père Sadiel Eugarrios, le père Raúl González, le père José Luis Díaz, les séminaristes Darvin Leiva et Melkin Sequeira et le caméraman Sergio Cárdenas, tous arrêtés en août 2022. Reconnus coupables de complots contre l'Etat en janvier dernier, ils étaient détenus à la Direction de l’assistance judiciaire, plus connue sous le nom d’El Chipote, reconnue comme un symbole de la répression gouvernementale.
Les relations entre l'Eglise catholique et le gouvernement de M. Ortega sont exécrables depuis 2018, lorsque des manifestants qui réclamaient la démission du président nicaraguayen ont trouvé refuge dans des églises. Le président Ortega a accusé l'Eglise catholique d'être complice d'une tentative de coup d'Etat ourdie par Washington.
M.C. (avec AFP)