De confession catholique, la chanteuse canadienne Natasha St-Pier a notamment interprété les plus beaux poèmes de Thérèse de Lisieux. Elle nous parle ici de son rapport à la Bible et de ses projets musicaux qui en ont été inspirés.
Si les poèmes de Thérèse de Lisieux ont beaucoup nourri votre foi, quelle place occupe la Bible ?
Étant canadienne, la Bible a fait partie de mon enseignement religieux. Dans mon pays, en tout cas au Nouveau-Brunswick où j’ai grandi, la religion est enseignée dans les écoles publiques. Après, j’avoue être plus tournée vers le Nouveau Testament, que vers la Bible elle-même, qui peut parfois me sembler complexe.
Quel regard portez-vous sur la place de la Bible dans la société en France ?
Je suis pour l’État laïque. Mais il ne faut pas que ça se fasse en excluant la spiritualité. La France a malheureusement coupé les liens entre l’État et la religion, mais aussi entre l’État et la spiritualité. Pour bien évoluer en tant que société, je pense que c’est important de laisser une place à la spiritualité.
Si la figure de Thérèse a beaucoup compté dans votre cheminement, y a-t-il également des personnages bibliques qui vous inspirent ?
L’ensemble du récit biblique est inspirant. Tous les protagonistes ont quelque chose à nous enseigner. J’ai peut-être une affection particulière pour Marie, la mère de Jésus, bien qu’on parle très peu d’elle dans la Bible. D’ailleurs, une des chansons de mon dernier album lui est consacrée.
Vous avez également chanté le Cantique des cantiques. Comment s’est présenté ce projet ?
Benjamin Pouzin du groupe Glorious m’a proposé ce projet. Ça s’est fait de manière très naturelle. C’est un très joli texte issu du Cantique des cantiques. Thomas et Benjamin en avaient sélectionné un extrait. Ce n’est pas la première fois que le Cantique des cantiques est mis en musique, mais je trouvais leur manière de faire très élégante, la mélodie me plaisait et le texte était parlant.
L’amour est un thème essentiel de votre répertoire musical… mais aussi de la Bible. Comment la perspective chrétienne éclaire votre compréhension de ce sujet ?
À mon humble niveau, je pense que la personne qui a le mieux exprimé tout cela, c’est Thérèse. Elle a une façon de présenter la religion qui me parle. Ce n’est pas quelque chose que l’on va faire une fois par semaine, le dimanche à la messe. Mais c’est une façon de vivre, de vivre à travers l’amour. Quelle belle manière de vivre notre foi !
Y a-t-il des artistes ou des œuvres qui ont été inspirés par la Bible et qui vous touchent particulièrement ?
Étrangement, la peinture est la première chose qui me vient à l’esprit quand vous dites ça. J’ai eu la chance de faire des tournées dans les Églises et il y a en leur sein de très belles œuvres. Je suis très sensible à l’art, la façon de mettre les choses en lumière, la façon de positionner les personnages sur un tableau. Je trouve ça très intéressant comme moyen d’expression.
Quelles différences y a-t-il pour vous lorsque vous chantez dans une Église ou dans une salle de spectacle ?
Il y en a plusieurs et de différentes natures. Si on a les bons techniciens et le bon équipement, l’acoustique de l’Église va jouer en notre faveur et nous aider à faire des choses plus grandioses. Mais il y a également la façon de recevoir les textes de la part du public. J’ai l’impression que les personnes qui viennent dans une Église – qu’elles soient croyantes ou non – accueillent les textes de manière plus attentive.
Est-ce qu’à vos yeux la musique a une dimension particulièrement portée vers la spiritualité ?
Quand on fait de l’art – quel que soit l’art –, on cherche à toucher le cœur des gens. La spiritualité est très en lien avec nos émotions. Et forcément, quand on chante, il y a une grande place qui est faite à l’émotion, au ressenti. On est en connexion avec la spiritualité, évidemment.
Quelqu’un a écrit un jour que vous étiez « une infirmière des cœurs et des âmes ».
J’ai souvent dit que, plus jeune, mon rêve était d’être infirmière. Je suis finalement devenue chanteuse. Un jour, je me suis aperçue que je ne soignais peut-être pas les corps mais que je soignais des cœurs et des âmes. J’aidais les gens à un autre endroit et cela avait aussi sa place.
Propos recueillis par Nicolas Fouquet, chef de projet à l’Alliance biblique française