Accusée de meurtre aggravé pour avoir tué son mari en 2012, Jacqueline Sauvage fait l’objet d’une campagne en faveur de la grâce présidentielle. Son cas fait parler. Et c’est tant mieux. 10 ans de réclusion en appel pour avoir tué son mari, est-ce « justice » quand on a accepté les coups pendant 47 ans ?
Battue et abusée pendant 47 ans de sa vie, Jacqueline Sauvage a tué son mari en 2012, afin que la violence cesse. Son fils s’était suicidé la veille, après avoir été battu par son père, ses filles étaient également abusées et victimes de violences de la part de leur père. La mère n’a jamais rien dit. Qui sont les victimes ?
Naghmeh Abedini, femme du pasteur récemment libéré des geôles iraniennes où il était enfermé depuis 2012, a tout fait pour faire libérer son époux : campagne dans la presse, visite au Parlement américain, lobbying auprès du Gouvernement Obama, jeûnes, campagnes de prières… et quelques centaines de milliers de personnes dans le monde ont suivi, sur Internet, tous les récits de ces moments fascinants. 4 jours seulement après sa libération, on apprend subitement, qu’elle a porté plainte et engagé des procédures pour des abus (violences et abus sexuels) survenus durant toute leur vie maritale. Le cas est un choc : pourquoi ne pas avoir parlé avant, alors qu’elle a été la première activiste pour la libération de son mari… Encore une fois, personne n’est à sa place !
Ces 2 cas montrent à quel point il faut garder beaucoup de pudeur vis à vis des victimes, et s’abstenir de juger trop vite ces femmes qui réagissent, et qui pour sauver leur peau, en sont rendues à l’extrême. Bien sûr, on ne peut pas excuser l’horreur, ni la tolérer, pourtant, on ne peut pas faire justice soi même ?! Dans le cas Sauvage, on attend la réaction de François Hollande, qui devra trancher sur une question épineuse. Gracier ou pas, excuser ou pas, comprendre ou pas ?
Dans le monde, selon un rapport le l’OMS de 2013, une femme sur trois est victime de violences de son partenaire. En France, seulement 15% des femmes battues portent plainte. Ce chiffre a été évoqué durant le procès de Jacqueline Sauvage. Violence conjugale, le visage trop souvent masqué de la réalité de millions de femmes dans le monde ne va pas sans relayer la violence dont font preuve les femmes en général aujourd’hui: il n’y a qu’à se rappeler des événement de Cologne de décembre 2015… Et les exemples ne manquent pas : mariages forcés de mineures, droits bafoués, violences des associations terroristes, etc… il n’y a pas un jour sans que l’on n’apprenne encore d’autres nouvelles qui nous font pâlir de désarroi et de colère devant tant d’injustice.
Bien souvent les victimes ne peuvent pas faire grand chose, ne savent pas toujours où aller, et aussi, ne peuvent rien faire devant une violence parfois institutionnalisée, souvent culturelle et considérée comme « faisant partie de l’éducation des filles et des femmes ». Sans parler des éternelles questions d’égalité de genres pas toujours en adéquation avec l’éducation dispensée dans les écoles pour les appréhender, la femme aujourd’hui est-elle toujours en sécurité dans son couple ? 118 femmes meurent chaque année de violences conjugales contre 40 hommes, selon le Ministère de l’Intérieur.
Mise à jour : Depuis la parution de cet article, le Président de la République a fait usage de l’article 17 et a choisi de gracier Jacqueline Sauvage, dimanche 31 janvier 2016.
Bérengère
Voir également :
- Le pasteur Saeed Abedini est libéré
- «Le pasteur Saeed Abedini sera relâché si les USA libèrent 19 criminels iraniens»