« Nous, les femmes et les enfants, avons été amenés en bus dans une autre région. Tout au long du chemin, ils nous ont humilié. Ils nous ont touchés, ils nous ont violés. Ils nous ont amenés à Mossoul avec plus de 150 familles yazidis. »
Nadia Murad, 21 ans, yazidi, raconte devant les représentants de nombreux pays, au Conseil de Sécurité de l’ONU, l’horreur à laquelle elle a survécu. Lors d’une attaque terroriste, toute sa famille est tuée. Mais elle dira que ce qu’elle a vécu, ce que vivent ces femmes, est pire que la mort.
Dans un immeuble, des centaines de familles yazidis, des enfants, étaient échangés, comme des cadeaux. Une des personnes présentes est venue me voir. Il a voulu me prendre. J’ai regardé par terre. J’étais absolument pétrifiée. Quand j’ai levé les yeux, j’ai vu un homme immense. Comme un monstre. J’ai crié. J’ai tellement crié. Je lui ai dit :
« Je suis trop jeune. Vous êtes immense. » Il m’a frappé, il m’a donné des coups de pied, il m’a battu.
Quelques minutes plus tard, un autre homme est venu à moi. Je regardais toujours le sol. J’ai vu qu’il était un peu plus petit. Je l’ai supplié. Je l’ai imploré de me prendre. J’étais tellement effrayée par le premier homme. L’homme qui m’a pris m’a demandé en mariage, façon de parler. Je lui ai dit que j’étais malade. Quelques jours plus tard, il m’a contraint à m’habiller, me maquiller, et là, cette terrible nuit, il l’a fait. Il m’a forcé à servir son groupe de soldats. Il m’a humilié chaque jour.
Il m’a forcé à porter des vêtements qui ne couvraient pas mon corps. J’ai été torturée. J’ai tenté de fuir mais l’un des gardes m’a rattrapée. Cette nuit-là, il m’a battu. Il m’a demandé de me déshabiller. Il m’a placé dans une pièce, avec des gardes. Et là, ils ont abusé de moi. Jusqu’à ce que je m’évanouisse. 3 mois après mon enlèvement, j’ai réussi à m’enfuir. Je vis maintenant en Allemagne. Enfin, je vous implore de vous débarrasser de Daech. Complètement. J’ai survécu à cette terrible souffrance à cause d’eux.
J’ai vu ce qu’ils font aux garçons, aux filles. Tous ceux qui commettent ces crimes de trafics d’êtres humains, de génocide, doivent être amenés devant la justice, pour que les femmes, les enfants vivent en paix en Syrie, en Iraq, en Somalie, au Nigéria, partout. On doit mettre fin à ces crimes. Aujourd’hui. Merci, merci beaucoup. »
A ces mots, le représentant de la Nouvelle Zélande intervient :
« Quand je suis arrivé ici, il y a 25 ans, nous avons passé beaucoup de temps pour protéger les droits de l’homme. 25 ans plus tard, la réalité est là. L’esclavage est vivant, bien vivant dans notre monde. [...] C’est l’horrible réalité à laquelle nous faisons face aujourd’hui. »
H.L.
Source : Mirror