Myanmar : Les attaques de l’armée birmanes se poursuivent dans l’État de Chin, région à majorité chrétienne

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Dans l’Etat de Chin, région à majorité chrétienne, située dans le nord-ouest du pays, plus de 160 bâtiments dont au moins deux églises ont été détruits ce week-end par des incendies provoquées par les troupes gouvernementales. 

Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, qui a eu lieu vendredi 22 octobre à New York, Tom Andrews, expert des droits humains de l’ONU avait affirmé qu’une « catastrophe encore plus grave en matière de droits humains et de pertes en vies humaines » était à prévoir alors que la junte militaire s’apprêtait à déployer des « dizaines de milliers de soldats et d’armes lourdes dans le nord du Myanmar ».

Des affirmations qui semblent se confirmer alors que l’on déplore des nouvelles attaques menées par l’armée birmane dans la ville de Thantlang dans l’État de Chin. Des incendies provoqués par des bombardements se sont déclarés vendredi et samedi dans la ville, ravageant plus de 160 bâtiments, dont au moins deux églises, selon Christianity Today (CT).

De nouvelles données satellites analysées par Human Rights Watch viennent corroborer ses informations. Des anomalies thermiques qui indiquent des incendies ont été détectées dans la ville de Thantlang le 29 octobre dès 12h29. Plus de douze heures après, de nouvelles anomalies thermiques ont à nouveau été détectées, faisant état d’une seconde vague d’incendies.

Le porte-parole de l’armée, le général Zaw Min Tun soutient que ces feux ont été allumées par des membres de la milice locale, Chinland Defense Force, après des affrontements avec les soldats de l’armée birmane. Il n’a cependant donné aucune preuve. De leur côté, les forces de défense locales affirment que les bombardements ont commencé alors qu’ils essayaient d’empêcher des soldats de piller une maison de la ville.

CT rapporte que l’Organisation des droits de l’homme Chin a publié un communiqué, signé par le directeur exécutif adjoint du groupe, Salai Za Uk Ling, dans lequel il évoque les dégâts matériels causés par le feu.

« La plupart des structures de la rue principale, qui abritent des étals de magasins et toutes sortes de commerces, ont été détruites. Il n’y a plus rien à sauver. La manière dont l’incendie a brûlé indique qu’il ne s’agissait pas seulement de tirs de roquettes incendiaires, mais aussi d’incendies délibérés des maisons et des structures. »

L’église presbytérienne et le bâtiment abritant l’église pentecôtiste figuraient parmi les 164 structures qui ont été détruites.

« Le nombre élevé de troupes envoyées dans l’État de Chin ces derniers jours et semaines est vraiment sans précédent. Ils ont apporté avec eux la destruction et la mort », a déclaré le groupe de défense des droits humains qui a appelé à une action urgente de la part du Conseil de sécurité de l’ONU « pour aider à prévenir les atrocités de masse avant qu’elles ne se produisent ».

L’État de Chin est une région à majorité chrétienne, dans un pays où le bouddhisme est la religion la plus pratiquée. Cependant, ces manifestations de violence ne semblent pas cibler les chrétiens de manière spécifique comme l’indique Dave Eubank, chef du mouvement de service humanitaire chrétien Free Burma Rangers. Il estime qu’elles sont plutôt liées à la résistance du peuple face au régime militaire.

« Je ne vois pas de politique dirigée contre les chrétiens, ce sont juste les chrétiens qui font obstacle [au régime]. »

Les attaques perpétrées dans la ville de Thantlang ont été fermement condamnées par les gouvernements américain et suédois.

Camille Westphal Perrier

Crédit image : R. Bociaga / Shutterstock.com

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