Minute de silence en Israël après le retour de dépouilles d'otages de Gaza

Minute de silence en Israël après le retour de dépouilles d'otages de Gaza

Des milliers de personnes ont observé une minute de silence jeudi à Tel-Aviv en hommage aux quatre otages dont les dépouilles ont été ramenées de Gaza, après que le Premier ministre israélien a qualifié le Hamas de "monstre" pour avoir mis en scène leur restitution.

Cette mise en scène a été critiquée aussi bien en Israël qu'à l'international. Tandis que Benjamin Netanyahu a déclaré que le pays était "fou de rage", l'ONU l'a qualifiée "d'abjecte et cruelle" et Berlin a dénoncé des "images à peine supportables".

A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des combattants armés ont exposé jeudi matin sur un podium quatre cercueils noirs portant chacun la photo d'un des otages. Au-dessus, un poster où Benjamin Netanyahu apparaît le visage maculé de sang, flanqué de dents de vampire.

Israël réclame le corps de Shiri Bibas

Le Hamas a ensuite remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) les quatre dépouilles. Parmi elles, les corps des enfants Ariel et Kfir Bibas, âgés de quatre ans et huit mois au moment de leur enlèvement, ainsi que celui d’Oded Lifshitz, 83 ans. Ces corps ont été transférés à l’armée israélienne puis acheminés à l’institut médico-légal d’Abu Kabir, où leur identification a été confirmée.

Toutefois, Israël a dénoncé une substitution concernant la dépouille censée être celle de Shiri Bibas, la mère des enfants. L’autopsie a révélé que le corps remis ne correspondait ni à Shiri Bibas ni à aucune autre personne enlevée, mais à une femme non identifiée. Israël accuse le Hamas d’avoir violé l’accord de cessez-le-feu en procédant à cette substitution et exige la restitution du corps de Shiri Bibas ainsi que de tous les otages encore détenus.

Le Hamas a reconnu une possible erreur, suggérant que le corps de Shiri Bibas aurait pu être confondu avec d’autres sous les décombres à Gaza. Le mouvement islamiste a affirmé enquêter sur cet incident, tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé un acte de "cynisme inimaginable".

Les dépouilles ont été restituées dans le cadre de la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, et qui a déjà permis la libération de 19 otages israéliens contre plus de 1.100 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

Dans ce contexte, des explosions ont touché plusieurs bus, vides et à l'arrêt selon des médias israéliens, dans une ville du centre d'Israël jeudi soir, a indiqué la police, qui a évoqué un attentat "terroriste" présumé sans faire état de blessé.

Le Premier ministre israélien devait tenir une réunion sur la sécurité selon son bureau après les explosions, le ministre de la Défense ordonnant une "intensification des opérations" militaires en Cisjordanie occupée.

Minute de silence et prières

Contrairement aux libérations d'otages précédentes marquées par la joie, cette fois-ci l'effroi domine. Des milliers de personnes se sont figées sur la place des otages à Tel-Aviv, tête baissée, regard grave, mains enlacées ou serrant des affiches, observant une minute de silence lors d'une veillée aux chandelles en hommage aux quatre morts.

"C'est l'un des jours les plus difficiles depuis le 7-Octobre", confie à l'AFP Tania Coen Uzzielli, 59 ans. "Nous espérions qu'ils reviendraient tous vivants", admet un peu plus loin Alon David. C'est la première fois que le Hamas remet des corps d'otages depuis son attaque le 7 Octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza. "Le cœur de toute une nation est en deuil aujourd'hui", a affirmé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

"Nous sommes tous fous de rage contre les monstres du Hamas", a dit M. Netanyahu. "Nous ramènerons tous nos otages, détruirons les meurtriers, éliminerons le Hamas et, ensemble, avec l'aide de Dieu, nous assurerons notre avenir", a-t-il martelé.

Le Hamas avait annoncé en novembre 2023 la mort de Shiri Bibas et de ses enfants dans un bombardement israélien à Gaza, mais l'armée israélienne a affirmé vendredi que les deux enfants ont été tués par leurs ravisseurs pendant leur captivité.

"Ariel et Kfir Bibas ont été brutalement tués en captivité en novembre 2023 par des terroristes palestiniens."

Shiri Bibas et ses enfants avaient été enlevés en même temps que Yarden Bibas, époux et père, au kibboutz Nir Oz dans le sud d'Israël, à la lisière de Gaza. Mais ils ont été détenus séparément à Gaza. Kfir Bibas était le plus jeune des 251 otages enlevés le 7 octobre 2023. Son père, 35 ans, a été libéré le 1er février.

Dans un post publié sur Instagram, l'organisation Christians United for Israel a appelé à prier pour la famille Bibas. "Nous prions pour la famille Bibas et nous demandons où se trouve Shiri", peut-on lire en conclusion de cette publication. 

Depuis le 7 octobre, l'organisation chrétienne américaine lance des appels réguliers à la prière pour les otages et leurs familles. 

Prochaines libérations samedi 

Avant la remise des dépouilles jeudi, 70 personnes étaient encore retenues à Gaza dont au moins 35 sont mortes, selon l'armée. Samedi, le Hamas doit libérer six otages vivants contre des prisonniers palestiniens. L'accord prévoit, d'ici la fin de sa première phase le 1er mars, la libération d'un total de 33 otages, dont huit morts, en échange de celle de 1.900 Palestiniens détenus par Israël.

Mercredi, le Hamas s'est dit prêt à libérer "en une seule fois", et non plus en étapes successives, tous les otages encore retenus à Gaza, lors de la deuxième phase, sur laquelle Benjamin Netanyahu "tergiverse", a accusé jeudi le mouvement palestinien.

Les négociations indirectes sur cette deuxième étape, censée mettre fin définitivement à la guerre, ont été retardées, le Hamas et Israël s'accusant mutuellement de violations de l'accord. La troisième et dernière phase doit en principe porter sur la reconstruction de la bande de Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.211 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.

L'offensive d'envergure israélienne lancée en représailles a fait au moins 48.319 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé.

Camille Westphal Perrier (avec AFP)

Crédit image : Shutterstock / Vered Barequet

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