Meurtre d'une enseignante dans un lycée catholique à Saint-Jean-de-Luz

Meurtre d'une enseignante dans un lycée catholique à Saint-Jean-de-Luz

Une professeure d'espagnol a été poignardée mercredi dans sa classe à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) par un élève présenté comme instable psychologiquement. Ce jeudi, une minute de silence en hommage à l'enseignante, Agnès Lassalle, a été organisée dans l'ensemble des établissements secondaires de France. 

Les élèves du collège-lycée Saint-Thomas d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz sont arrivés jeudi matin avec des bouquets de fleurs ou des roses blanches pour rendre hommage à leur professeure Agnès Lassalle, poignardée la veille par un élève. Quelques heures avant une minute de silence honorée à 15h dans l'ensemble des établissements secondaires de France qui ne sont pas actuellement en congés.

"Ça va être une dure journée, je suis encore beaucoup sous le coup de l'émotion", a confié à l'AFP un assistant d'éducation, qui n'a pas voulu donner son nom, alors que la police municipale dissuadait les élèves de répondre à la presse.

"C'est important d'être présent pour sa famille, ses proches, ses élèves, il faut donner de la force aussi à ceux qui ont vu ça", a déclaré Rudy, élève de 3e, qui a eu Mme Lassalle en cours l'année dernière.

Enquête pour assassinat

Une enquête a été ouverte pour assassinat après la mort de l'enseignante, poignardée mercredi dans sa classe par un élève tenant des "propos incohérents" selon les enquêteurs.

"Il s'est approché d'elle et lui a planté un grand couteau dans la poitrine, sans rien dire", a raconté à l'AFP Inès, 16 ans, qui se trouvait dans la classe de seconde du collège-lycée privé catholique Saint-Thomas d'Aquin au moment des faits, survenus en milieu de matinée.

"On ne savait pas comment réagir, il y a un élève qui a ouvert la porte et on est tous partis. Moi je me suis enfuie, je suis sortie de l'établissement et le père d'une copine est venu me récupérer, je ne me sentais pas en sécurité dans le lycée", a-t-elle ajouté, assurant qu'il "n'y avait jamais eu de problème entre" l'auteur de l'agression "et la professeure en classe".

La victime, que les secours n'ont pu ranimer, est une enseignante de 52 ans qui s'appelait Agnès Lassalle, selon le parquet. "Il s'agit d'une professeure d'espagnol qui était dans cet établissement depuis longtemps. Elle était consciencieuse", a déclaré à l'AFP Serge Hastoy, délégué FEP-CFDT du Pays basque.

Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, venu sur les lieux, a salué "l'exceptionnel dévouement" de cette enseignante et son "engagement au service de ses élèves".

"C'était une très jolie et très bonne personne, qui était aimée de tous", "qui n'était pas dans le conflit" et "passait au moins 80-90% de son temps à faire son travail pour son école, même pendant les vacances", a témoigné son compagnon sur BFMTV.

L'auteur présumé de l'agression, âgé de 16 ans, a été "placé en garde à vue" et "n'était pas connu des services de police, ni des services de justice", selon le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, qui a ouvert une enquête pour "assassinat".

"Son état permet la garde à vue" dans les locaux de la police judiciaire de Bayonne, a-t-il précisé, alors que deux sources proches du dossier ont évoqué à l'AFP un jeune homme tenant "des propos incohérents" et aux "troubles psy avérés".

"A ma connaissance, il n'y avait pas de circonstances ou de signalements particuliers", a précisé Pap Ndiaye lors d'une conférence de presse organisée devant l'établissement, aux côtés de son homologue de la Fonction publique Stanislas Guerini et de M. Bourrier.

"Il faut qu'il y ait des études qui soient faites et cela peut prendre un petit peu de temps (...) donc attendons la communication du procureur, ce qui est sûr c'est qu'il n'y a pas de mobile apparent qui ait pu être identifié", a déclaré jeudi matin sur France Inter le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Le suspect était arrivé à la rentrée dans ce collège-lycée calme et prisé de Saint-Jean-de-Luz, après avoir réussi son brevet avec mention très bien, a confirmé le rectorat de Bordeaux. L'année dernière, il était en troisième dans un collège public de la ville basque, selon une de ses anciennes camarades de classe.

Agressions fréquentes envers le corps enseignant mais rarement mortelles 

C'est la première fois qu'un enseignant est tué dans ses fonctions en France depuis l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un jeune homme islamiste radicalisé.

Si les agressions à l'égard du corps enseignant  sont fréquentes, l'Agence France Presse indique qu'il y a eu moins d'une dizaine de meurtres d'enseignants sur les quatre dernières décennies.

En juillet 2014, une institutrice de 34 ans avait été poignardée à mort par la mère d'une élève dans une école d'Albi. Tandis qu'en août 1996, alors qu'il se promenait à la feria de Dax, un professeur d'anglais de 51 ans avait été tué par deux jeunes, dont un de ses élèves recalé au baccalauréat.

"La Nation est à vos côtés", a déclaré le président Emmanuel Macron à l'adresse de la communauté éducative sur Twitter, alors que la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne partageait "le choc et la peine de la communauté éducative" du collège-lycée Saint-Thomas d'Aquin.

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, s'est dit "très touché de la sollicitude des autorités" en arrivant sur les lieux pour exprimer "toute (s)a compassion et toute (s)a prière pour cette famille sous le choc d'un événement impensable et qui n'aurait jamais dû avoir lieu".

Communiqué de la CEF

Dans un communiqué de presse publié hier, la Conférence des évêques de France (CEF) a évoqué sa "stupeur" et son "immense tristesse" à l'annonce du drame. 

"Nos pensées et nos prières vont avant tout à la famille de l’enseignante, à l’ensemble de la communauté éducative de l’établissement, élèves et enseignants, et à tous ceux qui sont à leurs côtés dans cette terrible épreuve", ont poursuivi les évêques de France qui assurent "le diocèse, son évêque Monseigneur Marc Aillet, ainsi que l’ensemble des équipes de l’Enseignement catholique" de leur "soutien" et "communion".

Camille Westphal Perrier (avec AFP)

Crédit image : GAIZKA IROZ / AFP

Dans la rubrique Société >



Les nouvelles récentes >