L’histoire a commencé à Lausanne (Suisse) en 1989 lorsque trois associations chrétiennes (Jeunesse en Mission, Médicaments pour l’Afrique et Aviation missionnaire) oeuvrant dans un contexte de solidarité ont décidé d’en créer une nouvelle, elle aussi chrétienne, pour porter secours et assistance avec un grand professionnalisme dans les situations de crise et d’urgence.
C’est ainsi que depuis plus d’un quart de siècle, l’ONG Médair envoie ses équipes dans des lieux de souffrance reculés et même dangereux du monde entier. Une centaine de spécialistes, dont 10 à 12 français, sont envoyés sur des critères de besoins (selon un indice propre à Médair) souvent liés à des conflits, ou en réponse à des situations d’urgence, comme les catastrophes naturelles qui ont endeuillé Haïti et le Népal ces derniers temps. Ces experts sont aussi des formateurs qui permettent aux autochtones de collaborer avec eux.
Trois domaines d’expertise et une cellule d’urgence
Les aides aux populations sont réalisées à travers trois domaines d’expertise. L’eau, l’assainissement et l’hygiène font l’objet de missions spécifiques pour pallier les risques sanitaires auxquels sont confrontées les populations qui connaissent de graves carences dans ces domaines, ce sont notamment des ingénieurs, hydrologues et hygiénistes qui sont envoyés sur le terrain. Dans le domaine de la santé et de la nutrition, l’aide apportée par les équipes médicales contribue à faire reculer la mortalité infantile et aussi à lutter contre les épidémies.
Ce fut le cas notamment en Sierra Léone avec le virus Ebola qui a heureusement épargné les équipes de soignants très exposées. La construction d’abris ou d’infrastructures (écoles, cliniques, routes, ponts, barrages…) est aussi un des domaines de compétence de Médair avec participation d’ingénieurs, architectes et professionnels de la construction. Un secteur qui vient aussi prendre le relais des équipes d’urgence, qui interviennent sur les séismes.
« Médair a une équipe d’urgence prête à partir dans les 48 heures » souligne Annick Balocco, la directrice du bureau français, basé à Chabeuil, près de Valence (Drôme), qui existe depuis 1999.
Ces spécialistes-là font partie des 60 à 70 personnes basées à Lausanne, où se trouve le siège de l’ONG. Le bureau français n’emploie pour sa part que cinq personnes plus une en service civique, principalement dévolues aux tâches administratives et de communication.
« Très peu d’ONG travaillent dans de tels endroits »
A la différence des équipes d’urgence qui ne restent pas sur le terrain de façon prolongée, celles qui travaillent dans les autres domaines sont installées pour une durée minimum, précise Annick Balocco, qui explique : « le profil des volontaires est célibataire ou couple sans enfant, partant pour deux ans minimum et expert dans le domaine de la santé, technicien ou ingénieur ». Elle ajoute que les risques encourus ne sont pas négligeables. Rien que l’intitulé de certains pays où se produisent les interventions est évocateur : l’Afghanistan, la République Démocratique du Congo, la Somalie, le Sud Soudan et les pays du Moyen-Orient comme la Syrie, l’Irak…
« Très peu d’ONG travaillent dans de tels endroit. Dans le domaine de la sécurité, nous sommes très structurés, avec des protocoles très rigoureux, des responsables attitrés, un lien avec l’ONU » explique-t-elle.
Ce qui conduit aussi à s’adapter à des situations critiques. C’est ainsi que Médair a dû se résoudre un moment à procéder au rapatriement des équipes du Sud-Soudan, ou que des équipiers ont été contraints de se cacher dans la forêt pendant 24 heures pour échapper à un danger imminent en RD du Congo....
Les risques et la prière
Les équipes peuvent être confrontées à des déplacements de population touchant des milliers de personnes, à des difficultés d’acheminement de médicaments dans des endroits quasi-inaccessibles où seules les motos peuvent se frayer un passage dans des bourbiers, sans parler du danger lié aux bêtes sauvages…
A la suite du tremblement de terre au Népal, l’équipe d’urgence avait dû réaliser des prouesses, non sans risques, pour accéder à des villages reculés.
Cette capacité à intervenir dans les endroits les plus difficiles d’accès est aussi une caractéristique de l’ONG, outre son identité chrétienne, qu’elle ne brandit pas outre mesure, puisqu’il ne s’agit pas de faire de l’évangélisation. Néanmoins la spiritualité joue un rôle primordial avec un réseau interne de prière, des équipes de partage et prière. Ce qui explique aussi, pour Annick Balocco, que les équipiers de Médair sortent sains et saufs des situations compliquées dans lesquelles ils se retrouvent. Le moteur de l’action est également du domaine de la foi, souligne la directrice France qui ajoute que l’association, qui vit de dons et subventions a besoin d’être connue, même si elle l’est déjà dans la sphère humanitaire. D’où sa participation à de nombreux stands lors de salons ou d’événements chrétiens.
« Nous avons 80% de financement par les diverses institutions et 20% de la part de donateurs privés, familles, églises... » indique-t-elle, précisant qu’il existe la possibilité d’effectuer un don en ligne sur le site de Médair.