"L’ampleur de la destruction est stupéfiante et l’impact psychosocial et économique sur la vie des gens, en particulier les femmes et les filles, ne peut être surestimé."
La prix Nobel de la paix pakistanaise Malala Yousafzai s’est rendue mercredi dans des des camps dans la province rurale de Sind, auprès de femmes rescapées des récentes inondations au Pakistan, qui ont fait huit millions de déplacés et 28 milliards de dollars de dégâts. Il s’agit de son deuxième voyage dans son pays depuis l’attentat taliban qui a failli lui coûter la vie en 2012.
Malala souhaitait par cette visite (sud-est) entrer en contact avec les communautés touchées par les inondations et appeler à des efforts de secours mondiaux.
"L’ampleur de la destruction est stupéfiante et l’impact psychosocial et économique sur la vie des gens, en particulier les femmes et les filles, ne peut être surestimé. Des millions de Pakistanais souffrent des conséquences de l’inaction climatique. Les dirigeants mondiaux doivent intensifier, accélérer leurs plans de réponse et mobiliser les fonds nécessaires pour aider le Pakistan à se reconstruire et à soutenir les populations touchées."
Rencontrant des représentants du gouvernement du Sind à Karachi, elle a également exprimé son inquiétude sur la situation de l’éducation, alors que plus de trois millions d’enfants connaissent des problèmes pour se rendre en classe et 12 000 écoles ont été endommagées à la suite des inondations catastrophiques qui ont touché un tiers du territoire pakistanais cet été pendant la mousson. Malala les a exhortés à rétablir les écoles en tant que centres d’apprentissage et à inciter les filles à retourner à l’école après la crise.
La prix Nobel de la paix a honoré les femmes "très courageuses" qu’elle a rencontrées dans les centaines de camps de fortune installés dans le pays. Là-bas, les autorités font face à une crise sanitaire avec l’augmentation de la malaria, de la dengue et de la malnutrition.
Malala avait 15 ans quand, le 9 octobre 2012, des membres du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), ont fait irruption dans le car la ramenant de l’école et lui ont tiré une balle dans la tête pour avoir osé faire campagne en faveur de la scolarisation des filles dans sa vallée de Swat. Elle avait ensuite été soignée en urgence en Grande-Bretagne, puis était devenue un symbole mondial de résistance à l’extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d’instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l’histoire.
Avec l’arrivée des talibans en Afghanistan, le mouvement a ressurgi dans la région. Quelque 2 000 élèves et leurs professeurs ont manifesté mardi à Mingora, la ville où Malala a grandi, après l’attaque lundi d’un car scolaire qui a fait un mort, le chauffeur, et un élève blessé.
M.C. (avec AFP)