Malaisie : Derrière la carte postale, la dure réalité de la persécution pour les chrétiens

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Chaque semaine, la rédaction d’Info Chrétienne vous propose un article focus sur la situation des chrétiens dans le monde. Aujourd’hui, la Malaisie.

En Malaisie, les chrétiens représentent moins de 10% de la population. La grande majorité des malais sont musulmans. Si la Constitution garantit à chacun le « droit de professer et pratiquer sa religion », l’islam est définie comme la « religion de la fédération ». Son interprétation y est stricte et la charia parfois imposée, comme le rappelle le rapport de l’USCIRF.

« En pratique, cela équivaut à une version stricte de l’Islam soutenue par l’État, sans place pour une interprétation personnelle. [...] Les tribunaux civils sont parfois cédés aux tribunaux religieux, ce qui signifie que les non-musulmans sont parfois soumis aux décisions de la charia. »

Le rapport note d’ailleurs que certains États tentent d’imposer la mise en place d’un Code Pénal islamique :

« Certains États ont poursuivi leurs efforts pour imposer un Code Pénal islamique, connu sous le nom de hudud, pour un certain nombre d’infractions pénales, notamment l’apostasie, la calomnie, l’adultère et la consommation d’alcool. Les peines prescrites incluent la flagellation ou la bastonnade et, sans l’avoir jamais mis en œuvre, l’amputation, la lapidation, la crucifixion, et la mort. »

Le prosélytisme limitéEn Malaisie, les musulmans sunnites sont les seuls à pouvoir partager leur foi à tous. Pour les autres fidèles, le prosélytisme n’est autorisé qu’à destination des minorités religieuses. Dans le cas contraire, le contrevenant risque « bastonnade ou emprisonnement ». Le rapport note que les étrangers doivent également se soumettre et rappelle le cas de quatre chrétiens finlandais :

« En novembre 2018, quatre finlandais ont été détenus puis extradés pour avoir distribué des publications chrétiennes en public. »

En décembre 2018, le ministre de l’éducation a « suscité la controverse en exhortant les éducateurs religieux musulmans de la Malaisie péninsulaire à prêcher l’islam à Sabah et au Sarawak, États de la Malaisie orientale avec des populations chrétiennes importantes ».

« De nombreux chrétiens pensaient qu’il exhortait les enseignants musulmans de convertir les chrétiens à l’islam. Ses commentaires étaient particulièrement sensibles car le prosélytisme envers les non-musulmans est répandu dans tout le système scolaire publique en Malaisie. »

Une détérioration de la liberté religieuseSelon le rapport, « dans les dernières années », les minorités religieuses déplorent une « détérioration des conditions de liberté religieuse en Malaisie ». Bien que les récentes élections aient apporté quelque optimisme, la réalité du Sedition Act place les minorités religieuses dans une position difficile. Le Sedition Act est en cours en Malaisie depuis 1948. Il vise à incriminer les « discours à tendance séditieuse« , comme ceux qui provoquent « la haine ou le mépris », ceux qui s’opposent au gouvernement ou encore ceux qui encouragent « des sentiments de mauvaise foi. volonté et hostilité entre différentes races ». Il semble pourtant servir la répression politique et religieuse.

« Par exemple, la coalition PH a proposé d’abroger le vaguement formulé Sedition Act, qui dans le passé, a été utilisé par le gouvernement pour réprimer la dissidence politique et religieuse. À l’issue de la période de référence, le Sedition Act reste en vigueur. »

Des actes de vandalisme contre des églisesSi les citoyens malais ont le droit de pratiquer leur foi librement, on assiste cependant à des actes de vandalisme. Ces actes qui visent les non-musulmans persistent. À l’instar de l’église de Petaling Jaya, attaquée par des assaillants armés d’explosifs en janvier 2018, ou l’église de Kota Barhu, cible d’attaque incendiaire quelques jours plus tard.

Le secrétaire général du Conseil des églises de Malaisie, Hermen Shastri, déplore « l’intolérance religieuse » :

« [Ces attaques] sont motivées par des extrémistes qui veulent attiser les flammes de l’intolérance religieuse dans le pays. »

Autre problématique pour les chrétiens de Malaisie, l’inscription de la religion sur la carte d’identité.

« Les fidèles des minorités religieuses sont parfois enregistrés en tant que musulmans à cause de conversions forcées, de mariages arrangés ou même d’erreurs d’écriture. Quelles que soient les circonstances, être identifié à tort comme musulman sur sa carte d’identité interdit à une personne d’épouser un non-musulman, la soumet aux décisions de la cour de la charia, exige que ses enfants fréquentent une école islamique et, dans la plupart des cas, interdit la conversion à une autre foi. L’inscription inexacte devient un problème hérité pour les enfants et les petits-enfants de la personne. »

Le rapport tient à rappeler des cas d’enlèvements de pasteurs qui restent non-résolus à ce jour, comme celui du pasteur Koh, ou du pasteur Joshua Hilmy et de sa femme, Ruth.

M.C.

 

 


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