Le vingt-troisième rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement en France dénonce « l’insuffisance » des efforts du gouvernement pour y remédier.
La Fondation Abbé Pierre (FAP) vient de publier son vingt-troisième rapport annuel sur le mal-logement en France. Dénonçant la plus grande vulnérabilité des mal-logés toujours plus nombreux, elle tacle le gouvernement et « l’insuffisance » de ses efforts pour y remédier.
La Fondation estime que 4,15 millions de personnes sont mal logées en France, qu’elles n’aient pas de logement personnel, qu’elles vivent dans un lieu beaucoup trop petit pour elles, qu’elles soient privées du confort de base ou encore qu’elles appartiennent à une large part des « gens du voyage » subissant de mauvaises conditions d’habitat.
Le « halo » du mal-logement, qui regroupe les situations comme la précarité énergétique ou les locataires avec des impayés, concerne quant à lui 12,1 millions de personnes, selon les calculs de la FAP, soit plus d’un sixième de la population.
« Le pays n’en peut plus de cette injustice qui laisse ses hommes, ses femmes, ses enfants à la rue, réduits pour certains à la mendicité pour survivre », affirme Laurent Desmard, Président de la Fondation Abbé Pierre.
#REML2023 I🗣️Laurent Desmard, Président de la Fondation Abbé Pierre, "Le pays n’en peut plus de cette injustice qui laisse ses hommes, ses femmes, ses enfants à la rue, réduits pour certains à la mendicité pour survivre." pic.twitter.com/Zm1qUElBuk
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) February 1, 2023
Et c’est l’inflation que pointe en premier lieu la Fondation. Elle a nettement accéléré en 2022 et met en difficulté les ménages modestes en augmentant leurs coûts contraints (logement, déplacement, alimentation...).
Face à ce constat, la FAP dénonce « l’insuffisance des réponses publiques pour rendre le logement abordable ». Elle déplore « une année blanche ou presque dans la lutte contre le mal-logement ». L' »effort public pour le logement », rassemblant les aides aux personnes et à la production, ne représentait plus en 2021 que 1,5% du produit intérieur brut, un chiffre qui n’a pas été aussi bas depuis au moins 1991, dénonce la FAP.
Le délégué général de la Fondation, Christophe Robert, s’indigne, « aux plus riches, d’un côté, des mesures pérennes, massives ; aux plus pauvres, d’un autre côté, des mesures ponctuelles ».
Invité par France Inter, il explique, « on n’est pas virulents pour être virulents ».
« On a constaté, pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, que le logement a contribué à la baisse de dépense budgétaire de manière très significative, c’est un des principaux contributeurs à cette baisse. On a un niveau d’investissement dans le logement qui n’a jamais été aussi bas depuis qu’on calcule ce chiffre : on a perdu 15 milliards par an d’investissement ou d’implication dans ce domaine. Dont 4 milliards sur les APL : c’est-à-dire sur ce qui permet aux ménages modestes ou pauvres de se loger. »
S’exprimant sur RMC au sujet des 330 000 personnes sans domicile en France, le directeur des Études de la FAP, Manuel Domergue, « ce qui nous alerte c’est qu’on a l’impression que le gouvernement ne prend pas la mesure du problème et surtout n’a pas de politique qui pourrait venir le résorber ». S’il affirme qu’il n’y a « pas d’actions suffisantes », il déplore également « les actions négatives », avec notamment « la reprise des expulsions locatives après le Covid », les « expulsions de bidonvilles, sans aucune solution d’hébergement derrière, ni même de logement évidemment » ou encore la « proposition de loi Kasbarian-Bergé qui va mettre en prison des personnes qui sont en impayés de loyers, des personnes qui sont dans des squats ».
Mercredi, lors de la présentation officielle du rapport à la Maison de la Mutualité à Paris, le ministre délégué à la Ville et au logement, Olivier Klein, est attendu pour répondre aux critiques et pour présenter le nouveau plan « Logement d’abord », qui vise à faciliter le retour au logement des personnes sans-abri.
M.C. (avec AFP)