Mais pourquoi tant de Bibles ?

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Certains croyants que je rencontre me disent assez souvent : Pourquoi tant de Bibles ? Laquelle dois-je lire ? Y en a-t-il des meilleures que d’autres ? Disent-elles la même chose ? Et oui quelquefois le lecteur ne sait plus à quelle Bible se vouer, c’est pourquoi nous allons essayer d’y voir plus clair. Nous parlerons ici d’une liste non-exhaustive des versions françaises, sachant bien qu’au ciel nous parlerons tous français.

  • Les vintages : Martin & Ostervald

Vieilles d’environ 300 ans, elles se retrouvent souvent dans nos anciennes bibliothèques, vous savez le regroupement de livres en papier ! Mais aussi en version numérique, et les geeks disent amen. Il y a bien d’autres versions antérieures, mais nous parlons ici des plus représentatives. Monsieur Ostervald a établi une révision de la bible de Monsieur Martin, qui lui-même en avait fait une de l’édition de Genève.

Bon, revenons à nos moutons : ces deux versions sont vues par les spécialistes comme un peu perfectible sur certains passages. Mais au-delà de ce point de vue, pour nous lecteurs du troisième millénaire, qu’en est-il ? Et bien ça se lit encore ! On aurait tendance à rouler les ‘’r’’ à la façon de Pagnol en les lisant, vu le vocabulaire à la mode 1900, mais ce sont là des Bibles qui pourront occasionnellement nous éclairer d’un autre regard face à nos versions habituelles. Je vous propose de mettre un verset comparatif pour voir les différences sur la base du verset de Romains 8.28.

Martin : Or nous savons aussi que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, [c’est-à-dire], de ceux qui sont appelés selon son propos arrêté.

Ostervald : Or, nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, savoir, à ceux qui sont appelés selon le dessein qu’il en avait formé.

  • La vintage littérale : Darby

Vous êtes un féru d’études bibliques, vous vous voyez enseigner à des foules cherchant à comprendre l’exactitude du ‘’propos arrêté’’ de Dieu pour nous : voici votre Bible. Un de mes professeurs disait :

«Si vous n’avez pas le temps de faire votre traduction de la Bible, préférez la version Darby.»

Et oui Darby c’est précis. Mais de là à lire tous les jours la Darby, il faut en vouloir…

Darby : Mais nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos.

  • L’anti-dérapante : La Crampon !

Les protestants étant friands de la Bible, même avant le ‘’Sola Scriptura’’ d’IMPACT (petite dédicace pour les jeunes qui ne sauraient pas que le titre de l’album du groupe québécois est issu de la réforme protestante), ils furent très actifs dans le développement de maintes traductions de la Bible. Bon, il fallait bien que les théologiens catholiques montent au créneau pour redynamiser la lecture de la Bible. Ainsi naquit la Crampon. Accusée d’être un peu une copie de la Bible Segond, la Crampon demeure une très bonne traduction et cela permet d’avoir une version, certes déjà un peu ancienne, mais qui donnera du relief à vos études.

Crampon : Nous savons d’ailleurs que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein.

  • La difficile Made in Chouraqui

Je sens déjà les amis juifs messianiques voulant me mettre au pilori biblique, mais je dis chapeau-bas à celui qui lit au quotidien la traduction extra-littérale de Chouraqui : on se sent ici rapidement dérouté par des phrases dont la syntaxe semble tiré des discours de Yoda et des hébraïsmes omniprésents compliquant la fluidité. Cette bible est là encore très intéressante pour éclairer des études, et a le mérite d’exister et d’être franchement différente. Il est facile de lancer une critique sur tel ou tel projet, mais il faut rappeler avec un certain respect, les milliers d’heures de travail de tous ces traducteurs ; ici je dirais que nous avons vraiment plus affaire avec une Bible de travail. Malgré son apparente intégrité, il n’en demeure pas moins quelques erreurs.

Chouraqui : Nous le savons, ceux qu’aime Elohîms, tout concourt à leur bien, ceux qu’il a appelés selon son propos.

  • La canonique : La Segond

Bible par définition protestante, elle demeure le best-seller des versions françaises. Notre bon pasteur du XIXème siècle ne devait pas s’attendre à ce que plus de 150 ans après, des milliers d’églises lisent encore sa version. Malgré les critiques de certains, elle a su bénir et perdurer au long des ses révisions, plus de 6 fois retravaillée avec par exemple, les versions Colombe, Second 21 ou NBS elle demeure la Bible numéro 1. La colombe est une version Segond, bonne pour une utilisation quotidienne.

Segond & Colombe : Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.

  • The descendants : NBS et Second 21

La NBS, c’est un peu la Segond théologique, une version assez littérale, qui pourrait se rapprocher d’une Darby moderne et en même temps, elle possède un coté un peu provocateur pour certain. Par exemple la « repentance » devient « changement radical », et cela ne plait pas à tout le monde. Quant à la second 21 , elle est une traduction plus littérale que la Segond mais au vocabulaire bien adapté pour notre époque : je la trouve très bien au quotidien.

NBS : Nous savons, du reste, que tout coopère pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son projet.

Segond 21 : Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan.

  • L’orientale : La Jérusalem

Une belle version des catholiques. La Bible de Jérusalem, qui se nomme ainsi de part l’école universitaire dont elle est issue, est un travail consciencieux qui demeure une très bonne traduction, démontrant plus de différences de syntaxes que ne pouvaient en avoir la Crampon.

Bible de Jérusalem : Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein.

  • L’auberge espagnole : La TOB (traduction œcuménique de la Bible)

Rassemblant à la base catholiques et protestants, elle rassembla encore dernièrement des orthodoxes. On y retrouve ici les livres deutérocanoniques (mot barbare qui désignent les livres considérés comme intéressants mais pas à la hauteur de l’inspiration des textes bibliques tels que Judith, Macchabés…), mais aussi une traduction très intéressante et très adaptée aux vocabulaires actuels. Certains l’accusent de favoriser la doctrine catholique, je trouve cela un peu exagéré. Bravo à cette équipe qui a su montrer que l’unité, ça a du bon.

TOB : Nous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein.

  • Pour mieux comprendre : La Semeur

A l’instar des ses grandes sœurs, La Semeur est l’aboutissement d’un travail qui emprunte un autre postulat : on ne traduit pas mot à mot, on traduit selon le sens et l’idée générale de la phrase ou du paragraphe ; ça a le mérite d’être très clair et compréhensible, mais aussi le danger de nous amener dans le parti pris du traducteur. Travail sérieux, elle n’est pas pour les puristes une traduction, mais une sorte de globalisation pour aider à mieux comprendre. Elle sera une très bonne partenaire pour vos lectures quotidiennes, pour ma part moins pour une étude de texte sans le contrôle d’une autre version plus littérale.

Semeur : Nous savons en outre que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin.

  • La Facile : Bible en Français courant

Et bien là non plus ce n’est pas une traduction littérale, mais une facilitation de la lecture par l’emploi de phrase simple et claire, avec le danger d’orienter ici aussi le texte d’une manière non-objective.

Français courant : Nous savons que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu’il a appelés selon son plan.

  • Les hérétiques : La traduction du monde nouveau & autres dangers

Désolé pour ce jugement de valeur, mais vu l’horrible manipulation du texte pour forcer certains points de doctrines…. Aucune mention de nom de traducteurs, pas d’explications aux changements complets de sens : ce n’est pas recevable. La palme de l’hérésie revient à ces pseudo-prophètes qui réécrivent leurs bibles, et dont je ne veux même pas citer les noms : des perles dans le monde du grand n’importe quoi.

Alors pourquoi tant de bibles ?

Et bien comme le signifie la maxime : « Traduction Trahison », Il n’y a pas de traduction parfaite. De plus, selon notre culture, notre sensibilité, une tournure de phrase ou un certain vocabulaire nous inspirera plus, nous amènera à mieux comprendre les projets de Dieu pour nous. Je crois qu’il est bon et que c’est une grâce d’avoir tant de traductions pour nous amener toujours plus précisément vers le message divin. Alors maintenant que vous en savez un peu plus : à vos marques prêts, lisez ! 🙂

La rédaction


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