Dans la région du Sud Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, Majagira Bulangalire a été relâché par ses ravisseurs dans la soirée du 1er mai. Il a expliqué avoir été la cible d’un gang de mercenaires. Pasteur protestant et professeur d’université, il est connu pour avoir fondé la Communauté des Églises d’expressions africaines francophones.
Dans la nuit du samedi 27 avril au dimanche 28 avril, le pasteur Majagira Bulangalire avait disparu avec sa femme. Libérée le lendemain, elle a dû attendre 4 jours avant la libération de son mari.
Professeur d’université, cet historien anthropologue et sociologue a créé et organisé la Communauté des Églises d’Expressions Africaines Francophones (CEAF). Ancien député, il s’attache désormais au développement de sa région du Sud-Kivu et continue son ministère pastoral dans l’Église de Pentecôte de Kiliba.
Mais, comme il l’a expliqué dans une vidéo de la CEPAC, sa volonté de faire avancer le pays ne plaît pas à tous. Certains opposants sont même prêts à payer son élimination, auprès de jeunes mercenaires agissant dans la brousse congolaise.
"Ma tête était mise à prix pour 200 000 dollars. On leur a donné 100 000 dollars au départ et on devait leur donner 100 000 quand je serai mort. Qui est fautif ? Celui qui est en brousse ou celui qui paie 100 000 dollars ?"
Interrogé sur cette intention mauvaise, le pasteur préfère ne pas révéler l’identité des "trois personnes" commanditaires. Mais il assure qu’elles sont connues dans la région et que le secret ne saurait être gardé trop longtemps.
La République démocratique du Congo est en effet en proie à de nombreux affrontements entre groupes armés paramilitaires, parfois utilisés et instrumentalisés par d’autres intérêts. La région du Sud-Kivu est aussi le théâtre des opérations armées du M23, groupe soutenu par le Rwanda, sur fond de lutte pour la propriété des mines de minerais stratégiques tels que le coltan. La situation risque d’empirer : les soldats de la Monusco, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo a confirmé la cessation de ses activités dans la province à partir du 30 avril, conformément au plan de retrait demandé par Kinshasa.
Toutefois, le pasteur a pu parlementer avec ses ravisseurs et obtenir d’être relâché. "J’ai négocié seul ma libération, ce ne sont pas mes parents, ce ne sont pas mes paroissiens", a-t-il assuré. Questionné sur la rançon qu’il a dû donner, il a estimé que "la moitié de l’argent provient des soutiens de France".
Ayant pu discuter avec les membres du groupe qui l’a enlevé, Majagira Bulangalire a expliqué que "ces jeunes dans la brousse ne sont pas aussi mauvais qu’on le dit". "La faute est plutôt de notre côté, il faut faire en sorte qu’il y ait un peu plus de justice ici" a-t-il poursuivi.
Dans un relatif bon état physique, le pasteur a certifié que ni lui ni sa femme n’avaient subi de mauvais traitements. En fin de vidéo, Majagira Bulangalire a remercié les soutiens qui sont venus de ses proches, de ses étudiants et de partout dans le monde.
Le pasteur congolais garde l’espoir chevillé au corps pour son pays et semble prêt à continuer la lutte : "En tant que Congolais, nous sommes un peuple, et nous devons construire notre pays ensemble".
Jean-Benoît Harel