
Le 21 avril, le conducteur d'un camion a percuté délibérément des chrétiens en pleine procession de Pâques dans la ville de Billiri au Nigeria. Six croyants ont été tués et dix-huit autres sont toujours dans un état critique.
"Un camion semi-remorque s'est précipité en direction du groupe de chrétiens qui avait atteint le carrefour de Tashan Gona. Des individus ont rapidement fait signe au conducteur de ralentir et de klaxonner à l'approche du groupe afin de lui laisser le passage. Il roulait à environ 10-15 kilomètres à l'heure. Mais dès qu'il a aperçu la foule devant lui, il a accéléré et a foncé sur le groupe par-derrière, sans même klaxonner. Il a fauché plusieurs personnes."
Voici les conclusions d'un communiqué publié par le Gombe South Emancipation Forum, un groupe de chrétiens locaux, après un incident survenu dans la ville de Billiri dans l'État de Gombe au Nigeria, le dimanche 21 avril.
Six chrétiens ont perdu la vie et dix-huit autres seraient toujours dans un état critique. L’attaque est survenue alors que le cortège accomplissait son traditionnel défilé de Pâques, organisé depuis près de trente ans, précise l’organisation.
"Un acte délibéré du conducteur"
Dans un premier temps, la police a évoqué une défaillance des freins, estimant que le conducteur n'était pas responsable. Une version rejetée par plusieurs sources dont le Gombe South Emancipation Forum (GSEF).
Dans son communiqué, l'organisation accuse la police de l'État de Gombe de mentir et de diffuser des "informations erronées".
"De nombreux mensonges et informations erronées entourent l'incident du lundi de Pâques. Après avoir mené des recherches approfondies, il est devenu nécessaire pour nous de dire au monde la vérité sur ce qui s'est passé à Billiri."
En se basant sur une vidéo de l'accident, publiée sur les réseaux sociaux, l'organisme chrétien contredit la thèse d’un problème mécanique.
"Immédiatement après avoir fauché les personnes, le camion s'est immobilisé, indiquant une utilisation manifeste des freins. Nous constatons ici qu'il est impossible qu'un camion de 18 roues rempli de céréales et accélérant au-delà de la limite de vitesse sur une route défoncée s'arrête immédiatement simplement parce qu'il a écrasé un groupe de personnes. Cela serait contraire aux lois de la physique."
"Avant le terrible incident, des dizaines de véhicules, dont des camions, étaient déjà passés et, à chaque fois, les gens leur cédaient le passage", a ajouté l'organisation.
De son côté, un comité nommé par le gouvernement et composé de membres chrétiens et musulmans, a également conclu que l'incident "n'était pas accidentel mais un acte délibéré du conducteur".
170 chrétiens tués pendant le Carême et le week-end de Pâques
Entre le 18 et le 20 avril, une vague d’attaques attribuées à des militants peuls a causé la mort d’au moins 72 chrétiens dans l’État de Benue. Les villages d’Ukum et de Logo ont été particulièrement touchés, alors que les communautés s’apprêtaient à entrer dans les célébrations pascales dans un climat de recueillement.
Quelques semaines auparavant, plus d'une centaine de chrétiens ont perdu la vie dans l'État du Plateau, voisin du Benue, lors d'attaques survenues pendant le dimanche des Rameaux. Des groupes armés peuls ont mené des assauts simultanés contre plusieurs villages majoritairement chrétiens, prenant pour cible les habitants en pleine célébration et forçant de nombreuses familles à l'exil.
Selon l’ONG Portes Ouvertes, le Nigeria reste le pays le plus dangereux au monde pour les chrétiens. En 2024, plus de 3 100 d’entre eux auraient déjà été tués pour leur foi. Si le gouvernement fédéral nie toute persécution religieuse et évoque des conflits liés à l’accès aux ressources, de nombreux responsables religieux dénoncent un abandon des populations chrétiennes.
Mélanie Boukorras