« La loi doit protéger la foi, aussi longtemps que la foi ne prétendra pas dire la loi. »
Ces mots sont ceux d’Aristide Briand, exprimés dans son rapport relatif à la séparation des Églises et de l’État en 1905. C’est aussi cette citation que le président de la Fédération protestante de France, François Clavairoly, a utilisé lors de son audition au Sénat dans le contexte du projet de loi « pour conforter les principes républicains ».
En affirmant que « la loi doit protéger la foi », le président de la FPF entend défendre, devant le gouvernement, la liberté de culte qui pourrait être mise à mal par ce projet de loi.
La loi et la foi sont régulièrement mêlées, c’est notamment le cas aux Etats-Unis, où la foi des votants est souvent un enjeu politique. Donald Trump considéré par beaucoup comme le président des chrétiens évangéliques blancs fait justement parler de lui. Alors que les sénateurs démocrates tentent de voter sa destitution pour qu’il devienne inéligible à vie, 45 sénateurs républicains ont voté contre, mettant en péril la tentative des démocrates.
La loi peut aussi servir à protéger un patrimoine culturel lié à la foi comme des églises ou des monastères... C’est précisément ce que souhaite le Défenseur des droits de l’Homme du Haut-Karabakh. Il s’inquiète pour la protection du patrimoine culturel et historique arménien dans les territoires qui sont, depuis la fin du conflit, contrôlés par l’Azerbaïdjan. Face à l’urgence de la situation, il demande à des organisations internationales d’agir.
Malheureusement, dans de nombreux endroits du monde, la loi est bien loin de protéger la foi. Au contraire, elle peut même être une entrave à l’expression de la foi.
C’est notamment le cas en Chine où Niu Guobao, un chrétien chinois qui a organisé une cérémonie pour célébrer Noël est accusé d’avoir organisé un rassemblement religieux illégal. On lui demande de payer une amende de 20 000 euros.
Et en Inde, dans l’État de l’Uttar Pradesh, où vingt-sept chrétiens, hommes, femmes et enfants, ont été violemment agressés le 3 janvier dernier. La police, pourtant sensée représenter la loi, était présente et s’est rangée du côté des assaillants.
De même au Pakistan, où les cas de jeunes filles chrétiennes ou issues d’autres minorités religieuses qui sont kidnappées, violées, mariées et converties à l’islam de force se multiplient. Les parents de ces jeunes filles se retrouvent impuissants face à un système judiciaire qui refuse même parfois d’enregistrer leurs plaintes.
Alors oui, comme l’écrivait Aristide Briand, la loi doit protéger la foi, et en tant que chrétiens nous devons faire entendre notre voix pour protéger la liberté du culte dans notre pays. Car lorsqu’elle est menacée, comme c’est le cas en Inde, au Pakistan, en Chine et dans bien d’autres pays du monde, les répercussions sont catastrophiques.
Camille Westphal Perrier