
Adoptée mardi 8 juillet à l’Assemblée nationale, la loi Duplomb, censée "lever les contraintes" pesant sur le métier d’agriculteur, suscite une vive polémique. Parmi les voix qui s’élèvent contre ce texte : A Rocha France, association chrétienne engagée pour l’écologie, qui dénonce un projet néfaste pour la biodiversité et les ressources naturelles.
Portée par le sénateur Pierre Duplomb, la proposition de loi agricole Duplomb-Menonville a été adoptée mardi à l’Assemblée nationale, soutenue par le gouvernement, malgré une opposition vive de la gauche et des écologistes. Avec 316 voix pour et 223 contre, le texte, présenté comme une réponse à la colère agricole de 2024, entend "simplifier" la vie des exploitants.
Mais pour nombre d’associations, notamment environnementales, il s’agit d’un dangereux retour en arrière. Selon l'AFP, la Ligue contre le cancer s’est elle dite "alarmée" par la réintroduction dérogatoire de pesticides néonicotinoïdes, dénonçant une mesure qui "met en péril la santé des générations futures".
Dans un communiqué publié hier, l’association chrétienne A Rocha déplore de son côté un texte qui ne répond "ni aux véritables enjeux agricoles, ni aux attentes des agriculteurs eux-mêmes". L'organisation, qui mobilise les chrétiens autour des enjeux écologiques, estime qu'en revenant sur des normes environnementales essentielles, le texte entérine une agriculture intensive et industrialisée, au détriment de la biodiversité, de la qualité des sols et du partage équitable de l’eau.
Parmi les mesures décriées : l’autorisation des néonicotinoïdes sous réserve d’une simple clause de révision, le relèvement des seuils pour les élevages industriels (jusqu’à 85 000 poulets ou 3 000 porcs) et la reconnaissance des mégabassines comme "d’intérêt public majeur", réduisant les possibilités de recours.
A Rocha dénonce également un processus législatif expéditif, marqué par l’adoption d’une motion de rejet préalable qui a court-circuité le débat parlementaire, avant un passage en commission mixte paritaire à huis clos. Les "dispositions adoptées sont loin de faire l’unanimité parmi la population", souligne l’association, rappelant qu’un récent sondage indique que 83 % des Français restent opposés à la réintroduction des néonicotinoïdes.
"Sensible aux conséquences des activités humaines sur la création", A Rocha France défend une agriculture de qualité, respectueuse de l’environnement, comme seul moyen durable de garantir la souveraineté alimentaire.
"Convaincus qu’agriculture et nature ne doivent pas être opposées, nous considérons que d’autres voies sont possibles pour atteindre la souveraineté alimentaire."
Fondée par un pasteur anglais en 1983 au Portugal, A Rocha ("le Rocher") est aujourd’hui présente dans 25 pays. En France, elle mène des actions de terrain, notamment autour du domaine des Courmettes et du Mas Mireille, et anime un réseau d’ambassadeurs locaux. Sa mission : rappeler, au cœur des crises écologiques, l’appel à "prendre soin de la création, par amour pour Dieu et pour l’humanité".
Camille Westphal Perrier