Un homme de 34, jugé vendredi à Poitiers pour l'incendie volontaire d'une église classée au patrimoine mondial de l'Unesco, a été reconnu coupable mais irresponsable pénalement par le tribunal qui a ordonné son hospitalisation sous contrainte.
Se basant sur l'expertise psychiatrique du prévenu qui faisait état d'une "psychose délirante à dimension mystique et mégalomaniaque", le parquet a souligné l'absence de discernement et requis son internement.
Le 3 octobre à Poitiers, l'église médiévale Saint-Hilaire-le-Grand avait été la cible d'un incendie qui a fortement endommagé des œuvres d'art, sans faire de victime. L'enquête a permis d'identifier le trentenaire, natif de Poitiers, grâce notamment à son ADN retrouvé sur deux allumettes et le téléphone de sa fille de 12 ans qui a borné près de l'édifice la nuit de l'incendie.
À la barre, le prévenu, déjà condamné en 2017 à Chartes pour proxénétisme aggravé, n'a pas reconnu les faits, niant être un pyromane :
"Je suis chrétien, je respecte toute religion, toute croyance. Je suis allé en Chine et je n'ai pas mis le feu aux temples bouddhistes"
Selon les pompiers, partie civile, l'incendie a mobilisé 35 hommes et 13 véhicules, pendant plus de 30 heures d'intervention, pour un coût équivalent à plus de 11.000 euros.
Également partie civile, la Ville de Poitiers a déploré des "pertes colossales et irrémédiables", sans être capable de fournir un chifrage. Elle a demandé un renvoi de l'audience sur intérêts civils, fixée par le tribunal au 15 septembre 2025.
Cette église du Xe siècle, bâtie selon la tradition au-dessus du tombeau de Saint-Hilaire, docteur de l'Église et premier évêque de Poitiers mort au IVe siècle, fut consacrée en 1049. Pillée pendant les guerres de religion, dévastée à la Révolution, l'église ornée de peintures et de colonnes sculptées a été classée monument historique en 1847, avant d'être distinguée en 1998 par l'Unesco comme étape sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
La Rédaction avec l'AFP
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