Libéré après 30 années passées dans les couloirs de la mort à tort, il refuse la haine au nom de la Bible
« L’amertume tue l’âme. Je ne peux pas haïr parce que la Bible m’apprend à ne pas haïr. J’ai vu la haine à son pire état. Quel avantage aurais-je à haïr ? »
Anthony Ray Hinton n’a que 29 ans quand il est accusé à tort du meurtre de deux personnes en 1985 en Alabama. Il n’a eu de cesse de clamer son innocence et aucune preuve tangible ne l’accuse, mais il est condamné à mort pour ces deux homicides. Trente ans plus tard, ses avocats obtiennent sa libération. Sa condamnation est annulée. Dès sa sortie, il interpelle les journalistes au sujet de sa foi.
« Ils avaient prévu de m’exécuter pour quelque chose que je n’avais pas fait. Vous tous qui tenez les caméras, je veux que vous sachiez qu’il y a un Dieu. Il est assis en haut, mais il regarde en bas. Il détruit mais il défend. Et il m’a défendu. Et je veux juste le remercier. Je n’ai pas honte de vous dire qu’il m’a envoyé non pas un avocat, mais les meilleurs avocats. Et je n’aurais pas pu y arriver sans eux. »
En 1985, deux employés d’un restaurant sont assassinés. Un troisième homme survit à ses blessures et désigne Anthony Ray Hinton comme coupable. À son domicile, l’arme de sa mère est retrouvée. Les balles retrouvées sur la scène de crime correspondent à celles qui auraient pu être utilisées par l’arme. Bien qu’il n’y ait aucune empreinte qui permettrait d’identifier Anthony, qu’aucun témoin ne l’accuse, et qu’il ait un alibi puisqu’il travaillait au moment des faits, il est reconnu coupable.
Anthony va alors passé 30 années dans les couloirs de la mort. En 2002 déjà, pourtant, des experts déclarent qu’aucune preuve ne le relie au crime. Il faudra attendre encore 12 années pour que le procès soit réouvert.
Ce procès concluera à l’erreur judiciaire. Pour Bryan Stevenson, un de ses avocats, il s’agit d’un « exemple classique d’injustice ».
« La race, la pauvreté, une assistance juridique insuffisante et l’indifférence des procureurs à l’innocence ont comploté pour créer un exemple classique d’injustice. Je ne vois aucun autre cas qui souligne de manière plus urgente le besoin de réforme que ce qui est arrivé à Anthony Ray Hinton. »
Alors face à l’injustice, un journaliste d’ABC s’étonne de ne pas « sentir d’amertume » en lui. Alors Anthony répond :
« Ils ont volé mes 30 ans, mes 40 ans, mes 50 ans. Mais ce qu’ils ne peuvent pas prendre, c’est ma joie. Je ne peux rien faire pour ces années. Mais je peux contrôler ma joie. [..] L’amertume tue l’âme. Je ne peux pas haïr parce que la Bible m’apprend à ne pas haïr. J’ai vu la haine à son pire état. Quel avantage aurais-je à haïr ? »
S’adressant aux familles des victimes, il assure prier pour elles.
« Et je veux dire aux familles des victimes, je continuerai à prier pour vous, comme je le fais depuis 30 ans. C’est une erreur judiciaire pour moi, mais aussi pour les familles des victimes. »
Anthony Ray Hinton a publié un livre pour retracer ces années passées dans la prison de Jefferson, Oui, le soleil brille : Comment j’ai trouvé la liberté dans le couloir de la mort.
M.C.