Lettre d’un chrétien à Michel Onfray, à propos de son dernier livre “Décadence”

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J’aimerais ici en préambule préciser que cette chronique n’est pas un pamphlet contre le livre de Michel Onfray, « Décadence ». Elle est plutôt l’expression de convictions que j’aimerais partager au Philosophe Michel Onfray. Mon propos ne visera pas à convaincre l’essayiste en partant d’une démonstration fondée sur la raison. L’écriture de ce texte vise plutôt à rétablir ou à restaurer des propos sans doute déformés du fait d’une mauvaise compréhension de l’évangile, d’une mauvaise approche dont j’ignore les raisons qui conduisent son auteur à des assertions qui ont parfois le goût de la provocation malveillante.

Puisse ainsi la lecture de cette chronique peser et interpeller ceux qui penseraient que l’évangile ne serait qu’une fable racontée à des enfants. Pourtant Michel Onfray qui se dit par ailleurs « athée Chrétien » dépeint la déliquescence de l’Europe dans le cadre de son dernier ouvrage en expliquant à ses lecteurs que le Christianisme porte dans ses germes une incontestable responsabilité jusqu’à affirme-t-il, être coupable de la shoah, pas moins.

C’est justement l’évacuation de toute idée de transcendance qui conduit bel et bien l’Occident à sa liquéfactionJe ne partage pas ainsi cette lecture anti chrétienne qu’il semble décliner dans son livre. C’est justement l’évacuation de toute idée de transcendance qui conduit bel et bien l’Occident à sa liquéfaction, à sa confusion du fait de la vacuité, du vide abyssal d’un monde qui a rejeté le message de l’Évangile. Michel Onfray semble vouloir régler ses comptes avec le Judéo-Christianisme considérant que Jésus est un joli conte… Voilà à quoi il réduit deux mille années de Christianisme. Il est vrai que je l’ai souvent relayé pour sa pensée lucide sur les dérives contemporaines, mais souvent, cette dimension nihiliste qui le caractérise est adossée à cette matérialité qu’il n’appelle pourtant pas de ses vœux, C’est sans doute un homme en souffrance mais qui n’a pas pris conscience que Dieu n’occupe pas l’espace de son cœur.

La finalité du progrès caressé par l’utopie transhumaniste, aboutirait en fin de compte à « l’âge d’or », « l’avenir radieux », « la mondialisation heureuse »

Michel Onfray ne contredit pourtant pas l’idée que La décadence serait finalement la résultante également de croyances fondées sur l’idéologie progressiste. Idéologie selon laquelle il existe un sens inexorable et inéluctable de l’histoire humaine, fondé sur le développement des nouvelles technologies, porté par la promesse de réparer le réel, la finitude et la mort. Cette idée de progrès dirigerait ainsi mécaniquement l’humanité vers un monde augmenté et performé. La finalité du progrès caressé par l’utopie transhumaniste, aboutirait en fin de compte à « l’âge d’or », « l’avenir radieux », « la mondialisation heureuse » qui se fonde dans la Gaïa des êtres totalement reliés et connectés à leurs objets numériques. La décadence n’est-elle pas ainsi le fruit mortel finalement d’une anti culture comme le préfigure l’Europe des technocrates promouvant les procédures, les normes, vantant la mondialisation le multiculturalisme, le nouvel humanisme d’un monde sans référentiel religieux, sans l’histoire et le récit de nos racines, mais dont le nouveau socle idéologique repose sur la techno consommation des biens virtuels pour divertir une humanité qui n’aurait plus besoin de Dieu, qui n’aurait plus besoin des autres, mais seulement des connexions gratuites pour obtenir les services désirés…

Nous partageons donc avec Michel Onfray une lecture commune sur un monde qui s’évertue à fonder sa nouvelle espérance dans les technologies numériques mais nous nous éloignons en réalité sur les raisons qui conduisent le monde à se perdre dans cette folie d’un néo libéralisme dont la pierre angulaire est le matérialisme, la religion consumériste.

Je crois que Michel Onfray, s’il est certes savant, n’est cependant pas un sage, car s’il l’était, il serait nécessairement inquiet du délitement des relations, de l’affaissement de l’incarnation des relations, du souci de l’autre, qui font la beauté, le bien et le vrai dans notre univers où Dieu aurait finalement toute sa place, si l’homme voulait bien la lui accorder....

Michel Onfray lors d’une interview conduite par la journaliste Léa Salamé prétendait finalement que le christianisme est la ‘matrice du nazisme du fait qu’Adolf Hitler était catholique’, ce qui ne relève ni plus ni moins que d’une imposture intellectuelle. Les propos d’Hitler sur le christianisme, relevés par Martin Bormann et rapportés dans des propos de table ne laissent pas de doutes sur l’anti christianisme d’Adolf Hitler. Voici quelques paroles du dictateur citées par le Nazi Martin Bormann :

«Le coup le plus dur qui ait jamais frappé l’humanité fut l’avènement du christianisme. Le bolchevisme est un enfant illégitime du christianisme. Tous deux sont des inventions du Juif. C’est par le christianisme que le mensonge délibéré en matière de religion a été introduit dans le monde. Le bolchevisme pratique un mensonge de même nature quand il prétend apporter la liberté aux hommes, alors qu’en réalité il ne veut faire d’eux que des esclaves. Dans le monde antique, les relations entre les hommes et les dieux étaient fondées sur un respect instinctif. C’était un monde éclairé par l’idée de tolérance. Le christianisme fut la première croyance dans le monde à exterminer ses adversaires au nom de l’amour. Sa marque est l’intolérance.»

Cela ne fait donc aucun doute que le Nazisme est un anti christianisme, la décadence de l’Europe relève bel et bien de cet anti christianisme. Pourquoi donner autant dans la provocation et dans la polémique gratuite, quand on est un penseur, un ‘philosophe’…

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »Ne devrait-on pas rappeler à Michel Onfray que l’une des pierres d’angle de la foi Chrétienne est le respect de la personne. Le « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est la matrice de la dignité humaine, aux antipodes des religions mortifères et barbares. L’annonce de l’’évangile :  » Tu aimeras ton prochain comme toi-même « , mettait ainsi fin à la décadence de l’empire Romain.

L’annonce de l’Évangile a ainsi accompli une transformation des sociétés partout où la bonne nouvelle fut annoncée

L’annonce de l’Évangile a ainsi accompli une transformation des sociétés partout où la bonne nouvelle fut annoncée, opérant radicalement des changements de comportements chez ceux qui ont été touchés par le message de l’Évangile. L’Évangile a ainsi transformé les rapports entre les personnes en convertissant les cœurs, les conduisant vers la grâce libératrice, la dimension du pardon, la dimension que tout homme peut être relevé, se redresser et changer de vie quelle que fut sa condition, son arrière-plan. Le Dieu de l’Évangile change les cœurs et les touche en effaçant et gommant toutes les traces du passé en promettant à chacun qu’il est possible d’être restauré et de rebâtir une vie nouvelle. Il nous semble que cette lecture de l’évangile qui parle au cœur, ait échappé au Philosophe et c’est pourtant l’essence même de l’évangile même si nous en convenons, la religion en soi a pu parfois dénaturer le message du Fils de Dieu.

Le fait que le monde occidental soit né du message judéo-chrétien ne lie aucunement le message de l’évangile à la décadence de ce même monde.

C’est aujourd’hui le rejet de cette matrice « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » qui est de nature à accélérer le mouvement inverse et plonger ainsi l’Europe dans le crépuscule et la sénescence d’un abîme sans espérance et finalement conduire à la décadence de l’Europe.

L’auteur de cet article tient infiniment à remercier Bérengère Sériés pour sa lecture vigilante et ses contributions.


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